In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 14 décembre 2008

A.Aubrey Bodine - Jessie's coffee shop

Le vide-grenier du dimanche. 
Deux clichés du photographe et photojournaliste américain A. Aubrey Bodine (1906-1970). Engagé en 1923 au Baltimore Sunday Sun comme garçon de courses, il y entame sa carrière de photographe à partir de 1927 et va dès lors, pendant plus de 40 ans, documenter la vie et les traditions du Maryland.
A.A.B. - Journey's end (1950)

Son travail, à la croisée du documentaire et du pictorialisme, célèbre le quotidien, les paysages industriels, marins, ruraux ou urbains, mais toujours avec une attention précise à la beauté formelle, à la structure, aux textures.
Il considérait la photographie comme un art à part entière, qui exige patience et maîtrise technique, et il retouchait souvent ses tirages en chambre noire pour en affiner les contrastes.
Aubrey Bodine est considéré comme l'un des photographes les plus influents de sa génération, et Rob Hiaasen, un de ses collègues journalistes au Baltimore Sun, disait de lui ceci : Aubrey Bodine was a master photographer who had an extraordinary vision of beauty in ordinary things. " Il n'y a rien de plus extraordinaire que ce qui est ordinaire ", aurait dit Chesterton.

dimanche 7 décembre 2008

Victor de Budt - Le passeur (1929)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du belge Victor-Frans de Budt (1886-1965), dont j’ai découvert le travail un peu par hasard, mais avec assez d’intérêt pour vouloir le partager ici. Je sais peu de choses de lui, sinon que le déclenchement de la Première Guerre mondiale le poussa à fuir vers les Pays-Bas, en compagnie de Frits Van den Berghe et de Gustave De Smet. Il s’installe alors à Amsterdam, puis à La Haye. Mais, comme le disait Disraeli, « l’ignorance a ses bienfaits, qui sont qu’on a toujours quelque chose à apprendre ».

V.d B. - Soir d'hiver à Bruges
Dès ses premières expositions, sa peinture marque les esprits des critiques. Pourtant, peu médiatisé, il ne courtise ni les avant-gardes ni les cénacles. Il préfère le retrait : une œuvre silencieuse, souvent empreinte de spiritualité, dans une veine intimiste nourrie du symbolisme et de l’idéalisme belge de la fin du XIXe siècle. C'est, il me semble, ce qu'illustrent les deux tableaux que je présente ici.
Le journaliste Cornelis Karel Elout a écrit cette belle formule à son sujet : « De Budt sonde sous les surfaces troublées les profonds silences qui sont sous toute créature comme sous toute mer. Et toujours, c’est la petitesse de l’homme et de la chose contre la création qu’il nous fait voir et sentir. »

samedi 6 décembre 2008

Félix Thiollier - Un jour de neige (1899)
Une image et des mots. L'image est de Félix Thiollier, les mots sont de la poétesse amérindienne Joy Harjo (b.1951), de la nation Muskogee Creek.

All around the world
The wild horses are dancing
Bringing their grace
To this earth.
[.....]
The horses are dancing
To bring us back to life
To remind us of the freedom
That we have lost.

Their dance is a prayer
To the winds and the sun
To the earth and the sky
To the spirits of all things.

Their dance is a gift
To all of us
A reminder of the beauty
That lie within us all.

dimanche 30 novembre 2008

W.C. - Jug with bottles (1930s)
Le vide-grenier du dimanche. En ce jour anniversaire de sa naissance, deux oeuvres du Sunday painter anglais Winston Churchill (1874-1965).
Même s'il qualifiait ses tableaux de barbouillages, il a peint plus de 500 toiles, et les dernières jusqu'à un âge avancé, car la passion pour la peinture ne l'a jamais quitté. When I get to heaven I mean to spend a considerable portion of my first million years in painting.

W.C. - Trees near Breccles (1936)
Happy are the painters, for they shall not be lonely. Light and colour, peace and hope, will keep them company to the end, or almost to the end, of the day, écrit-il encore dans son petit essai Painting as a pastime, publié en 1948.
On raconte qu'à quelqu'un qui lui conseillait de tailler dans le budget des arts pour aider à l'effort de guerre il aurait répondu : "Mais alors, pourquoi nous battons-nous ?"

samedi 29 novembre 2008

Wayne Miller - Lovers (1957)
Une image et des mots. L'image, c'est ce cliché du photographe américain Wayne Miller.
Ont-ils trouvé chaussure à leur pied ?
Dans son commentaire au Cantique des Cantiques, Claudel nous dit ceci : "La chaussure est ce qui sépare le pied de la terre, qui l'exhausse, qui l'empêche d'être souillé par la boue et meurtri par l'obstacle. C'est de la foi, c'est de l'idée, c'est du ciel, qu'il faut nous mettre au pied si nous voulons assurer notre avancement".

Mais s'agit-il, chez Beckett, des mêmes chaussures, celles qu'Estragon tente désespérément d'enlever tant elles le font souffrir ? Ces souliers douloureux, il les enlève, les remets, les enlève encore... ; jusqu'à ce quelqu'un d'autre les trouve et lui laisse les siennes. Car chacun doit trouver chaussure à son pied et un monde à sa mesure...
" On trouve toujours quelque chose, hein Didi, pour nous donner l'impression d'exister ?"
LB1

ICI

dimanche 23 novembre 2008

H. Hartung - Sans titre (1955)

Le vide-grenier du dimanche. Deux toiles du peintre et photographe français d'origine allemande Hans Hartung (1904-1989), figure prééminente du monde artistique avant-gardiste de l'après-guerre, associée notamment au mouvement Art Informel.
Il raconte que très jeune, dès l'âge de six ans, il s'efforçait de reproduire sur son cahier d'écolier les zigzags des éclairs dès qu'ils apparaissaient, avant le coup de tonnerre, pour ainsi conjurer la foudre ; adolescent, il est fasciné par la photographie et l'astronomie et au lycée de Dresde il se passionne pour Rembrandt, Le Gréco et les expressionnistes allemands.

H. Hartung - Rayonnement (1962)
Dans les années 20, après des études de philosophie et d'histoire de l'art à Leipzig, il revient à Dresde pour y suivre l'enseignement de l'Académie des beaux-arts. Puis il part s'installer à Paris où il fréquente assidûment le Louvre. et découvre le travail des Surréalistes et des Expressionnistes abstraits.
En 1929 il épouse la peintre norvégienne Anna-Eva Bergman.
Pendant la Seconde guerre mondiale, hostile au nazisme, il rejoint la Légion Étrangère jusqu'à l'Armistice de 1940 puis s'installe dans le Lot. L'ensemble du territoire français étant finalement occupé, il passe clandestinement en Espagne en 1943 en franchissant les Pyrénées dans des conditions périlleuses. Arrêté et torturé par la police franquiste, il sera interné au camp de concentration de Miranda del Ebro où il enseignera l'histoire de l'art à ses codétenus.
Finalement libéré il se réfugie en Afrique du Nord et s'engage de nouveau dans la Légion Étrangère ; blessé au combat en 1944 dans la région de Belfort il devra être amputé de sa jambe droite. Hans Hartung sera naturalisé français en 1946, décoré de la croix de guerre, de la médaille militaire, et de la Légion d'honneur.
Pionnier de l'art gestuel caractérisé par des techniques expressives spontanées (éclaboussures, projections...) il exerce encore aujourd'hui une influence majeure et reste considéré comme l'un des artistes les plus importants de l'art abstrait du XXème siècle.
Art is not what you see, but what you make others see.

C.Ebbets - Lunch atop a skyscraper (1932) Une image et des mots. Pour aller avec ce cliché célébrissime, attribué à Charles Ebbets, voici q...