In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 6 juillet 2008

W. G. - Chant des hirondelles (nd)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de Wu Guanzhong (1919-2010), né dans la province côtière de Jiangsu. Considéré comme l'un des plus grands peintres chinois contemporains, il a su réconcilier la tradition millénaire de la peinture à l'encre avec les recherches modernes venues d'Occident.
Après des études d'ingénieur, il entre aux Beaux-Arts de Hangzhou, où il suit l'enseignement du grand Lin Fengmian, pionnier du dialogue entre arts chinois et occidentaux. En 1947, il part pour Paris et se forme à l'École nationale supérieure des beaux-arts, où il découvre Braque, Cézanne, Utrillo, Van Gogh.

Wu Guanzhong - Rizières (nd)
Dès lors, Wu Guanzhong passe sa vie à bâtir un pont entre deux mondes : celui de la calligraphie et de la peinture de paysage classique chinoise, et celui de l'abstraction lyrique et du modernisme européen.
Il disait : « La beauté est l’âme de l’art, l’émotion est son sang », et toute son œuvre semble tendre vers cet équilibre fragile, où le trait calligraphique ouvre les paysages familiers à l'abstraction. En montrant que la modernité pouvait s’ancrer dans des racines anciennes sans les renier, Wu Guanzhong a ouvert une voie nouvelle pour l’art chinois du XXᵉ siècle. Revenu en Chine en 1950, il ne cessera jamais de produire, malgré la condamnation de son travail par la Révolution culturelle.

samedi 5 juillet 2008

Tanja Jeremić
Une image et des mots. Les rêves que fait le ciel, disait je crois à peu près Chesterton à propos des nuages...

... et nous voilà lancés dans des rêveries sans fin. Nous les contemplons avec une sorte de vertige, comme si leur flottement avait le pouvoir de nous faire perdre l'équilibre, et leurs formes étranges et capricieuses évoquent des souvenirs enfouis au plus profond de notre être.
Marcel Proust, À la recherche du temps perdu (1913-1927)

L'image est de l'artiste serbe Tanja Jeremić.
GH1

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dimanche 29 juin 2008

Th. Le Clear - Newsboy (1853)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du portraitiste et peintre de genre américain Thomas Le Clear (1818-1882), formé à l'Académie des Beaux-Arts de Pennsylvanie.
Il excellait dans l'art du portrait - cet art subtil entre l'observation minutieuse et la créativité, disait Rembrandt -, et on lui doit notamment, parmi beaucoup d'autres, un très beau portrait du Président Ulysses S. Grant.

Th.L.C. - Young America (1863)
Mais il a également peint un bon nombre de scènes de genre, mettant le plus souvent en scène le monde de l'enfance, comme on le voit ici avec ces deux tableaux que j'aime particulièrement.
The aim of the true artist is not to give pleasure, but to awaken an emotion.

samedi 28 juin 2008

Paul Strand - Rebecca's hand (1923)
Une image et des mots. Pour accompagner ce beau cliché du photographe américain Paul Strand, sur qui il faudra que je revienne, j'ai choisi de faire appel à deux textes qui soient d'un couple.

Les êtres humains sont des êtres-pour-autrui. Leur être ne consiste pas seulement à exister pour eux-mêmes, mais aussi pour les autres. Nous sommes toujours en relation avec les autres, que ce soit de manière positive ou négative. Notre existence est déterminée par notre rapport aux autres, par notre désir de plaire, de faire plaisir, d'être aimé et reconnu. Et c'est précisément cette relation qui nous permet de nous réaliser en tant qu'individus, de nous découvrir nous mêmes et de donner un sens à notre vie. Sartre, Les Mots (1964).

Le sujet féminin, dans sa situation actuelle, est pris dans une contradiction insupportable : comment être tout à la fois objet et sujet, comment concilier les exigences de la chair et celles de la liberté, comment vivre son corps sans être prisonnière de son corps ? C'est cette question qui sous-tend tous les débats sur l'égalité des sexes, car l'égalité ne consiste pas seulement à accorder les mêmes droits et les mêmes privilèges, mais à reconnaître la dignité de l'autre en tant que sujet à part entière. C'est dans cette reconnaissance mutuelle que réside la possibilité de s'élever au-delà de la contradiction et de trouver une véritable union entre deux êtres humains, deux sujets libres et égaux. Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe (1949).

JR1
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dimanche 22 juin 2008

U. Oppi - Femme à la fenêtre

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'italien Ubaldo Oppi (1889-1942). Né à Bologne et élevé à Vicence, il est d’abord envoyé par son père en Allemagne pour apprendre le métier de bottier, mais il choisit de rester à Vienne où il étudie avec Gustav Klimt entre 1907 et 1909. Après un passage en Italie où il sert dans l'armée sur les côtes de l’Adriatique, il part à Paris fréquenter les milieux artistiques modernes. Il retourne à l'armée en 1915, quand il est mobilisé dans les Alpini (les chasseurs alpins italiens), et il participe à plusieurs combats, notamment au Monte Pasubio avant d'être fait prisonnier et interné à Mauthausen. 
U.O. - Paysage du Cadore

Après la guerre, il expose à Paris en 1921, puis revient en Italie où il devient l’un des fondateurs du groupe Novecento, un mouvement qui cherchait à renouveler la peinture classique à travers un style réaliste inspiré du Quattrocento. Oppi quitte cependant le groupe dès 1926. Son travail se distingue par une peinture claire, épurée, avec une forte influence de la Renaissance italienne. Vers la fin des années 1920, sa peinture devient plus sobre et marquée par une dimension religieuse, liée à sa conversion au catholicisme ; il réalise alors plusieurs retables et fresques dans des chapelles en Italie.
L'œuvre d' Ubaldo Oppi, à la fois classique et moderne, se caractérise par une grande rigueur formelle et une atmosphère apaisée, dans une recherche constante de simplicité et d’équilibre. La beauté, disait-il, est l'essence de l'art.

NY4 ICI