In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 25 août 2013

Picasso - Femme accroupie (1902)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de Picasso (1881-1973). La première, une huile sur toile, est bien sûr une oeuvre de sa période bleue, cette parenthèse mélancolique de trois ou quatre années en réaction au suicide de son ami Carlos Casagemas.

Picasso - Colombe (1949)

La seconde, c'est cette lithographie choisie par Aragon pour figurer en 1949 sur l'affiche du Congrès mondial des partisans de la paix.
Des colombes il y en aura beaucoup d'autres dans l'oeuvre de Picasso - qui prénomma sa deuxième fille Paloma -, et sur tous les supports. L'une des plus connues et reprises, peut-être, étant celle qui figurera en 1957 sur l'affiche du Comité d'aide aux victimes du franquisme.
CV1

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dimanche 18 août 2013

L. Model - Running legs, 5th Avenue (1940)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de la photographe documentaire américaine Lisette Model (1899-1983), figure essentielle de la photographie de rue au XXe siècle.
En 1918, âgée de 19 ans, elle entreprend d'étudier la musique avec Arnold Schönberg, puis elle part six ans plus tard à Paris pour y étudier le chant avec la soprano polonaise Marya Freund ; c'est là qu'elle rencontre son futur mari Evsa Model.

L.M. - Marilyn Monroe poster (1950)
Elle abandonne la musique en 1933 pour se tourner vers l'étude des arts visuels, étudiant d'abord la peinture avec André Lhote - que je compte présenter un jour ici -, puis la photographie.
C'est une fois mariée qu'elle émigre aux États-Unis, et le couple s'installe à New York où elle devient photographe professionnelle ; elle collabore régulièrement à Harper's Bazaar et devient membre de la Photo League. Comme son amie Berenice Abbott, Lisette Model enseignera la photographie à la New School for Social Research de New York, où elle aura comme élève Diane Arbus ; elle y restera jusqu'à sa disparition en 1983.
I photograph anything that moves me. I'm always looking for the moment that reveals something about human nature.

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samedi 17 août 2013

V. van Gogh - Champ de blé avec perdrix (1887)
Une image et des mots. Un tableau de van Gogh, dont le titre évoque parfois à tort une alouette, et des mots de Julien Gracq, extraits de Roof-garden, un des poèmes qui figurent dans le recueil Liberté grande (1946).

Avec le soir, les chaumes sont un reposoir où montent les fumées charmantes de la ville comme les corolles d'un bombardement de fête et de silence, et par les archères on voit le ciel écumer de nuages légers et les campagnes comme la poitrine d'une femme sous l'énorme chaleur.
[.....] et l'herbe folle au-dessus du fleuve frissonne sans cause comme l'épaule d'un cheval.
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dimanche 11 août 2013

M. White - Windowsill (1958)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Minor White (1908-1976). Tourmenté par une homosexualité qu'il voulait tenir secrète, à une époque où il craignait qu'elle pût porter préjudice à ses activités professionnelles, il s'adonne à l'écriture et entame un journal, "Memorable fancies", où il consigne poèmes et pensées tout en poursuivant tant bien que mal des études en botanique.

M.W. - Two barns and a shadow (1955)
Lorsqu'il se tourne vers la photographie, Minor White est influencé par Ansel Adams et sa théorie du Zone System : netteté rigoureuse, maîtrise des contrastes - chaque détail compte. Mais marqué aussi par l’abstraction lyrique, il ne cherche pas seulement à figer le réel, mais à en révéler les dimensions cachées. Ses photographies sont plus que des images : elles deviennent métaphores, signes d’un monde intérieur que les apparences dissimulent.
« Je photographie les choses non comme elles sont, mais tel que je suis. » 
Pour lui, photographier, c’est être attentif à ce qui se passe entre soi et le monde. On ne sait pas toujours ce que c’est, mais ce lien silencieux, cette impression juste, suffit. Plutôt que de capturer une image, il attend qu’elle se révèle ; chacune, selon lui, doit contenir une vie entière.
Dans cette quête de l’essence du monde, il rejoint Paul Klee, pour qui l’art consiste à « rendre visible l’invisible ». Pour Minor White, la lumière, les ombres, la fragilité du temps dessinent un ordre plus vaste, où chaque instant porte en lui l’éternité.
One does not photograph something simply for what it is, but for what else it is. [...] No matter how slow the film, Spirit always stands still long enough for the photographer It has chose.
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dimanche 4 août 2013

Paul Delvaux - Solitude (1955)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du belge Paul Delvaux (1897-1994), formé à l'Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles.
Après des débuts marqués par le postimpressionnisme, puis une période influencée par James Ensor, son compatriote expressionniste, c'est - comme pour Magritte -, la découverte de Giorgio de Chirico avec Mélancolie et mystère d'une rue qui oriente Paul Delvaux vers le surréalisme.

P. D. - Paysage aux lanternes
(1958)



Mais plutôt que de surréalisme, c’est de « réalisme magique » 
- comme chez Carel Willink (voir octobre 2010) - qu’on parle à propos de son œuvre, dont l’atmosphère est immédiatement reconnaissable. « Je voudrais peindre un tableau fabuleux dans lequel je pourrais vivre. »
Un monde de femmes nues, hiératiques, les yeux souvent grands ouverts mais absents. Un monde de villes silencieuses, peuplées de colonnes, de gares, de statues. « Je voulais peindre la poésie du silence. »
Chez Delvaux, tout semble figé - et pourtant on sent comme une tension sourde : quelque chose va, ou vient de se produire… mais quoi ? Mystère. « Je n’ai jamais voulu raconter quoi que ce soit. Je montre des choses. C’est tout. »
Il meurt à 97 ans, en 1994, en laissant derrière lui une œuvre immédiatement identifiable, à la fois onirique et rigoureuse, entre veille et sommeil.
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samedi 3 août 2013

Sebastiao Salgado - A desert on fire (1991)
Une image et des mots. L'image, c'est une photo prise par Salgado d'un puits de pétrole en feu, au Koweit.
Les mots sont de Marguerite Duras, et proviennent d'une interview donnée en 1986 au journal belge Le Matin, quelques jours après l'accident de Tchernobyl.

"Maintenant on pourrait presque enseigner aux enfants dans les écoles comment la planète va mourir,
non pas comme une probabilité mais comme l'histoire du futur.

On leur dirait qu'on a découvert des feux, des brasiers, des fusions,
que l'homme avait allumés et qu'il était incapable d'arrêter.
Que c'était comme ça, qu'il y avait des sortes d'incendies qu'on ne pouvait plus arrêter du tout.
Le capitalisme a fait son choix : plutôt ça que de perdre son règne
."

NY4 ICI