In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 29 mai 2011

Harold Steggles - Old Ford Road (1931)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du britannique Harold Steggles (1911-1971), membre avec son frère Walter, de trois ans son aîné, de l'East London Group..
Ce groupe d'une trentaine de peintres issus des classes laborieuses - dont beaucoup avaient fait très peu d'études (Harold Steggles par exemple quitte l'école à 14 ans, tout comme son frère Walter) -, est né au début des années 20 dans le quartier londonien de Bethnal Green, au Bow and Bromley Evening Institute, autour de John Cooper et Walter Sickert. 
Ce dernier était un peintre post-impressioniste très influencé par Degas et dont le nom sera plus tard associé à celui de Jack l'Éventreur, mais c'est une autre histoire...
H. Steggles - Warner Street (1935)

Le propos très novateur de ce groupe d'artistes autodidactes - des ouvriers et des dockers, un fumeur de haddocks, un champion de boxe laveur de carreaux, un garçon de courses -, est de révéler la beauté et l'humble dignité de lieux et de rues populaires, souvent ternes, maussades, loin des séduisantes scènes champêtres que privilégient d'ordinaire les peintres paysagistes. 
Aujourd'hui, et malgré une production très importante, ce mouvement qui très vite a joui d'un grand retentissement national et international est pourtant pratiquement oublié du public, et même de nombreux critiques d'art.
GI1
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dimanche 22 mai 2011

W. Bullock - Log and horsetails (1957)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe Wynn Bullock (1902-1975). Natif de Pasadena, en Californie, Wynn Bullock s'installe à New York pour y travailler dans la musique et est engagé comme chanteur dans la Music Box Revue d'Irving Berlin. Il part ensuite en Europe pour y poursuivre sa formation, et c'est alors qu'il vit à Paris qu'il découvre l'impressionnisme et le post-impressionnisme (voir l'atmosphère qui émane de certains de ses paysages), puis l'esthétique surréaliste de Man Ray.

W.B. - Chess game (1955)
De retour aux États-Unis il fait en 1948 une autre rencontre déterminante. Frappé par la beauté et la puissance des clichés d'Edward Weston, il s'intéresse à la doctrine de la straight photography, initiée par Alfred Stieglitz et Paul Strand : une photographie "pure", qui tend à représenter la réalité avec netteté, sans effets, en opposition donc au parti pris artistique du pictorialisme (ces trois photographes majeurs feront l'objet d'une publication).
Passionné de physique quantique et de philosophie, empreint d'une profonde spiritualité, il veut avec la photographie interroger le monde, y traquer l'invisible pour tenter de le révéler. "Mysteries lie all around us, even in the most familiar things, waiting only to be perceived ", et ailleurs "When I feel a rock is as much of a miracle as a man, then I feel in touch with the universe ".
SE1

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samedi 21 mai 2011

C. Hassam - Geraniums (c.1888)
Une image est des mots. Un tableau du peintre impressionniste américain Childe Hassam (1859-1935), à qui je consacrerai bientôt une publication.
Pour aller avec, voici quelques lignes extraites d'Hypérion, du poète romantique allemand Friedrich Hölderlin (1770-1843).

Son coeur était chez lui parmi les fleurs, comme s'il eût été l'une d'elles. [.....] Cette vérité est éternelle et universelle : plus une âme a d'innocence et de beauté, plus elle est familière de ces autres existences que l'on prétend sans âme.
GL1

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dimanche 15 mai 2011

Tamiko Nishimura - du triptyque Ultimate (1971)
Le vide grenier du dimanche. Deux clichés de la japonaise Tamiko Nishimura (b.1948), connue pour son approche expérimentale et avant-gardiste de la photographie.
Née à Dalian, en Chine, elle a grandi à Tokyo où elle a fréquenté une école d'art avant de commencer sa carrière de photographe. Nishimura, qui était l'une des rares femmes photographes dans le Japon de l'après-guerre, faisait partie du groupe de photographes VIVO, fondé en 1957 et qui cherchait à redéfinir la photographie comme forme d'art, et plus seulement comme un simple moyen de documentation.

T. N. - Shibetsu, Hokkaido (c.1970)
La photographie est une forme d'art qui peut transcender les limites de la réalité. Je veux utiliser cette puissance pour capturer l'essence de la vie et la beauté du monde qui nous entoure.
Je photographie pour faire connaître le monde que je ne vois pas. Et j'essaie de le rendre visible.

La première photographie, très belle, est aussi très étrange. Cette main,  qui ne semble pas à la même distance de l'objectif que le visage, est-ce bien la main droite de cette jeune femme qui, dos au vent, veut ramener ses cheveux derrière son oreille ?
HN1
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dimanche 8 mai 2011

A. Stevens - Mappemonde
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du belge Alfred Stevens (1823-1906), élève d'Ingres et ami de Manet, aussi brillant dans la peinture de la belle société du Second-Empire que dans la représentation de la pauvreté (voir "C'est ce qu'on appelle le vagabondage", que l'on peut admirer au Musée d'Orsay).
Au faîte de la célébrité, à l'abri de toutes les contingences et alors que rien ne l'y obligeait, il demande au maire de Paris l'autorisation de s'engager dans la Garde Nationale pour combattre au côté de ses amis français lors du siège de Paris, en 1870.
" Je suis à Paris depuis vingt ans, j'ai épousé une parisienne, mes enfants sont nés à Paris, mon talent, si j'en ai, je le dois en grande partie à la France."

A.S. - Symphonie en vert
(1892)
Ces deux femmes ont reçu une lettre. Le premier tableau, "Mappemonde", porte aussi le titre de "Nouvelles de l'absent". Le pli qui contenait la lettre a été décacheté à la hâte par des mains fébriles. La destinataire l'a laissé choir, et son regard se perd maintenant dans de lointaines géographies.
Elle est pensive, comme l'est aussi la dame en vert, qui regarde sans le voir l'oiseau posé à sa fenêtre.
La rêverie, nous dit Flaubert dans Madame Bovary, c'est une chambre d'écho où l'âme fait vibrer les sons lointains qu'elle y a entendus, mais c'est aussi une impasse où elle se perd, et où, si elle s'attarde, elle finit par se dissoudre.

GV1
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samedi 7 mai 2011

Anon. - Trip to Mars, Carnival Circus (1911)
Une image et des mots. Que penser devant cette baraque de foire qui promet un voyage sur Mars pour quelques cents ? Métaphore du désir d’évasion et de connaissance, ou au contraire illustration d’une illusion qui maintient les foules dans un rêve inaccessible ?
Kant, dans son essai Qu’est-ce que les Lumières ? (1784), invite l’humanité à sortir de sa "minorité", cet état d’aveuglement intellectuel où l’on préfère croire ce que l’on nous propose plutôt que d’exercer notre raison.
Cette attraction foraine pourrait alors symboliser le choix fondamental qui s’offre à chacun d'entre nous : 
se laisser séduire par l’illusion ou chercher la vérité en faisant usage de son esprit critique.

Mais voilà que j'entends crier de tous côtés : " Ne raisonnez pas ! " L'officier dit : " Ne raisonnez pas, faites vos exercices ! " Le percepteur : " Ne raisonnez pas, payez ! " Le prêtre : "Ne raisonnez pas, croyez ! " [...] Les lumières se définissent comme la sortie de l'homme hors de l'état de minorité, où il se maintient par sa propre faute. La minorité est l'incapacité de se servir de son entendement sans être dirigé par un autre. Elle est due à notre propre faute quand elle résulte non pas d'un manque d'entendement, mais d'un manque de résolution et de courage pour s'en servir sans être dirigé par un autre. "Sapere aude !" Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Voilà la devise des lumières.

dimanche 1 mai 2011

Laurent de la Hyre
Saint Pierre guérissant les malades
(1635)

Le vide-grenier du dimanche. Le 1er mai de chaque année, de 1630 à 1730 à l'exception de 1683 et de 1694, la Confrérie des Orfèvres a offert un tableau à Notre-Dame, en hommage à la Vierge Marie : ce sont les Mays de Notre-Dame-de-Paris.
Elle a pour cela fait appel à toutes les figures majeures de la peinture française du XVIIe dont certains grands noms figurent plusieurs fois dans la liste des heureux élus. 

Eustache le Sueur
Le prêche de saint Paul
(1649)
C'est le cas de Laurent de la Hyre (1606-1656), dont j'ai choisi ici Saint Pierre guérissant les malades de son ombre, qui a été sollicité deux fois, en 1635 et 1637.

À une époque où les musées n'existaient pas, recevoir une commande était un honneur très convoité par les maîtres du Grand Siècle, pour la visibilité exceptionnelle que l'exposition à Notre-Dame donnait à leurs oeuvres.

A.M. - Vieux coeur de frêne Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe français Albert Monier (1915-1998), un de ceux dont l’œ...