In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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samedi 4 mars 2023

Sohei Szincza - Contact (2017)
Une image et des mots. Une photographie du polonais Sohei Szincza (b.1969) et quelques mots d'Alain Badiou extraits de sa conversation avec Nicolas Truong, publiée chez Flammarion en 2009 dans la collection Café Voltaire sous le titre Éloge de l'amour.

Si, appuyé sur l'épaule de celle que j'aime, je vois, disons, la paix du soir sur un lieu montagnard, la prairie d'un vert doré, l'ombre des arbres, les moutons au museau noir immobiles derrière les haies et le soleil en train de s'absenter derrière les rochers, et que je sais, non par son visage, mais dans le monde même tel qu'il est, que celle que j'aime voit le même monde, et que cette identité fait partie du monde, et que l'amour est justement, en ce moment même, ce paradoxe d'une différence identique, alors l'amour existe et promet d'exister encore. [...] L'amour est toujours la possibilité d'assister à la naissance du monde.
CS2

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dimanche 26 février 2023

L.M. - Pêcheurs en hiver

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre allemand Ludwig Munthe (1841-1896). Né en Norvège, il suit d'abord à Bergen l'enseignement de Franz Schiertz, avant de s'installer à Düsseldorf où il sera à la Kunstacademie l'élève du peintre paysagiste Albert Flamm ; c'est à cette École de Düsseldorf que Munthe est communément rattaché.

L.M. - Paysage d'hiver (1863)
Ludwig Munthe est avant tout un peintre de paysage avec staffage, et les personnages paraissent donc souvent secondaires dans un grand nombre de ses compositions ; c'est une des raisons pour lesquelles j'aime particulièrement cette représentation de pêcheurs au rivage.

dimanche 19 février 2023

K. Sluvan - Lettonie (2002)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe franco-slovène Klavdij Sluban (b.1963).
Né à Paris, il passe son enfance dans un petit village slovène et revient en France pour ses études secondaires. Après une maîtrise en littérature anglo-américaine, il profite d'une bourse pour l'agrégation pour séjourner un an en Italie.
Il se passionne pour la photographie dès l'adolescence et l'apprend en autodidacte avant d'effectuer un stage de tirage noir et blanc chez Georges Fèvre, assistant personnel de Cartier-Bresson, Koudelka, Doisneau et Lartigue.

K. Sluvan - Ukraine (1998)
Il se réinstalle un temps avec sa femme et ses enfants dans la campagne slovène, y traduit de la poésie, avant de devoir repartir à cause de la guerre en Yougoslavie et de la sécession de la Slovénie. C'est à son retour en France qu'il décide de se consacrer définitivement à la photographie.
Pour comprendre ce qui se passe dans son pays d'origine, il repart vers les zones de combat mais n'y prend aucun cliché : Je voulais comprendre, mais je n'ai pas compris pourquoi un homme saisit un fusil et court tuer son voisin. Parce que c'était ça, la guerre en Yougoslavie, qui a été déclarée un beau jour, par une belle matinée ensoleillée. Voilà, je n'étais pas reporter de guerre. Il y avait certaines photographies que je pouvais faire, et d'autres que je ne pouvais pas. (in La nouvelle chambre claire)".
Photographe indépendant, sac au dos et n'appartenant à aucune agence, il voyage seul - à l'exception d'un voyage dans les Balkans avec François Maspéro -, sans rechercher le sensationnel.
Ce qui est important pour moi dans la photo, c'est la trace qu'elle laisse en moi.
En 1995, il anime un atelier dans le Centre des jeunes détenus (CJD) de Fleury-Mérogis, et invite Henri Cartier-Bresson à l'exposition de leur travail ; celui-ci viendra encourager les jeunes détenus à l'occasion de plusieurs rencontres. Suite à cette première expérience, Klavdij Sluban a créé des ateliers-photo pour jeunes détenus dans de nombreux pays de l'ex-URSS et en Serbie, puis en Irlande, ainsi qu'au Guatemala et au Salvador auprès des gangs de Maras.

TN3
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samedi 18 février 2023

Anonyme Souabe
Portrait de femme de la famille Hofer (c.1470)
Une image et des mots. Que fait cette mouche, née de la décomposition et créature de Belzébuth, prince des démons, sur la coiffe de cette belle dame ?
On la retrouve sur le Portrait d'un Chartreux, de Petrus Christus.

Maybe there is a beast, maybe it's only us...
Je pense au magnifique, et terrible, Lord of the Flies (1954) de William Golding, traduit en français sous le titre Sa Majesté des Mouches.

- Oui, c'était comme ça au début, répliqua Ralph, avant que les choses... Il s'interrompit.
- Au début, on s'entendait.
L'officier l'encouragea du menton.
- Oui, je comprends. La belle aventure. Des Robinsons...
Ralph fixa sur lui des yeux vides. Il se remémora dans un éclair le charme étrange qui avait autrefois baigné cette plage. Mais l'île n'était plus qu'un amas de bois mort, calciné. [...] Les larmes lui jaillirent des yeux et des sanglots le secouèrent. [.....] Ralph pleurait sur la fin de l'innocence, la noirceur du coeur humain...

dimanche 12 février 2023

J-P. B. - Jesus and Mary, Dublin (2019)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Joseph-Philippe Bevillard (b.1964). Né à Boston, aux États-Unis, il vit en Irlande depuis 2000.
Il se met à la photographie en 1984, à l'âge de 20 ans, et dès 1985 il va étudier l'art pendant deux ans au Rochester Institute of Technology de New York, puis deux ans encore, à partir de 1990, à l'Art Institute de Boston.

J-P.B. - Biddy, Tipperary (2020)
Bevillard, qui parmi ses influences cite Diane Arbus, Richard Avedon, Brassaï, August Sander, ou encore Paul Strand, s'intéresse aux gens "pas comme les autres", les fêtards, les exclus, les gens de la rue et les marginaux. Au début des années 2000 il s'envole pour l'Europe et s'installe en Irlande où il va documenter la vie des gens du voyage, les Tinkers, ou Mincéirs, avec la volonté de montrer ce qu'il appelle des "images honnêtes".
Les photographies de Bevillard sont remarquables par leur authenticité et leur humanité : il parvient à capturer la dignité, les émotions et la réalité quotidienne de ses sujets sans aucun artifice, tout en valorisant leur singularité et leur résilience. Il a passé des années à gagner la confiance de cette communauté souvent stigmatisée, ce qui lui permet de réaliser des portraits empreints d'une rare intimité.
"Je crois qu'un bon portrait doit être en mesure de montrer ce qu'une personne a été, ce qu'elle est, et ce qu'elle sera".

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