In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 20 février 2022

Joichi Hoshi - Tree blue (1972)

Le vide-grenier du dimanche. Deux gravures sur bois du japonais Joichi Hoshi (1913-1979). Né au nord de l'île de Honshu, il s'installe avec sa famille à Taïwan (alors sous domination de l'empire japonais), où il obtient en 1932 son diplôme dans une école normale. En 1946, après son rapatriement, il découvre la gravure grâce à son travail dans un atelier d'impression, en commençant par la sérigraphie, une technique qui lui permet de remporter dès 1949 un prix de l'Association japonaise de la gravure, dont il deviendra membre en 1952.
Par la suite il va s'intéresser à la gravure sur bois, qu'il étudie à l'université d'arts de Musashino d'où il sort diplômé en 1956. À partir de 1959, il expose à la Biennale internationale de gravure de Tokyo avec des œuvres abstraites s’inscrivant dans le style dominant du "Sosaku Hanga" de l'époque. Durant cette période, il enseigne également la calligraphie.

Joichi Hoshi - Dawn

À partir de 1964, il change progressivement de sujet pour explorer les étoiles et les constellations, adoptant un style intensément expressionniste, et explorant de manière de plus en plus personnelle les possibilités de la gravure sur bois. Sa série de "Constellations" (1964-1967) comprend finalement quarante-deux estampes. Mais c'est à la fin des années 1960 qu'il découvre son thème final et définitif, celui des arbres, en revenant à un naturalisme détaillé d’une complexité technique éblouissante, souvent enrichi d’or, d’argent et de couleurs vives. Ses gravures d’arbres, considérées comme des méditations visuelles qui reflètent un respect profond pour le monde naturel, totaliseront 163 feuilles, ce qui représente près de la moitié de toute sa production graphique. Aujourd’hui, ses œuvres sont très prisées et apparaissent dans de nombreuses collections et expositions à travers le monde, marquant son influence durable dans le domaine de la gravure japonaise moderne.

FS7
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dimanche 13 février 2022

Pirkle Jones - Untitled (1961)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe documentaire américain Pirkle Jones (1914-2009). 
Il s'initie à la photographie à l'âge de 17 ans avec un Kodak Brownie, et après la guerre, à laquelle il participe aux îles Fidji et dans les Philippines, il entre au premier cours de photographie proposé par la California School of Fine Arts. Il y rencontrera, parmi les formateurs, des artistes majeurs qui vont l'aider à développer ses compétences : Ansel Adams, dont il sera l'assistant pendant 6 ans (voir avril 2010), Dorothea Lange (mars.2013), Edward Weston (jan.2012 et fév.2014), ou encore Minor White (août 2013 et sept.2019).

P. Jones - Cowboy, Arizona (1957)




L'oeuvre de Pirkle Jones, riche en résonnances sociales et politiques, s'appuie sur un style qui s’inspire à la fois de l’approche artistique d'Adams et du regard documentaire engagé de Dorothea Lange. Une de ses œuvres les plus emblématiques est Death of a Valley (1956), une collaboration avec Lange qui documente le déplacement des communautés locales et la transformation des paysages pendant la construction du barrage de Monticello dans la Napa Valley.
Cette série souligne le coût humain et écologique du développement urbain en milieu rural.
Jones décrivit plus tard ce projet avec Lange comme « l'une des expériences photographiques les plus significatives de sa vie."
De son travail, que Bruce Weber comparait à l'écriture de John Steinbeck, Ansel Adams dira aussi ceci : sa photographie n'est pas flamboyante, elle ne repose pas sur des stimuli superficiels.  Pirkle Jones est un artiste au meilleur sens du terme ; ce qu'il exprime est autant en résonance avec le monde extérieur qu'avec les réactions de sa personnalité.

dimanche 6 février 2022

A.H. Thayer - Angel (1887)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'américain Abbott Handerson Thayer (1949-1921), élève pendant quatre ans de Jean-Léon Gérôme à l'École des Beaux-Arts de Paris.
La seule chose qui nous manque sont des anges, écrit Henri Miller (directement en français), dans son petit livre J'suis pas plus con qu'un autre (1980). Dans ce vaste monde il n'y a pas de place pour eux. D'ailleurs, est-ce que nous avons des yeux pour les reconnaître ? Peut-être que nous sommes entourés par les anges sans le savoir...

A.H.T. - Roseate spoonbills (c.1905)
Thayer aime les animaux et les anges, il peint les créatures délusoires du ciel et de la terre... Et il est, avec son fils Gerald, l'auteur d'un livre sur le camouflage dans le monde animal, publié en 1909.
Sans aucun doute, ma passion de toujours pour les oiseaux m'a poussé à intégrer des ailes dans mes tableaux.
Mais j'ai surtout représenté des ailes probablement plus pour symboliser une atmosphère exaltée (au-delà du domaine de la peinture de genre) où l'on n'a pas besoin d'expliquer l'action des personnages.

samedi 5 février 2022

Bert Hardy - The Gorbals, Glasgow (1948)
Une image et des mots.
Ce cliché fait partie de la très belle série documentaire que le photographe anglais Albert Hardy (voir février 2016) a consacrée en janvier 1948 aux Gorbals, un quartier misérable et populeux de Glasgow. Ce quartier dont l'histoire remonte au moins au 13e siècle était à l'origine un petit village près d'un pont sur la rivière Clyde.
Au 19e siècle, il était fortement industrialisé et attirait une population diverse, y compris de nombreux réfugiés juifs fuyant les persécutions en Europe de l'Est​.
Les mots pour aller avec sont extraits du Traité de la réforme de l'entendement (1662), de Spinoza.

Quand l'expérience m'eut appris que tous les événements ordinaires de la vie sont vains et futiles, voyant que tout ce qui était pour moi cause ou objet de crainte ne contenait rien de bon ni de mauvais en soi, mais dans la seule mesure où l'âme en était émue, je me décidai en fin de compte à rechercher s'il n'existait pas un bien véritable et qui pût se communiquer, quelque chose enfin dont la découverte et l'acquisition me procureraient pour l'éternité la jouissance d'une joie suprême et incessante.
MA5

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dimanche 30 janvier 2022

Karl Holtz - Rue de Berlin (1920)

Le vide-grenier du dimanche. Deux illustrations du dessinateur, graveur, et caricaturiste allemand Karl Holtz (1899-1978), formé par le peintre Emil Orlik et le graphiste Ludwig Sütterlin à l'Institut de formation du Musée des arts appliqués de Berlin. Particulièrement actif pendant la République de Weimar et après, il est surtout connu pour ses caricatures politiques et ses illustrations satiriques, dans lesquelles il dénonçait les injustices sociales et les dérives politiques de son époque.
Pendant la révolution de Novembre, qui ouvre la voie à la République de Weimar, il publie ses dessins de presse dans les journaux The Red Flag et Die Aktion.
Ses œuvres, souvent publiées dans des journaux et magazines critiques de la société allemande, reflétaient une vision dissidente et acerbe du contexte politique d'alors, en particulier face à la montée du nazisme. 

K.H. - Scène de rue à Berlin (1924)
L’arrivée des nazis au pouvoir en 1933 entraîna une interdiction professionnelle qui l'empêcha de travailler comme illustrateur de presse ; il se tourna alors vers des travaux de graphisme publicitaire. En 1937, lors de l'opération de confiscation d’« art dégénéré », douze de ses lithographies furent saisies dans des musées de Dortmund et Gelsenkirchen, certaines étant détruites.
Après la guerre, Karl Holtz s'installa en Allemagne de l'Est, où il participa à la publication du magazine Ulenspiegel et continua à créer des œuvres qui témoignaient de sa perspective anti-fasciste et de son engagement social.
Lorsque le magazine satirique suisse Nebelspalter publia une de ses caricatures de Staline, il fut arrêté. En 1949, un tribunal militaire soviétique le condamna à 25 ans de prison, peine qu’il purgea à la prison de Bautzen. Le 25 juillet 1956, il fut libéré par grâce, bien qu’il n’ait pas été réhabilité à ce moment-là. 
Bien qu'il ne soit pas aussi célèbre que certains de ses contemporains, son travail demeure une part importante de l'histoire de l'art politique allemand du XXe siècle.

JM1 ICI