CL1 |
In girum imus nocte et consumimur igni
dimanche 8 décembre 2019
samedi 7 décembre 2019
Villeglé - L'alphabet de la guerrilla (1983) |
Les mots sont de Babouillec :
«Je suis Babouillec très déclarée sans parole. Seule enfermée dans l’alcôve systémique, nourricière souterraine de la lassitude du silence, j’ai cassé les limites muettes et mon cerveau a décodé votre parole symbolique : l’écriture».
«Je suis Babouillec très déclarée sans parole. Seule enfermée dans l’alcôve systémique, nourricière souterraine de la lassitude du silence, j’ai cassé les limites muettes et mon cerveau a décodé votre parole symbolique : l’écriture».
Et ailleurs...:
«Vingt
fois sur le métier je remets l'ouvrage d'être en vie dans une carapace pénétrée
par le mystère de la fabrique de nos petites vies usées par ce combat stérile
de l'appartenance. J'ai rebroussé chemin pour me raconter.
J'appartiens à une
espèce en voie d'apparition, dépourvue du sens social sécuritaire, bannissant
les codes interrompant les accès aux mystères de la vie. Une espèce fantaisiste
où règne un désordre tonitruant. Équipée de codes indéfinissables brouillant
les radars des formats en tout genre, j'appartiens à cette espèce étrange qui
ne rentre nulle part, qui ouvre la passerelle des impossibles en torturant les
repères sociaux. J'observe sans relâche les codes d'appartenance et je défie
les pièges à la pensée.» [.....] «Je suis arrivée dans ce jeu de quilles comme
un boulet de canon, tête la première, pas de corps aligné, des neurones
survoltés, une euphorie sensorielle sans limites. Les oreilles stand-by à la
jacasserie humaine, les mains et les pieds sens dessus dessous, les yeux dans
les yeux de moi-même.».
Hélène Nicolas, dite "Babouillec", est
autiste et ne parle pas; elle a publié Algorithme éponyme chez
Rivages.
dimanche 1 décembre 2019
Emeric Feher - Les chaises, Paris (1934) |
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe français Émeric Feher (1904-1966) d'origine hongroise comme Brassaï ou Kertesz.
Immigré en France dans les années 20, il est rapidement embauché chez Peugeot puis chez Citroën comme ouvrier-tourneur. Puis, en 1930, il va entrer comme électricien au studio typographique Deberny et Peignot où il rencontre Maurice Tabard puis Maurice Cloche qui l'encouragent et l'initient à la photographie.
E.F. - Solitude, Paris (1934) |
Mais c'est surtout à partir de 1933, quand il rejoint le studio de René Zuber qu'il va vraiment s'investir dans une démarche personnelle, s'attachant à documenter le simple quotidien de son pays d'adoption et des hommes qui y vivent et travaillent.
Reliant le réalisme à l'humanisme, dira de lui l'historien de la photographie Pierre Borhan, Feher sait capter la pureté d'une ligne, la grâce d'une forme, et avec chaleur, avec même une certaine innocence, la saveur de la vie.
dimanche 24 novembre 2019
R.F. - The Americans |
R.F. - The Americans |
Il est justement célébré pour sa série The Americans, un projet dans lequel il s'était lancé sur les conseils de Walker Evans et pour lequel, de 1955 à 1957, il a sillonné l'Amérique avec femme et enfants. Robert Frank s'y distingue par la spontanéité d'une photographie qui capture l'essence de la vie et de la culture américaine des 50s et 60s, s'attachant le plus souvent à documenter la vie des marginaux et des laissés-pour-compte, notamment les afro-américains et les Amérindiens. Cette série de 84 clichés, qui est considérée comme ayant révolutionné l'art de la photographie documentaire, a fait l'objet d'une publication en France en 1958, sous le titre Les Américains.
"Of all the photographs in The Americans, I think there were only two or three photographs where I did talk to the person, but most of the time I was completely silent, walking through the landscape, through the city, and photographing and turning away. Well, that is my temperament, to be silent, just looking on..."
dimanche 17 novembre 2019
Mike Worrall - Pink shirt |
En ce qui concerne Mike Worrall, beaucoup de ses tableaux - la plupart à vrai dire - me laissent indifférent. Mais pas ces deux-là.
J'aime leur composition, et j'aime les histoires qu'ils me permettent de me raconter. Un homme élégant sur un monocycle - accessoire de cirque - dans une rue lugubre ; et une blonde fatale, dans une ville qui semble à l'abandon (mais le bar est bondé)... Est-elle descendue de cette splendide Hudson Hornet qui s'éloigne en laissant derrière elle un chat écrasé ?
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