In girum imus nocte et consumimur igni

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samedi 2 novembre 2013

Sappho (fresque de Pompéi)
Une image et des mots. Aujourd'hui, quand seuls quelques fragments de son oeuvre nous sont parvenus, il peut nous être difficile de mesurer à quel point la renommée de la poétesse Sappho (c.630-580 av. J.-C.), était à son époque immense ; comparable alors - dit-on -, à celle d'Homère. Cette fresque qui la représente un stylet à la main, réalisée au 1e s. après J.-C. a été découverte dans une villa de Pompéi.

Vase de Vari








Le vase, lui, date de 440-430 av. J.-C. et a été découvert à Vari, près d'Athènes où il est conservé.
On y voit Sappho, assise et qui déclame ses poèmes à un groupe de jeunes filles; elle tient à la main un rouleau sur lequel on peut lire :"J'écris mes vers avec de l'air..."
Sur ce mystère qu’est la naissance du poème, voici ce que dit, dans La trace du papillon (Actes Sud), le poète palestinien Mahmoud Darwich (1942-2008) :

Le deuxième vers.

Le premier vers est le don de l’invisible au talent. Quant au deuxième, il peut être poésie ou déception.
Le deuxième vers est le combat de l’inconnu et du connu. L’absence de signaux sur les routes,
un lieu rempli d’oppositions car tout possible est possible et il est la perplexité de la créature imitant le créateur.
Qui du mot ou de celui qui le dit mène l’autre ?
Le deuxième vers n’est pas donné.
Il se fabrique avec le savoir-faire de qui sait apprivoiser l’invisible.
Car tu vois et ne vois pas tant est forte l’ambiguïté entre lumière et obscurité.. […..]
Le possible est une forêt. Au tronc de quel arbre adosseras-tu ton imagination, à quelle bête échapperas-tu ?

dimanche 20 octobre 2013

John Constable - The hay wain (1821)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre anglais John Constable (1776-1837), profondément épris des beautés de sa campagne, d'une nature opulente et des éléments qui la façonnent. Fils de meunier, il ne s’est jamais vraiment éloigné des paysages de son enfance dans le Suffolk, ce qu’il appelait sa « chère vieille Angleterre ».
"J'aime chaque haie, chaque tronc d'arbre, chaque ruelle de mon village, et tant que ma main pourra tenir un pinceau, je ne me lasserai pas de les peindre."

J.C. - Hove Beach (1824)
Formé à la Royal Academy de Londres, il résiste pourtant à l’académisme de son temps. Chez lui, pas de ruines antiques ni de pastorales idéalisées : juste la lumière qui passe à travers les nuages, l’eau qui clapote doucement sur les barques, et l’herbe qui frissonne au bord des chemins. Constable peint ce qu’il voit, ce qu’il aime, et ce qu’il connaît ; il disait que la peinture de paysage était « la branche la plus noble de l’art »
Delacroix est enthousiaste; dans une de ses lettres au critique et historien de l'art Théophile Sylvestre, il écrit : "Constable est une des gloires anglaises. C'est un véritable réformateur, sorti de l'ornière des paysagistes anciens."
Le premier tableau est l'une des restitutions les plus célèbres d'un paysage anglais. Au loin, des bêtes paissent, dans l'éclaircie et l'ombre mobile des nuages, dont on perçoit dans l'eau le reflet fugitif et dont Constable parlait comme du phénomène le plus insaisissable au monde. Ici, ils semblent poussés de la gauche du tableau par un vent d'altitude qu'on imagine puissant et doux; les vêtements sont légers.
Le second..., quelle lumière ! Sous l'amoncellement de nuages la mer est agitée; elle semble - pour reprendre les mots de Camus dans La Peste - témoigner de ce qu'il y a d'inquiétant et de jamais reposé dans le monde. Quelques années plus tard, Caspar David Friedrich peindra son Moine au bord de la mer. Mais ça, c'est une autre histoire...

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samedi 19 octobre 2013

Eloïse Capet - The white dresses (2013)

Une image et des mots. L'image, c'est un cliché iPhone de la photographe Éloïse Capet, et les mots pour aller avec sont extraits des Frères Karamazov, de Dostoïevski.

- Je pense que chacun en ce monde devrait apprendre, avant tout, à aimer la vie.
- Aimer la vie plutôt que chercher à la comprendre ?
- C'est cela, aimer la vie sans souci de la logique, comme tu l'as dit. C'est ainsi seulement qu'on finit par en découvrir le sens.

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dimanche 13 octobre 2013

Harriet Backer - Intérieur bleu (1883)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'artiste norvégienne Harriet Backer (1845-1932), une des figures majeures de la peinture scandinave, célébrée pour ses intérieurs intimes et sa maîtrise de la lumière.
D'abord formée, entre 1860 et 1862, auprès de Johan Fredrik Eckersberg à l’école qu’il fonde à Oslo, elle séjourne quelques années à Berlin et à Weimar avant de partir en Italie, en 1870, où elle s’initie à la copie des Maîtres anciens.
Enfin, en 1874, elle poursuit ses études à Munich, où elle découvre le thème des intérieurs sous la direction de Lambert Linder et d’Eilif Peterssen.

H. Backer - Chez moi (1887)

Mais c’est à Paris, où elle réside pendant dix ans, que l'art d'Harriet Backer atteint sa pleine maturité. Sous l’influence de maîtres comme Jean-Léon Gérôme, Jules Bastien-Lepage, Léon Bonnat et Léon Germain Pelouse, elle embrasse les courants contemporains et s’oriente progressivement vers l’impressionnisme.
Cette immersion dans l’avant-garde française transforme sa manière de traiter la lumière, qu’elle utilise avec une grande finesse pour créer des ambiances intimes et délicates, comme en témoignent les deux tableaux que j'ai choisi de présenter.
L’héritage de Harriet Backer repose sur cette capacité à marier les principes de la tradition classique à une sensibilité très moderne : elle sublime ainsi des scènes du quotidien, qu'elle transcende en œuvres pleines de poésie et de profondeur.
Parallèlement à sa carrière artistique, Harriet Backer a joué un rôle majeur en tant qu’enseignante auprès de nombreuses femmes artistes. Par cet engagement, elle a contribué de façon significative à élargir les horizons des femmes dans le monde des arts, ce qui ajoute encore à la place prépondérante qu'elle occupe dans l’histoire artistique scandinave.

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