In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 18 août 2013

L. Model - Running legs, 5th Avenue (1940)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de la photographe documentaire américaine Lisette Model, née Stern (1899-1983).
En 1918, âgée de 19 ans, elle entreprend d'étudier la musique avec Arnold Schönberg, puis elle part six ans plus tard à Paris pour y étudier le chant avec la soprano polonaise Marya Freund ; c'est là qu'elle rencontre son futur mari Evsa Model.

L. M. - Marilyn Monroe poster (1950s)

Elle abandonne la musique en 1933 pour se tourner vers l'étude des arts visuels, étudiant d'abord la peinture avec André Lhote - que je compte présenter un jour ici -, puis la photographie.
C'est une fois mariée qu'elle émigre aux États-Unis, et le couple s'installe à New York où elle devient photographe professionnelle ; elle collabore régulièrement à Harper's Bazaar et devient membre de la Photo League. Comme son amie Berenice Abbott, Lisette Model enseignera la photographie à la New School for Social Research de New York, où elle aura comme élève Diane Arbus ; elle y restera jusqu'à sa disparition en 1983.
I photograph anything that moves me. I'm always looking for the moment that reveals something about human nature.
RB1

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samedi 17 août 2013

V. van Gogh - Champ de blé avec perdrix (1887)
Une image et des mots. Un tableau de van Gogh, dont le titre évoque parfois erronément une alouette, et des mots de Julien Gracq, extraits de Roof-garden, un des poèmes qui figurent dans le recueil Liberté grande (1946).

Avec le soir, les chaumes sont un reposoir où montent les fumées charmantes de la ville comme les corolles d'un bombardement de fête et de silence, et par les archères on voit le ciel écumer de nuages légers et les campagnes comme la poitrine d'une femme sous l'énorme chaleur.
[.....] et l'herbe folle au-dessus du fleuve frissonne sans cause comme l'épaule d'un cheval.
IO1

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dimanche 11 août 2013

M. White - Windowsill (1958)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Minor White (1908-1976). Tourmenté par une homosexualité qu'il voulait tenir secrète, à une époque où il craignait qu'elle pût porter préjudice à ses activités professionnelles, il s'adonne à l'écriture et entame un journal, "Memorable fancies", où il consigne poèmes et pensées tout en poursuivant tant bien que mal des études en botanique.
M.W. - Two barns and a shadow (1955)

Lorsqu'il se tourne vers la photographie, Minor White est influencé par Ansel Adams et sa théorie du Zone System : netteté rigoureuse et maîtrise des contrastes, chaque détail compte. Marqué également par l’abstraction lyrique, il ne cherche pas à simplement figer la réalité, mais à en révéler les dimensions cachées. Ses photographies se font métaphores, symboles d’un monde plus profond ; elles sont une ouverture vers un univers sensible dissimulé derrière l’apparence des êtres et des choses.
« Je photographie les choses non comme elles sont, mais tel que je suis. » 
Pour White, parcourir les paysages ou observer un être n’est jamais un acte passif : il attend cet instant fugace où une communion intime se produit, que la photographie soit prise ou non.
Ce qui importe, c’est cette immersion totale dans l’esprit des choses, cette résonance silencieuse entre le visible et l’invisible. Chaque déclenchement, selon lui, doit contenir toute une existence. « Œil, réflexion, esprit » : ce mantra guide son travail, où il ne cherche pas tant à capturer une image qu’à laisser l’objet photographié révéler sa propre essence.
Dans cette quête de l’essence du monde, il rejoint Paul Klee, pour qui l’art consiste à « rendre visible l’invisible ». Pour White, la lumière, les ombres évanescentes et la fragilité du temps s’inscrivent dans un ordre universel où chaque instant porte en lui l’éternité.
One does not photograph something simply for what it is, but for what else it is. [...] No matter how slow the film, Spirit always stands still long enough for the photographer It has chose.
DG3

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dimanche 4 août 2013

Paul Delvaux - Solitude (1955)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du belge Paul Delvaux (1897-1994), formé à l'Académie royale des beaux-arts de Bruxelles.

P. Delvaux - Paysage aux lanternes
(1958)











D'abord fortement influencé par le travail de son compatriote le peintre expressionniste James Ensor, c'est - comme pour Magritte -, la découverte de Giorgio de Chirico avec Mélancolie et mystère d'une rue qui l'amène finalement au surréalisme.
Mais, plutôt que de surréalisme, c'est comme chez Carel Willink (voir octobre 2010) de "réalisme magique" que l'on parle à propos de son oeuvre dont l'atmosphère particulière est immédiatement identifiable. Je voudrais peindre un tableau fabuleux dans lequel je pourrais vivre. C'est un monde de femmes nues, hiératiques, les yeux souvent grands ouverts, mais absentes. Un monde de villes silencieuses, peuplées de colonnes, de gares, de statues.
Chez Delvaux, tout semble figé, et pourtant on sent comme une tension sourde : quelque chose va ou vient de se produire - mais quoi ? Mystère. Je n’ai jamais voulu raconter quoi que ce soit. Je montre des choses. C’est tout.

C.Ebbets - Lunch atop a skyscraper (1932) Une image et des mots. Pour aller avec ce cliché célébrissime, attribué à Charles Ebbets, voici q...