In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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samedi 7 août 2010

Georges Rinhart
Une image et des mots. En découvrant cette belle photographie (c.1925) de George Rinhart, je me suis souvenu d'un poème de Georges Perros qui m'avait déconcerté par sa tonalité et par sa forme mais qui pourtant - ou peut-être aussi pour cette raison - m'avait durablement marqué.
En voici un extrait:

"Elle se croyait en bateau
C’est vrai nous allions en Égypte
Elle s’ennuyait et un soir
après avoir pris frais marin
me dit Ah tu n’es pas un homme
Elle me tutoyait soudain
parce qu’au bord de sa cabine
elle me proposait d’entrer
d’un air à en avoir plusieurs
et que je refusai L’envie
d’être seul me bouleversant
comme il arrive très souvent
chez les natures dans mon genre
Puis je n’aimais pas son mari
acteur comme elle était actrice
et n’avais nul désir d’aller
où cet homme trouvait prétexte à jouir
Bien sûr je me tus
sur les raisons de mon refus
et préférai la décevoir
sur ce bateau par un grand soir
où nous nous croyions sur la mer
alors qu’en fait l’amour n’a pas
de lieu privilégié pour naître…
[…..]
Enfin ce fut Alexandrie
le moins du monde ma patrie
assiette plate au ras des flots
si contraire à toi l’Angleterre
comme une gorge en mal d’angine
raide en sa toute autorité
Et l’immense terre d’Afrique
nous prit dans son odeur de bouc
bakchich monsieur et la misère
de tous ces gosses mains tendues
vers les nôtres occidentales
Au Caire elle revit les siens
et moi les miens dire personne
serait peu tant les comédiens
avec lesquels je travaillais
à dire deux mots dans Molière
m’étaient étrangers Je partis
visiter Louxor et les Rois
Elle tint à m’accompagner
aucun de ses amis n’ayant
goût pour ces très hautes merveilles
Ce fut notre dernier voyage
Je la laissai reprendre corps
elle avait du tempérament
mais je n’aime pas qu’on me presse
Toute femme est un aliment
d’abord à sentir caresser
avant l’avalement des restes
Il m’arrive de la revoir
dans les journaux car elle joue
toujours Phèdre et Bérénice
Tant mieux pour elle et salut bien
."
ML2

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dimanche 1 août 2010

Chris Killip - Seacoal Beach (1982)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe anglais Chris Killip (b.1946), figure majeure de la photographie documentaire et témoin incisif des bouleversements sociaux dans l’Angleterre post-industrielle.

C.K. - Seacoal Beach (1982)






En s'immergeant pendant près de vingt ans dans les communautés ouvrières du nord et du nord-est de l'Angleterre, il a porté un regard lucide et compatissant sur la brutale désindustrialisation de son pays, et les ravages qu'elle a causés chez les laissés-pour-compte du monde nouveau. Mineurs, punks, pêcheurs, familles dans des cités en ruine, c'est un peuple ravagé par les politiques néo-libérales des années 70 et 80 que Killip nous invite à connaître. Des pauvres à la dérive ou qui luttent pour leur survie, comme ici les pêcheurs de charbon de Lynemouth, dans le Northumberland. Ses images en noir et blanc, d'une grande rigueur formelle, restituent sans pathos le quotidien de ceux dont il partage l'existence pour construire une oeuvre documentaire profondément empathique.
Son livre In Flagrante (1988), aujourd’hui culte, demeure un document poignant sur les fractures sociales de cette époque. I wanted to record people's lives because I valued them.

dimanche 25 juillet 2010

B. Dylan - Train tracks (2008)
Le vide-grenier du dimanche. Deux aquarelles de Bob Dylan, vu en concert à Bordeaux le 29 juin dernier.
La première est une des nombreuses versions de sa série Train tracks.

B.D. - Sunflowers (2005)
Je me sens l'âme d'un vagabond...
Et j'ai besoin de voir les fils télégraphiques
Danser allègrement à côté des wagons...
Paul Gadenne (1926)

Il ne l'a pas jouée ce soir-là, mais voici sous ce billet une de mes chansons préférées de Dylan. L'image n'est pas belle, le son n'est pas bon, mais cette version est splendide.
BD2

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dimanche 18 juillet 2010

Ralph Gibson - Christine (1974)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Ralph Gibson (b.1939), remarquable pour son approche minimaliste et graphique de la photographie. Né à Los Angeles, Ralph Gibson étudie la photographie à l’Institut d’art de San Francisco avant de servir dans la marine américaine comme photographe. Il débute sa carrière comme assistant de Dorothea Lange, célèbre pour ses images de la Grande Dépression, puis travaille avec Robert Frank sur divers projets cinématographiques. Ces expériences influencent son regard, mais Gibson s’éloigne progressivement du documentaire pour développer un langage visuel plus subjectif et introspectif.
R.G. - Hand with a rose
(1960)

Dans les années 1970, il se distingue par des photographies en noir et blanc aux contrastes marqués, où le détail devient un élément narratif essentiel.
Il y joue, comme ci-dessus, avec le cadrage serré, la lumière tranchée et des compositions souvent fragmentaires, créant ainsi des images à la fois réalistes et mystérieuses.
Amateur de poésie et de musique - il a consacré une belle série à la guitare -, il fut aussi proche des poètes et écrivains Beat comme Ginsberg ou Kerouac que de l'univers d'un Borgès...
Le premier cliché fait partie de la belle série Infanta, le second de la série San Francisco, ville-berceau de la Beat Generation.
"Even though fixed in time, a photography evokes as much feeling as that which comes from music or dance. Whatever the mode - from the snapshot to the decisive moment to multi-media montage - the intent and purpose of photography is to render in visual terms feelings that often elude the ability of words to describe." 
DR1

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