In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 28 mars 2010

E.Steichen - Lilac buds (1906)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du peintre et photographe américain d'origine luxembourgeoise Edward Steichen (1879-1973), un des maîtres du pictorialisme
Il fut pendant quinze ans, de 1947 à 1962, conservateur du MoMA de New York, et c'est là qu'il crée en 1955, avec son assistant Wayne Miller, la formidable exposition The Family of Man qui deviendra par la suite itinérante.
Son propos est de dresser, au-delà des différences entre les hommes, un portrait de l'humanité qui montre l'universalité de l'expérience humaine. L'exposition, qui a voyagé à travers le monde, a été vue par plus de 9 millions de visiteurs entre 1955 et 1964, date à laquelle le gouvernement des États-Unis l'offre au Grand Duché de Luxembourg, pays natal de Steichen.

E.Steichen - Vogue (1928)


Elle est aujourd'hui installée et visible au musée de Clervaux et, depuis 2003, inscrite au registre de la "Mémoire du monde", de l'Unesco.

It is an error common to many artists, (who) strive merely to avoid mistakes, when all our efforts should be to create positive and important work. Better positive and important with mistakes and failures than perfect mediocrity.

dimanche 21 mars 2010

A.J. Casson - Old store in Salem (1931)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du canadien Alfred Joseph Casson (1898-1992). 

A.J. Casson - Church at Testin (1932)

Il était proche, sans en faire partie, du Groupe des Sept, un regroupement de jeunes artistes canadiens dont j'aurai l'occasion de reparler bientôt. Leur peinture - aux couleurs franches et aux contours marqués, et qui voulait se détacher de l'héritage académique européen - se caractérise par une vigueur et une puissance quasi-mystiques.

dimanche 14 mars 2010

H.Levitt - New York (1940)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de la photographe américaine Helen Levitt (1913-2009). Native de New York - qui nourrira son travail tout au long de sa longue vie -, elle abandonne ses études au sortir du lycée et, à 17 ans, elle apprend le métier auprès d'un photographe commercial du Bronx.

Je sortais et je photographiais, je suivais mes yeux ; ce qu'ils voyaient j'essayais de le capturer avec mon appareil, pour que d'autres le voient

H.Levitt - New York (1938)

Elle rencontre Henri Cartier-Bresson et Walker Evans dont elle sera l'assistante en 1938 et 1939, notamment sur un projet documentaire dans le métro new-yorkais, appareil caché sous le manteau. Leur approche et leurs méthodes, la rigueur documentaire de Evans et la recherche de "l'instant décisif" chez Cartier-Bresson, vont avoir une influence déterminante sur son travail.                                                                                                                                        Elle photographie les enfants des quartiers pauvres, ceux de Harlem, de Brooklyn, et du Lower East Side, pour porter témoignage de leur culture, de leurs jeux et des éphémères dessins à la craie dont ils parent les murs et les trottoirs. Ce travail fournira la matière à une de ses séries les plus célèbres, publiée dans un livre intitulé In the street : Chalk Drawings and Messages, New York  City 1938-1948.

Tout ce que je peux dire à propos du travail que j'essaie de faire, c'est que l'esthétique est dans la réalité elle-même.

samedi 13 mars 2010

Kevin Schafer - Pink dolphin
Une image et des mots.
L'image aujourd'hui c'est ce beau cliché par Kevin Schafer, pour le National Geographic, d'un dauphin rose d'Amazonie. Si l'on remonte l'Orénoque en amont de son confluent avec le Ventuari, en franchissant un formidable dédale de rapides parsemés de centaines d'îles et d'îlots, on parvient à une petite communauté d'indiens Curripacos qui porte le nom de Cariche. Ce joli village est situé sur la rive droite du fleuve (lorsqu'on le remonte), à la confluence d'un petit "caño" qui lui a donné son nom.
S'engager dans ce "caño" est chaque fois un émerveillement. Il faut parfois, pendant ou après de fortes pluies par exemple, dégager le petit cours d'eau des troncs et des branches qui l'encombrent pour pouvoir progresser, et parvenir enfin à une forme de petite lagune où, immanquablement, on pourra observer une famille de ces merveilleux animaux.
Ici nommée "boto" ou "tonina", il s'agit de la variété Inia geoffrensis, commune aux bassins de l'Orénoque et de l'Amazone, qui est aujourd'hui sévèrement menacée d'extinction comme tous les dauphins d'eau douce dans le monde, dans le Gange ou le Mékong. Le "baiji" quant à lui, le dauphin bleu du Yang-tsé, s'est officiellement éteint en 2007.
Les mots qui suivent sont de Borgès, extraits de son Manuel de zoologie fantastique.

"Passons, maintenant, du jardin zoologique de la réalité au jardin zoologique des mythologies, dont la faune n'est pas de lions mais de sphinx et de griffons et de centaures. La population de ce deuxième jardin devrait excéder celle du premier, puisqu'un monstre n'est pas autre chose qu'une combinaison d'éléments d'êtres réels et que les possibilités de l'art combinatoire frisent l'infini. [.....] Cela, pourtant, n'arrive pas; nos monstres naîtraient morts, grâce à Dieu. Flaubert a rassemblé, dans les dernières pages de La Tentation, tous les monstres médiévaux et classiques et il a essayé, nous disent ses commentateurs, d'en fabriquer; le chiffre total n'est pas considérable et ils sont très peu ceux qui peuvent agir sur l'imagination des gens. Celui qui parcourra notre manuel constatera que la zoologie des songes est plus pauvre que la zoologie de Dieu."

PG2
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dimanche 7 mars 2010

M.C. - Emma Dougherty (1942)

Le vide-grenier du dimanche. À l'occasion de la Journée internationale des femmes, voici deux clichés de l'américaine Marjory Collins (1912-1985).
Celle qui se considérait comme une "rebel looking for a cause" a commencé sa carrière de photojournaliste dans les années 30 à New York.

M.C. - Rock Creek Park (1942)

Elle s'installe à Greenwich Village en 1935, et c'est là qu'elle va suivre de façon informelle l'enseignement de Ralph Steiner et assister aux conférences de la Photo League ; puis, à la fin de la décennie, son nom ira s'ajouter à la liste des grands photographes qui ont travaillé pour la fameuse Farm Security Administration (FSA).
En 1941, elle rejoint l'équipe de photographes de Roy Stryker au US Office of War Information, pour lequel elle va documenter la vie des citoyens ordinaires et leur engagement dans l'effort de guerre américain ; les plus de 3000 clichés qu'à ce titre elle a pris en 1942 et 1943 sont aujourd'hui conservés à la Bibliothèque du Congrès.
Après la Seconde guerre mondiale, Marjory Collins travaille comme photographe indépendante et voyage à travers les États-Unis, en Europe et en Afrique ; la majeure partie de ses clichés et négatifs seront détruits par son mari lors de son divorce en 1950.
Durant les années 50 et 60, elle s'implique dans des causes sociales et politiques, contre la guerre au Vietnam, pour les droits civiques et les mouvements féministes. Mise à la retraite par le Journal of Public Health auquel elle collabore, elle crée et anime, de 1971 à 1976, le journal féministe Prime Time.
"Ageism and sexism hit me hard four years ago when I found myself out of a job and forced to go on welfare to have an operation. I became so angry I started Prime Time, a journal for and by older women."

samedi 6 mars 2010

Walt Disney - Mary Poppins (1964)
Une image et des mots.
À deux jours de la Journée internationale de la femme, une image de ce chef d'oeuvre de poésie et d'humour que nous a offert Walt Disney en 1964 avec son adaptation du roman de Pamela Travers.
Et pour aller avec, un extrait de l'ouvrage du sociologue Pierre Bourdieu, La domination masculine (1998).

En fait, il n'est pas exagéré de comparer la masculinité à une noblesse. Pour s'en convaincre, il suffit d'observer la logique, bien connue des kabyles, du double standard, comme disent les anglo-saxons, qui instaure une dissymétrie radicale dans l'évaluation des activités masculines et féminines. Outre que l'homme ne peut sans déroger s'abaisser à certaines tâches socialement désignées comme inférieures (entre autres raisons parce qu'il est exclu qu'il puisse les accomplir), les mêmes tâches peuvent être nobles et difficiles, quand elles sont réalisées par des hommes, ou insignifiantes et imperceptibles, faciles et futiles, quand elles sont accomplies par des femmes ; comme le rappelle la différence qui sépare le cuisinier de la cuisinière, le couturier de la couturière, il suffit que les hommes s'emparent de tâches réputées féminines et les accomplissent hors de la sphère privée pour qu'elles se trouvent par là même ennoblies et transfigurées.

JM1 ICI