In girum imus nocte et consumimur igni

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samedi 2 janvier 2010

George Clausen - Winter work (1883)
Une image et des mots. C'est le travail de Jules Bastien-Lepage qui a mené Sir George Clausen (1852-1944) à la peinture réaliste de la vie rurale. 
Cette toile, intitulée "Winter work" (1883), nous montre une famille de paysans en train d'équeuter les rutabagas destinés à affourrager les moutons. La Tate Gallery, qui conserve ce tableau, nous explique que Clausen privilégiait l'emploi de couleurs sobres et sombres pour traduire la lumière maussade et le froid de l'hiver, et rendre compte ainsi de la dureté du travail aux champs. Cette vision dénuée de romantisme de la vie paysanne était le plus souvent rejetée par les organisateurs des expositions annuelles de la Royal Academy.
Les mots pour accompagner cette illustration seront d'abord ces quelques lignes extraites du passionnant ouvrage de Marcel Mazoyer et Laurence Roudart, Histoire des agricultures du monde, du néolithique à la crise contemporaine:

"Compte tenu du rôle que devront jouer toutes les agricultures du monde dans la construction d'un avenir vivable pour l'humanité, il est inquiétant de constater à quel point l'opinion et les esprits éclairés de ce temps sont éloignés des réalités agricoles, et à quel point même ceux qui sont en charge de l'agriculture méconnaissent toute la richesse de l'héritage agraire de l'humanité."
Déjà en 1897, dans un discours à la Chambre des députés, Jean Jaurès disait ceci: "Voici que sur son champ passent non plus des forces naturelles, mais des forces économiques, des forces sociales, des forces humaines. [.....] De récolte en récolte, son labeur restant le même, le prix de son blé fléchit presque constamment. [.....] Dans les grandes plaines de l'Inde, de la Russie, de l'Ouest américain, d'autres hommes travaillent, à moins de frais, et toute cette production, brusquement rapprochée par la vitesse des grands navires, pèse constamment sur lui. Voilà donc que les peuples et les continents lointains surgissent maintenant de la brume, comme de dures et massives réalités, et c'est peut-être de la quantité de blé ensemencé par un fermier de l'Ouest américain, du salaire distribué aux pauvres journaliers de l'Inde, et encore des lois de douanes, d'impôt et de monnaie promulguées dans toutes les parties du monde que dépendra le prix de son blé, le prix de son travail, sa liberté peut-être et sa prospérité
."

Pour conclure, quelques mots de l'économiste John Maynard Keynes qui écrivait: "Le problème politique de l'humanité consiste à combiner trois choses: l'efficacité économique, la justice sociale, et la liberté politique." Élémentaire ...

dimanche 27 décembre 2009

A. Neuman - Train de nuit

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre polonais Abraham Neuman (1873-1942).
Natif de Sierpc, il part à l'âge de 19 ans, en 1892, étudier la peinture à Varsovie puis à l'académie des Beaux-Arts de Cracovie.
En 1903 il est à Paris, pour y suivre les cours de l'Académie Julian, et voyage également dans toute l'Europe, puis en Palestine qu'il fut le premier peintre Juif polonais, en 1904, à visiter.

A.N. - Village sous la neige
Membre de l'Union des Artistes Polonais et de l'Association des peintres Juifs de Cracovie, il était ami avec Leon Wyczólkowski que je présenterai bientôt avec une oeuvre que j'aime beaucoup.
Il meurt exécuté en 1942 dans le ghetto de Cracovie, avec le poète Mordechaj Gebirtig et un groupe de personnes âgées, alors qu'ils se dirigeaient vers un transport qui amenait les Juifs au camp d'extermination de Belzec.

BC1

ICI

dimanche 20 décembre 2009

Larry Sultan - Portrait of my father (1988)
Le vide-grenier du dimanche. Deux photographies de Larry Sultan (1946-2009) qui s'est éteint dimanche dernièr, le 13 décembre, à son domicile californien. Ces deux clichés sont issus d'une série que le photographe a réalisée sur sa famille, pendant la décennie 80, et qui a fait l'objet d'une publication en 1992 sous le titre Pictures of home.
"Je crée avec mes images une architecture de la mémoire."

L.S. - série Pictures of home




De quelle solitude, dans ses Pictures of home, Larry Sultan veut-il rendre compte ? Cette double solitude où sont tous les amants qu'évoquait Anna de Noailles ? Ou bien simplement la douce absence de regards dont parle Kundera ?

AH3
ICI

samedi 19 décembre 2009

Louis Dalrymple - The fool and his money (1896)

Une image et des mots. L'illustration est du dessinateur de presse américain Louis Dalrymple (1866-1905), qui diffusait ses caricatures parfois osées dans Puck ou dans Judge, avant de devenir l'illustrateur en chef du Daily Graphic à New York, puis de finir sa vie dans un asile.
Pour aller avec, voici quelques lignes du roman de Dostoïevski, Les frères Karamazov (1880).

À l'heure actuelle, chacun s'efforce de goûter la plénitude de la vie en s'éloignant de ses semblables et en recherchant son bonheur individuel. [.....] L'homme amasse des biens dans la solitude et se réjouit de la puissance des biens qu'il croit acquérir, se disant que ses jours sont désormais assurés. Il s'habitue [.....] à ne compter que sur lui-même, ne croit plus à l'entraide, oublie, dans sa solitude, les vraies lois de l'humanité, et en vient finalement chaque jour à trembler pour son argent, dont la perte le priverait de tout.

Gilbert Garcin - Le moulin de l'oubli (1999) Une image et des mots. Où Beckett dialogue avec Tati... Une "photosophie" du p...