GP2 |
In girum imus nocte et consumimur igni
samedi 7 novembre 2009
dimanche 1 novembre 2009
Bob Kolbrener - Controlled Burn & Dodge (1999) |
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe paysager américain Bob Kolbrener (b.1942), héritier du grand Ansel Adams qui fut son modèle, puis son mentor, et enfin son collègue.
Kolbrener disait avoir fait sienne l'assertion de Louis Pasteur pour qui la chance ne sourit qu'aux esprits préparés, mais on lui prête aussi cette amusante affirmation "If you buy a camera you're a photographer, if you buy a flute you own a flute", sur laquelle il y a certainement matière à débattre.
dimanche 25 octobre 2009
Brassaï - Colonne Morris (1932) |
Il arrive à Paris en 1924, et il y apprend le français en lisant Proust.
J'étais à la recherche de la poésie du brouillard qui transforme les choses, de la poésie de la nuit qui transforme la ville, de la poésie du temps qui transforme les êtres.
C'est là, dans le Paris artistique des années 20, qu'il se lie d'amitié avec Prévert, Léon-Paul Fargues, puis l'américain Henry Miller qui arrive de New York au début des années 30 et qui dira de Brassaï qu'il est l'oeil de Paris.
"On se demande parfois si la vie a un sens.. Et puis on rencontre des êtres qui lui en donnent un."
dimanche 18 octobre 2009
M.Utrillo - Passage Cottin, Montmartre (1922) |
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de Maurice Utrillo (1883-1955), fils de la belle et sulfureuse Suzanne Valadon, et peintre montmartrois emblématique, représentatif de l'école de Paris.
M.U - La maison de Mimi Pinson Montmartre (1912) |
Vie de bohème et d'alcool, dont il paye les ardoises avec sa peinture pleine de poésie de la Butte.
"Et alors! Tous les grands peintres ça picolait. Tous des poivres. Van Gogh, Utrillo, la peinture à l'eau c'était pas leur fort." disait René Fallet.
samedi 17 octobre 2009
(A/U) |
Les mots sont un extrait de l'introduction au Guide de l’exposition universelle de 1869, rédigée par Victor Hugo depuis son exil à Guernesey.
"Au vingtième siècle, il y aura une nation extraordinaire. Cette nation sera grande, ce qui ne l’empêchera pas d’être libre.
Elle sera illustre, riche, pensante, pacifique, cordiale au reste de l’humanité. Elle aura la gravité douce d’une aînée. [.....] Elle considérera le gaspillage du sang humain comme inutile.
Elle aura la suprême justice de la bonté. Elle sera pudique et indignée devant les barbaries.
Aux fleuves frontières succéderont les fleuves artères. Couper un pont sera aussi impossible que couper une tête.
Sous l’influence de cette nation motrice, les incommensurables friches d’Amérique, d’Asie, d’Afrique et d’Australie seront offertes aux émigrations civilisantes; les huit cent mille boeufs, annuellement brûlés pour les peaux dans l’Amérique du Sud, seront mangés; elle fera ce raisonnement que, s’il y a des boeufs d’un côté de l’Atlantique, il y a des bouches qui ont faim de l’autre côté. Sous son impulsion, la longue traînée des misérables envahira magnifiquement les grasses et riches solitudes inconnues; on ira aux Californies ou aux Tasmanies, non pour l’or, trompe-l’oeil et grossier appât d’aujourd’hui, mais pour la terre; les meurt-de-faim et les va-nu-pied, ces frères douloureux et vénérables de nos splendeurs myopes et de nos prospérités égoïstes, auront, en dépit de Malthus, leur table servie sous le même soleil; l’humanité essaimera hors de la cité-mère, devenue étroite, et couvrira de ses ruches les continents; les solutions probables des problèmes qui mûrissent, la locomotion aérienne pondérée et dirigée, le ciel peuplé d’air-navires, aideront à ces dispersions fécondes et verseront de toutes parts la vie sur ce vaste fourmillement des travailleurs; le globe sera la maison de l’homme, et rien n’en sera perdu [.....]; quiconque voudra aura sur un sol vierge un toit, un champ, un bien-être, une richesse, à la seule condition d’élargir à toute la terre l’idée patrie, et de se considérer comme citoyen et laboureur du monde; de sorte que la propriété, ce grand droit humain, cette suprême liberté, cette maîtrise de l’esprit sur la matière, cette souveraineté de l’homme interdite à la bête, loin d’être supprimée, sera démocratisée et universalisée. Il n’y aura plus de ligatures; ni péages aux ponts, ni octrois aux villes, ni douanes aux États, ni isthmes aux océans, ni préjugés aux âmes.
Les initiatives en éveil et en quête feront le même bruit d’ailes que les abeilles.
La nation centrale d’où ce mouvement rayonnera sur tous les continents sera parmi les autres sociétés ce qu’est la ferme modèle parmi les métairies.
Elle sera plus que nation, elle sera civilisation; elle sera mieux que civilisation, elle sera famille. Unité de langue, unité de monnaie, unité de mètre, unité de méridien, unité de code; la circulation fiduciaire à son plus haut degré; le papier-monnaie à coupon faisant un rentier de quiconque a vingt francs dans son gousset; une incalculable plus-value résultant de l’abolition des parasitismes ; plus d’oisiveté l’arme au bras; la gigantesque dépense des guérites supprimée; les quatre milliards que coûtent annuellement les armées permanentes laissés dans la poche des citoyens; les quatre millions de jeunes travailleurs qu’annule honorablement l’uniforme restitués au commerce, à l’agriculture et à l’industrie; partout le fer disparu sous la forme glaive et chaîne et reforgé sous la forme charrue ; la paix, déesse à huit mamelles, majestueusement assise au milieu des hommes; aucune exploitation, ni des petits par les gros, ni des gros par les petits; et partout la dignité de l’utilité de chacun sentie par tous; l’idée de domesticité purgée de l’idée de servitude; l’égalité sortant toute construite de l’instruction gratuite et obligatoire; l’égout remplacé par le drainage; le châtiment remplacé par l’enseignement; la prison transfigurée en école; l’ignorance, qui est la suprême indigence, abolie; l’homme qui ne sait pas lire aussi rare que l’aveugle-né; le "jus contra legem" compris; la politique résorbée par la science, la simplification des antagonismes produisant la simplification des événements eux-mêmes; le côté factice des faits s’éliminant; pour loi, l’incontestable, pour unique sénat, l’institut.
Le gouvernement restreint à cette vigilance considérable, la voirie, laquelle a deux nécessités, circulation et sécurité, l’État n’intervenant jamais que pour offrir gratuitement le patron et l’épure.
Concurrence absolue des à-peu-près en présence du type, marquant l’étiage du progrès. [.....]
L’émeute des intelligences vers l’aurore. L’impatience du bien gourmandant les lenteurs et les timidités.
Toute autre colère disparue. Un peuple fouillant les flancs de la nuit et opérant, au profit du genre humain, une immense extraction de clarté. Voilà quelle sera cette nation.
Cette nation aura pour capitale Paris, et ne s’appellera point la France; elle s’appellera l’Europe.
Elle s’appellera l’Europe au vingtième siècle, et, aux siècles suivants, plus transfigurée encore,
elle s’appellera l’Humanité.
L’Humanité, nation définitive, est dès à présent entrevue par les penseurs, ces contemplateurs des pénombres; mais ce à quoi assiste le dix-neuvième siècle, c’est à la formation de l’Europe.
Vision majestueuse. Il y a dans l’embryogénie des peuples, comme dans celle des êtres, une heure sublime de transparence.
Le mystère consent à se laisser regarder. Au moment où nous sommes, une gestation auguste est visible dans les flancs de la civilisation. L’Europe, une, y germe. [.....]
Le continent fraternel, tel est l’avenir. Qu’on en prenne son parti, cet immense bonheur est inévitable."
"Au vingtième siècle, il y aura une nation extraordinaire. Cette nation sera grande, ce qui ne l’empêchera pas d’être libre.
Elle sera illustre, riche, pensante, pacifique, cordiale au reste de l’humanité. Elle aura la gravité douce d’une aînée. [.....] Elle considérera le gaspillage du sang humain comme inutile.
Elle aura la suprême justice de la bonté. Elle sera pudique et indignée devant les barbaries.
Aux fleuves frontières succéderont les fleuves artères. Couper un pont sera aussi impossible que couper une tête.
Sous l’influence de cette nation motrice, les incommensurables friches d’Amérique, d’Asie, d’Afrique et d’Australie seront offertes aux émigrations civilisantes; les huit cent mille boeufs, annuellement brûlés pour les peaux dans l’Amérique du Sud, seront mangés; elle fera ce raisonnement que, s’il y a des boeufs d’un côté de l’Atlantique, il y a des bouches qui ont faim de l’autre côté. Sous son impulsion, la longue traînée des misérables envahira magnifiquement les grasses et riches solitudes inconnues; on ira aux Californies ou aux Tasmanies, non pour l’or, trompe-l’oeil et grossier appât d’aujourd’hui, mais pour la terre; les meurt-de-faim et les va-nu-pied, ces frères douloureux et vénérables de nos splendeurs myopes et de nos prospérités égoïstes, auront, en dépit de Malthus, leur table servie sous le même soleil; l’humanité essaimera hors de la cité-mère, devenue étroite, et couvrira de ses ruches les continents; les solutions probables des problèmes qui mûrissent, la locomotion aérienne pondérée et dirigée, le ciel peuplé d’air-navires, aideront à ces dispersions fécondes et verseront de toutes parts la vie sur ce vaste fourmillement des travailleurs; le globe sera la maison de l’homme, et rien n’en sera perdu [.....]; quiconque voudra aura sur un sol vierge un toit, un champ, un bien-être, une richesse, à la seule condition d’élargir à toute la terre l’idée patrie, et de se considérer comme citoyen et laboureur du monde; de sorte que la propriété, ce grand droit humain, cette suprême liberté, cette maîtrise de l’esprit sur la matière, cette souveraineté de l’homme interdite à la bête, loin d’être supprimée, sera démocratisée et universalisée. Il n’y aura plus de ligatures; ni péages aux ponts, ni octrois aux villes, ni douanes aux États, ni isthmes aux océans, ni préjugés aux âmes.
Les initiatives en éveil et en quête feront le même bruit d’ailes que les abeilles.
La nation centrale d’où ce mouvement rayonnera sur tous les continents sera parmi les autres sociétés ce qu’est la ferme modèle parmi les métairies.
Elle sera plus que nation, elle sera civilisation; elle sera mieux que civilisation, elle sera famille. Unité de langue, unité de monnaie, unité de mètre, unité de méridien, unité de code; la circulation fiduciaire à son plus haut degré; le papier-monnaie à coupon faisant un rentier de quiconque a vingt francs dans son gousset; une incalculable plus-value résultant de l’abolition des parasitismes ; plus d’oisiveté l’arme au bras; la gigantesque dépense des guérites supprimée; les quatre milliards que coûtent annuellement les armées permanentes laissés dans la poche des citoyens; les quatre millions de jeunes travailleurs qu’annule honorablement l’uniforme restitués au commerce, à l’agriculture et à l’industrie; partout le fer disparu sous la forme glaive et chaîne et reforgé sous la forme charrue ; la paix, déesse à huit mamelles, majestueusement assise au milieu des hommes; aucune exploitation, ni des petits par les gros, ni des gros par les petits; et partout la dignité de l’utilité de chacun sentie par tous; l’idée de domesticité purgée de l’idée de servitude; l’égalité sortant toute construite de l’instruction gratuite et obligatoire; l’égout remplacé par le drainage; le châtiment remplacé par l’enseignement; la prison transfigurée en école; l’ignorance, qui est la suprême indigence, abolie; l’homme qui ne sait pas lire aussi rare que l’aveugle-né; le "jus contra legem" compris; la politique résorbée par la science, la simplification des antagonismes produisant la simplification des événements eux-mêmes; le côté factice des faits s’éliminant; pour loi, l’incontestable, pour unique sénat, l’institut.
Le gouvernement restreint à cette vigilance considérable, la voirie, laquelle a deux nécessités, circulation et sécurité, l’État n’intervenant jamais que pour offrir gratuitement le patron et l’épure.
Concurrence absolue des à-peu-près en présence du type, marquant l’étiage du progrès. [.....]
L’émeute des intelligences vers l’aurore. L’impatience du bien gourmandant les lenteurs et les timidités.
Toute autre colère disparue. Un peuple fouillant les flancs de la nuit et opérant, au profit du genre humain, une immense extraction de clarté. Voilà quelle sera cette nation.
Cette nation aura pour capitale Paris, et ne s’appellera point la France; elle s’appellera l’Europe.
Elle s’appellera l’Europe au vingtième siècle, et, aux siècles suivants, plus transfigurée encore,
elle s’appellera l’Humanité.
L’Humanité, nation définitive, est dès à présent entrevue par les penseurs, ces contemplateurs des pénombres; mais ce à quoi assiste le dix-neuvième siècle, c’est à la formation de l’Europe.
Vision majestueuse. Il y a dans l’embryogénie des peuples, comme dans celle des êtres, une heure sublime de transparence.
Le mystère consent à se laisser regarder. Au moment où nous sommes, une gestation auguste est visible dans les flancs de la civilisation. L’Europe, une, y germe. [.....]
Le continent fraternel, tel est l’avenir. Qu’on en prenne son parti, cet immense bonheur est inévitable."
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