In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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samedi 25 octobre 2008

Anonyme - Zoo du Bronx, NYC (1963)
Une image et des mots. Cette photo, L'animal le plus dangereux du monde, a été publiée avec l'autorisation de la New York Zoological Society dans l'Illustrated London News du 8 juin 1963.

L'homme vient du singe, dit-on, et il va au cimetière. Telle serait sa zoologie. Que fait-il en chemin ? De tout. Des zigzags, l'école buissonnière. [.....] Ces zigzags constituent l'Histoire. Mais d'autres fois il va tout droit, il court, il fonce, il se bouscule, et il pousse son voisin devant lui, en lui tenant l'épée dans les reins. Et c'est encore bien plus l'Histoire. Bref on le sent capable de tout. C'est un monsieur qui ne se refuse rien. Il tue, il pille, il voit le diable au pied de son lit. On se demande ce que fait l'homme de son âme immortelle.
Alexandre Vialatte, Les champignons du Détroit de Behring (1990).

RA1
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dimanche 19 octobre 2008

L.U. - Soir à Grunewaldsee (1910)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre allemand Lesser Ury (1861-1931), natif de Birnbau, aujourd'hui en Pologne.
Il a étudié l'art à Düsseldorf, Bruxelles, puis Paris où il a été très influencé par les Impressionnistes, en particulier par le travail de Claude Monet et de Pierre-Auguste Renoir.

L.U. - Waterloo Bridge au soleil
(1899)
Mais il a aussi été marqué par les oeuvres de Van Gogh et de Cézanne, qui eurent tous deux un impact significatif sur son emploi de la couleur et de la forme, ainsi que par l'art japonais, par sa façon d'utiliser l'espace vide et la simplicité pour transmettre un sentiment de paix et d'harmonie.
On pense, devant le Soir à Grunewaldsee, à ce haïku de Yosa Buson : les vieux étangs, les grenouilles qui sautent, le son de l'eau.

dimanche 12 octobre 2008

L. Friedlander - Maria, NYC (1959)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Lee Friedlander (b.1934). Parmi ses principales influences, on peut citer en premier lieu Walker Evans (voir janvier), dont les photos de l'Amérique rurale pendant la Grande Dépression l'ont profondément marqué ; Friedlander disait que son travail lui avait fait prendre conscience de l'importance de la photographie comme outil du commentaire social.
"The best photography is a form of bearing witness, a way of bringing a moment of truth to the world".
Robert Franck ensuite, en particulier avec sa série The Americans, dont Friedlander disait qu'il lui avait appris à regarder le monde avec un oeil critique.
Et enfin, bien sûr, Henri-Cartier Bresson (car qui n'a pas été inspiré par HCB?), dont le concept d'instant décisif a influencé son approche de la photo de rue.
L.F. - série Little screens (1961)

À son tour Lee Friedlander est aujourd'hui considéré comme un des plus grands photographes américains ; sa façon par exemple d'utiliser les ombres et les reflets pour créer des compositions superposées et complexes a ainsi conduit de nombreux photographes à expérimenter de nouvelles façons de voir et de saisir le monde autour d'eux, et peut être considérée comme une contribution importante à l'art de la street photography.

dimanche 5 octobre 2008

Kenton Nelson - Mending (2007)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'américain Kenton Nelson (b.1954). Natif de Los Angeles, il étudie à la Long Beach State University, puis au Art Center College of Design de Pasadena.
Ces tableaux sont caractéristiques du style de Nelson, qui mêle des influences du pop-art, de l'illustration, et du réalisme américain pour créer des images un peu rétro et nostalgiques.
I'm interested in making paintings that evoke some sort of emotion or memory for people.

K.N. - Charitably inclined (1995)
Le peintre utilise des aplats de couleurs vives et des contours nets pour donner à ses oeuvres un aspect graphique et stylisé, mais il y a également une attention minutieuse aux détails, à la texture et à la lumière.
La peinture de Nelson a pu être comparée au travail d'autres artistes comme Edward Hopper ou David Hockney. Comme Hopper, Nelson représente souvent des moments de solitude et d'isolement, donnant une atmosphère de mélancolie à ses scènes idéalisées de l'Amérique des 50s ; son style simplifié et son utilisation audacieuse de la couleur ont été comparés à la manière de David Hockney.

samedi 4 octobre 2008

E. Osterlof - Miss Curiosity (1908)
Une image et des mots. "Veilleur, où en est la nuit?" (Isaïe, 21,11).
Voici un beau portrait de sa fille Sophie par le photographe polonais Edmund Osterloff (1863-1938).
Représentant du courant pictorialiste - il a pu être comparé à Léonard Misonne - il fut l'un des pionniers de la photographie artistique en Pologne.
Ce cliché a été pris à Tbilissi, en Georgie, où il dut s'exiler pendant 25 ans après deux ans d'emprisonnement pour son appartenance aux cercles socialistes.

Les mots pour l'accompagner sont de Clarice Lispector, extraits de Silencio.

Seulement ça : il pleut et je regarde la pluie. Comme c'est simple. Je n'aurais jamais cru que le monde et moi puissions parvenir à un tel accord. La pluie tombe non pas parce qu'elle a besoin de moi, et je la regarde non pas parce que j'ai besoin d'elle. Mais nous sommes aussi indissociables que l'eau de pluie l'est de la pluie. Et je ne remercie rien. [.....]
Je suis une femme, je suis une personne, je suis une attention, je suis un corps qui regarde par la fenêtre. De même la pluie n'est pas reconnaissante de n'être pas une pierre. Elle est la pluie. Peut-être est-ce cela, ce que l'on pourrait appeler
"être vivant". Ce n'est pas plus que cela, seulement cela : "être vivant". Et je vis seulement d'une joie paisible.