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FL1 |
In girum imus nocte et consumimur igni

eiπ + 1 = 0
dimanche 26 octobre 2008
samedi 25 octobre 2008
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Anonyme - Zoo du Bronx, NYC (1963) |
Une image et des mots. Cette photo, L'animal le plus dangereux du monde, a été publiée avec l'autorisation de la New York Zoological Society dans l'Illustrated London News du 8 juin 1963.
L'homme vient du singe, dit-on, et il va au cimetière. Telle serait sa zoologie. Que fait-il en chemin ? De tout. Des zigzags, l'école buissonnière. [.....] Ces zigzags constituent l'Histoire. Mais d'autres fois il va tout droit, il court, il fonce, il se bouscule, et il pousse son voisin devant lui, en lui tenant l'épée dans les reins. Et c'est encore bien plus l'Histoire. Bref on le sent capable de tout. C'est un monsieur qui ne se refuse rien. Il tue, il pille, il voit le diable au pied de son lit. On se demande ce que fait l'homme de son âme immortelle.
Alexandre Vialatte, Les champignons du Détroit de Behring (1990).
dimanche 19 octobre 2008
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L.U. - Soir à Grunewaldsee (1910) |
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et graveur allemand Lesser Ury (1861-1931), natif de Birnbau, aujourd'hui en Pologne.
Solitaire de tempérament, expressionniste avant l’heure, il a étudié l'art à Düsseldorf, Bruxelles, puis Paris où il a été très influencé par le travail des Impressionnistes, en particulier celui de Claude Monet et de Pierre-Auguste Renoir. Il y réside quelque temps avant de retourner à Berlin en 1887, une ville cosmopolite dont il deviendra l’un des plus sensibles chroniqueurs : reflets de réverbères sur les trottoirs luisants, silhouettes furtives, rues pluvieuses, cafés nocturnes, intérieurs feutrés qui ont traversé le temps...
Dès les années 1890, il rejoint les rangs des artistes modernes en intégrant la Sécession de Munich, l’un de ces mouvements nés en réaction aux académismes dominants. De retour à Berlin en 1901, il expose au sein de la Sécession berlinoise - d’abord en 1915, puis plus largement en 1922 lors d’une importante rétrospective qui marque une forme de reconnaissance tardive. Souvent tenue à l’écart des cercles officiels, son œuvre discrète est pour moi singulière et précieuse. Un tableau comme Soir au Grunewaldsee, par exemple, me touche par son dépouillement, son usage du vide, sa manière de faire naître la paix de la simplicité, entre impressionnisme tardif et mélancolie moderne. J'y trouve quelque chose de l'art japonais, comme l'épure d'une estampe, ou celle de ce haïku de Yosa Buson : « Les vieux étangs, les grenouilles qui sautent, le son de l’eau ».
dimanche 12 octobre 2008
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L. Friedlander - Maria, NYC (1959) |
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Lee Friedlander (b.1934). Parmi ses principales influences, on peut citer en premier lieu Walker Evans (voir janvier), dont les photos de l'Amérique rurale pendant la Grande Dépression l'ont profondément marqué ; Friedlander disait que son travail lui avait fait prendre conscience de l'importance de la photographie comme outil du commentaire social.
"The best photography is a form of bearing witness, a way of bringing a moment of truth to the world".
Robert Franck ensuite, en particulier avec sa série The Americans, dont Friedlander disait qu'il lui avait appris à regarder le monde avec un oeil critique.
Et enfin, bien sûr, Henri-Cartier Bresson (car qui n'a pas été inspiré par HCB?), dont le concept d'instant décisif a influencé son approche de la photo de rue.
À son tour Lee Friedlander est aujourd'hui considéré comme un des plus grands photographes américains ; sa façon par exemple d'utiliser les ombres et les reflets pour créer des compositions superposées et complexes a ainsi conduit de nombreux photographes à expérimenter de nouvelles façons de voir et de saisir le monde autour d'eux, et peut être considérée comme une contribution importante à l'art de la street photography.
dimanche 5 octobre 2008
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Kenton Nelson - Mending (2007) |
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'américain Kenton Nelson (b.1954). Natif de Los Angeles, il étudie à la Long Beach State University puis au Art Center College of Design de Pasadena. À partir des années 1990, il développe une peinture figurative très reconnaissable, entre réalisme stylisé et imagerie rétro, influencée par le pop-art, l’illustration américaine, et le classicisme graphique des années 1950.
I'm interested in making paintings that evoke some sort of emotion or memory for people.
C’est sans doute ce qui rend ses toiles si immédiatement accessibles : des aplats de couleurs vives, des contours nets, des compositions épurées. Il y a du silence dans ses images, comme dans certains plans de cinéma. Alors on pense parfois à Edward Hopper, bien sûr, pour cette tension entre banalité apparente et étrangeté diffuse, l'atmosphère de mélancolie de ses scènes idéalisées de l'Amérique des 50s. Mais chez Kenton Nelson, tout est plus lisse, plus graphique, presque publicitaire. Ce n’est pas la solitude qui domine, mais une forme d’élégance rétro, une Amérique idéalisée, ou peut-être seulement imaginée.
samedi 4 octobre 2008
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E. Osterlof - Miss Curiosity (1908) |
Voici un beau portrait de sa fille Sophie par le photographe polonais Edmund Osterloff (1863-1938).
Représentant du courant pictorialiste - il a pu être comparé à Léonard Misonne - il fut l'un des pionniers de la photographie artistique en Pologne.
Ce cliché a été pris à Tbilissi, en Georgie, où il dut s'exiler pendant 25 ans après deux ans d'emprisonnement pour son appartenance aux cercles socialistes.
Les mots pour l'accompagner sont de Clarice Lispector, extraits de Silencio.
Seulement ça : il pleut et je regarde la pluie. Comme c'est simple. Je n'aurais jamais cru que le monde et moi puissions parvenir à un tel accord. La pluie tombe non pas parce qu'elle a besoin de moi, et je la regarde non pas parce que j'ai besoin d'elle. Mais nous sommes aussi indissociables que l'eau de pluie l'est de la pluie. Et je ne remercie rien. [.....]
Je suis une femme, je suis une personne, je suis une attention, je suis un corps qui regarde par la fenêtre. De même la pluie n'est pas reconnaissante de n'être pas une pierre. Elle est la pluie. Peut-être est-ce cela, ce que l'on pourrait appeler "être vivant". Ce n'est pas plus que cela, seulement cela : "être vivant". Et je vis seulement d'une joie paisible.
Seulement ça : il pleut et je regarde la pluie. Comme c'est simple. Je n'aurais jamais cru que le monde et moi puissions parvenir à un tel accord. La pluie tombe non pas parce qu'elle a besoin de moi, et je la regarde non pas parce que j'ai besoin d'elle. Mais nous sommes aussi indissociables que l'eau de pluie l'est de la pluie. Et je ne remercie rien. [.....]
Je suis une femme, je suis une personne, je suis une attention, je suis un corps qui regarde par la fenêtre. De même la pluie n'est pas reconnaissante de n'être pas une pierre. Elle est la pluie. Peut-être est-ce cela, ce que l'on pourrait appeler "être vivant". Ce n'est pas plus que cela, seulement cela : "être vivant". Et je vis seulement d'une joie paisible.
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