In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 3 août 2008

H. Cartier-Bresson - À l'Immortelle (1959)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés d'Henri Cartier-Bresson (1908-2004), surnommé "l'oeil du siècle", fondateur en 1947 de l'agence autogérée Magnum avec Robert Capa, George Rodger, David Seymour, et William Vandivert.
Quand un sujet mériterait un blog entier à lui seul, il vaut mieux opter pour la concision...

H. Cartier-Bresson - Rue de Vaugirard
(1968)
Militant acharné de la lutte anti-fasciste, écologiste de la première heure aux côtés de René Dumont, humaniste convaincu, théoricien de "l'instant décisif"..., autant de formules auxquelles est bien loin de se réduire l'immense photographe qui disait "Tes 10.000 premières photos seront les pires".
"Il n'y a rien dans le monde qui n'ait son moment décisif, et le chef-d'oeuvre de la bonne conduite est de connaître et de prendre ce moment", disait le Cardinal de Retz (1613-1679).

samedi 2 août 2008

Rembrandt - Ronde de nuit (1642)
Une image et des mots. Jankélévitch, dans sa Philosophie morale, parle de cette oeuvre de Rembrandt, dont le nom exact est La Compagnie de Frans Banning Cocq et Willem van Ruytenburch.
Ce tableau, oeuvre majeure de l'art baroque hollandais, est une commande du Kloveniersdoelen, siège des compagnies militaires formées par les citoyens d'Amsterdam. Elle est célèbre pour sa composition dynamique et complexe, ainsi que pour son utilisation magistrale de l'ombre et de la lumière ; Rembrandt crée ainsi un effet de profondeur et de clair-obscur qui attire l'oeil sur les personnages centraux.
J'associerai cette image avec un extrait d'un ouvrage d'un autre philosophe, Nietzsche, qui dans Naissance de la tragédie explore l'opposition entre les forces apolliniennes, qui représentent la clarté, la raison et la mesure, et les forces dionysiaques, qui sont celles de l'ombre, de la déraison et du chaos. Il y affirme que la tragédie grecque, née de l'interaction entre ces deux forces, est un reflet de la vie humaine elle-même, marquée par la confrontation de l'ombre et de la lumière.

"La tragédie grecque ne représente pas une lutte entre les vices et les vertus, mais entre les forces divines qui habitent la nature humaine elle-même. Elle révèle la vérité cachée de notre existence, qui est marquée par la dualité entre l'ordre et le chaos, la raison et l'instinct, l'ombre et la lumière. Cette vérité est insupportable pour l'esprit humain, qui cherche à tout prix à éviter le chaos et à maintenir l'ordre, mais elle est révélée de manière éclatante par la tragédie, qui montre que la vie ne peut être comprise qu'à travers la confrontation entre ces forces contradictoires."

dimanche 27 juillet 2008

Anders Zorn - Notre pain quotidien (1886)
Le vide-grenier du dimanche.
Deux œuvres du peintre, graveur et photographe Anders Zorn (1860–1920), l’autre géant de la peinture suédoise avec Carl Larsson, à qui il écrivait : « La chose la plus importante en peinture est d’avoir le sentiment. Si vous ne l’avez pas, toutes les connaissances du monde ne vous serviront à rien. »
Né à Mora, dans la région de Dalarna, Zorn garde toute sa vie un lien fort avec ses origines. Formé à l’Académie royale des Beaux-Arts de Stockholm, puis brièvement à l’École des Beaux-Arts de Paris, il s’impose d’abord comme un prodige de l’aquarelle. Le réalisme suédois, très en vogue à la fin du XIXe siècle, nourrit ses premières toiles : scènes rurales, portraits paysans, gestes du quotidien, où Zorn se révèle dans une veine quasi méditative, attaché à ses racines, attentif à la dignité simple des siens.

Anders Zorn - Le fournil (1889)
Quand, dans les années 1880, il séjourne à Paris, au cœur de l’effervescence impressionniste, il y découvre une peinture plus libre, plus fluide. Manet l’influence, notamment dans sa manière de traiter la lumière. Comme beaucoup d’artistes de l’époque, il est également fasciné par l’art japonais. Anders Zorn devient ensuite un graveur accompli, admirateur de Rembrandt, influencé aussi par Félix Bracquemond, grand passeur de l’estampe japonaise en France. À cela s’ajoute une importante production photographique, et même quelques sculptures. Une œuvre multiple, donc, sur laquelle je reviendrai sans doute.

JB1

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samedi 26 juillet 2008

Harold Pierce Cazneaux
Une image et des mots. L'image est un cliché du photographe pictorialiste australien Harold Pierce Cazneaux (1878-1953), présenté ici au mois de janvier dernier. 
Les mots pour l'accompagner sont de l'américain Cormac McCarthy, extraits de son roman "De si jolis chevaux", traduit et publié chez Actes Sud en 1993.

"Il pensait que dans la beauté du monde il y avait un secret qui était caché. Il pensait que pour que batte le coeur du monde il y avait un prix terrible à payer et que la souffrance du monde et sa beauté évoluaient l'une par rapport à l'autre selon des principes de justices divergents et que dans cet abyssal déficit de sang des multitudes pourrait être le prix finalement exigé pour la vision d'une seule fleur."
DR1

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dimanche 20 juillet 2008

A.B. - The Rocky Mountains, Lander's Peak
(1863)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre américain Albert Bierstadt (1830–1902), né en Allemagne et émigré aux États-Unis dans son enfance. Il est l’un des peintres emblématiques de l’école de l'Hudson et du courant plus large de la peinture de paysage américaine du XIXe siècle. Formé à Düsseldorf, en Allemagne, où il assimile la rigueur du dessin académique et l’héritage romantique, il transpose cette esthétique à la grandeur des paysages américains.

A.B. - Storm clouds (c.1880)
Bierstadt se distingue par ses représentations spectaculaires de l’Ouest américain, qu’il découvre au cours d’expéditions menées dans les années 1860. Il y peint en virtuose des scènes grandioses - vallées embrumées, cimes enneigées, lacs aux reflets irréels -, des tableaux qui ne relèvent pas du simple naturalisme mais visent à susciter l’émerveillement, à exalter la beauté et la majesté d’un territoire alors encore largement inexploré par l'Amérique urbaine. On y retrouve une dimension quasi mystique, voire patriotique, qui a contribué à forger une mythologie visuelle du continent. Certains ont critiqué son goût du sublime et ses effets parfois jugés trop emphatiques, mais Albert Bierstadt n’en reste pas moins une figure majeure de la peinture américaine, à la croisée du romantisme européen et de l’imaginaire national. Ses œuvres, souvent de très grand format, témoignent d’un moment où l’art s’empare de la nature pour en faire le miroir d’une vision idéalisée du progrès et de la destinée américaine. "The continual slaughter of native species must be halted before all is lost. The magnificent beauty of the natural world is a manifestation of the mysterious natural laws that will be forever obscured from us."

RP1 ICI