In girum imus nocte et consumimur igni

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samedi 2 juillet 2022

Yue Minjun - Untitled

Une image et des mots. Un tableau du chinois Yue Minjun, déjà présenté ici le 18 février 2017.
Pour l'accompagner, voici quelques lignes de l'essayiste et activiste indienne Arundhati Roy, auteur également de romans comme Le Ministère du bonheur suprême et Le Dieu des petits riens.

Notre stratégie devrait être non seulement de combattre l'empire, mais aussi de l'assiéger. De le priver d'oxygène. De lui faire honte. De le moquer. Avec notre art, notre musique, notre littérature, notre entêtement, notre joie, notre intelligence, notre totale détermination - et notre capacité à raconter nos propres histoires. Des histoires qui sont différentes de celles que l'on veut nous faire croire.

samedi 18 février 2017

Y. Minjun - The massacre at Chios (1994)
Une image et des mots. L'image, c'est cette effrayante hilarité forcée des personnages de Yue Minjun (b.1962), sosies démultipliés du peintre.
Elle me fait penser à ce qu'écrit Günther Anders dans son ouvrage "L'obsolescence de l'homme", même si le propos du peintre n'est pas celui du philosophe.

Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s'y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d'Hitler sont dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l'idée même de révolte ne viendra même plus à l'esprit des hommes. 
L'idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées. Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l'éducation, pour la ramener à une forme d'insertion professionnelle. Un individu inculte n'a qu'un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l'accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l'information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif.
[.....] On diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l'émotionnel ou l'instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d'empêcher l'esprit de penser.
[.....] En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l'existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d'entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l'euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté.
[.....] L'homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu'il est : un veau.

JP4 ICI