In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 26 mai 2024

Ben Shahn - Circleville, Ohio (1938)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de l'artiste américain d'origine lithuanienne, peintre (voir nov.2022) et photographe, Ben Shahn (1898-1969).
Émigré en 1902 avec sa mère et ses deux frères aux États-Unis, suite à l'exil de son père en Sibérie, Ben Shahn vit à Brooklyn, New York, où il va s'initier à la lithographie.
Au début des années 1930, Ben Shahn s’éloigne de l’art moderne européen pour se tourner vers une esthétique réaliste et percutante qu’il qualifie de "vision sociale".
Il y aborde les grandes questions qui animent alors le débat public. Cette évolution vers le réalisme social est profondément influencée par son engagement politique à gauche et son intérêt pour l’impact culturel des médias de masse, en pleine expansion à cette époque.
Ben Shahn

Shahn découvre la photographie à travers les reproductions en rotogravure publiées dans les journaux et magazines, qui nourrissent ses peintures engagées et ses caricatures satiriques. Ces clichés d’actualité inspirent des œuvres marquantes comme sa célèbre série de gouaches The Passion of Sacco and Vanzetti ou encore The Mooney Case, qui adoptent une approche quasi journalistique saluée par ses contemporains. Mais bien que Shahn soit alors principalement reconnu comme peintre, muraliste et graphiste, il va rejoindre les rangs du mouvement documentaire social et produire à ce titre des photographies remarquables, comme en témoignent ces deux visages de l'Amérique rurale de la Grande Dépression.

GV1
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samedi 25 mai 2024

Giovanni Strazza - La Vierge voilée (1860)
Une image et des mots. Cette sculpture fascinante de Giovanni Strazza représente une figure féminine au visage délicatement voilé, donnant l'illusion que le voile est translucide. Ce voile, qui révèle subtilement les traits sous-jacents, est souvent symbole de pureté et de chasteté ; ici, sur le visage de la Vierge Marie, il est aussi sans doute une allégorie de la sainteté et du mystère divin, un symbole de l'inaccessibilité de la divinité à la compréhension humaine.

De toutes les vertus, si c'en est une, la pureté est peut-être la plus difficile à appréhender, à saisir. Il faut bien que nous en ayons pourtant l'expérience : que saurions-nous autrement de l'impur ?
Mais c'est une expérience d'abord étrangère, et douteuse. 
La pureté des jeunes filles, ou de certaines d'entre elles, m'a toujours fortement touché. [...]
Moi qui n'ai rien tant aimé que la pureté, rien tant désiré que l'impur, se pourrait-il que j'ignore ce qu'elles ou ce qu'ils sont ? Pourquoi non ? Il en va peut-être de la pureté comme du temps selon saint Augustin : si personne ne me demande ce qu'elle est, je le sais ; mais si on me le demande et que je veuille l'expliquer, je ne le sais plus. La pureté est une évidence et un mystère.
André Comte-Sponville, Petit Traité des grandes vertus (1995).
LB1

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dimanche 19 mai 2024

Joaquim Eskildsen - Seija's room (2000)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe danois Joaquim Eskildsen, déjà présenté ici en décembre 2020.

J.E. - ApùliaBluetide serie











Photographing is to me a very personal matter. To me, it is essential to believe in a better world, in mankind, and in there being a sense to it all. I try to collect photographs of a world that I can believe in, that gives me hope and moments of magic.
AR1

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dimanche 12 mai 2024

D.G. - An honest day wages

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'illustrateur américain Danny Galieote. Formé à l'Art Center College of Design de Pasadena, ce natif de Burbank a commencé sa carrière comme animateur et artiste conceptuel chez Disney, où il a participé à des films emblématiques comme Le Roi Lion et Pocahontas.
Cette expérience a profondément influencé son style qui - combinant des lignes fluides, une composition rigoureuse, et une attention au détail qui évoque l'esthétique de l'animation traditionnelle -, reflète une profonde admiration pour la tradition figurative et le réalisme narratif. 

D. Galieote - The picnic
Les œuvres de Galieote, qui mêlent des influences du réalisme social, du régionalisme américain et de l’iconographie hollywoodienne, s’inspirent de l’esthétique de l’Amérique des années 1930 à 1950. Galieote y explore les thèmes de la vie quotidienne, des interactions humaines et des rituels sociaux, tout en leur insufflant une modernité subtile. Ses compositions, souvent empreintes de nostalgie, utilisent des palettes lumineuses et des contrastes nets, avec une maîtrise technique qui rappelle des artistes comme Edward Hopper ou Norman Rockwell. Les récits silencieux de Danny Galieote , où chaque détail, qu’il s’agisse d’une posture, d’un regard ou d’un objet, participe à la narration, sont avant tout un hommage à l'histoire culturelle américaine.

dimanche 5 mai 2024

W. Ronis - Belleville, Paris (1947)
Le vide-grenier du dimanche. En ce joli mois de mai, deux clichés du photographe français Willy Ronis (1910-2009), déjà présenté en septembre 2009. Grande figure de la photographie humaniste, Willy Ronis fait ses débuts dans la photographie à l'âge de 18 ans, d'abord en dilettante, puis à partir de juin 36 comme reporter-photographe indépendant. C'est un mois après, à l'occasion du défilé pour la victoire du Front Populaire rue Saint-Antoine, qu'il prend ce cliché d'une petite fille coiffée du bonnet phrygien ; c'était le 14 juillet 1936.
W.R. - Victoire du Front Populaire (1936)








Désormais, Willy Ronis ne cessera de documenter les mouvements sociaux et les petites luttes du quotidien, en posant toujours un regard digne et profond sur ses "frères humains" ; des vies difficiles, mais pleines d'espoir, de force et de ferveur. Il sera choisi par Edward Steichen (voir mars 2010) pour figurer dans sa grande exposition itinérante The Family of Man, montée en 1955 pour célébrer l'universalité de l'aventure humaine.

samedi 4 mai 2024

Zurbarán - Allégorie de la charité (détail)
(c.1655)
Une image et des mots. Un détail du tableau de Francisco de Zurbarán (1598-1664), l'Allégorie de la charité, que l'on peut admirer au Musée du Prado.

L'amour - nous y vivons, nous le respirons, nous le traversons. Sans cesse. Et pourtant nous n'y comprenons rien, ou presque, quand il surgit. Il naît et meurt en nous sans que nous le pressentions : nous ne l'apercevons que bien après son surgissement, et nous l'avons déjà tué depuis longtemps que nous le croyons toujours vivant. Il se déploie à travers nous, plus qu'en nous, comme sans nous. Sans cause, n'a-t-il donc aucune raison ? Nous concluons en effet qu'il n'obéit à aucune logique, pathos sans rigueur, délire sans borne, drogue de drame...
Il reste pourtant une autre voie : l'amour se dispense de toutes les logiques du monde, parce qu'il recèle et déploie de lui-même "... une raison merveilleuse et imprévue ..." (Rimbaud). L'amour suit une raison, mais la sienne, pas celle du monde. La sienne, absolument autre, paradoxale et invisible à ceux qui n'aiment pas. La penser et la dire, cela semble encore impossible. Du moins peut-on déjà en esquisser les prolégomènes : le mal, la liberté, l'éblouissement, la croisée des regards, la crise, l'absence. Et, dès ces préparations, l'amour impose déjà son autre nom - la charité.
Jean-Luc Marion, Prolégomènes à la charité (1986)
PS5

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