In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 30 juillet 2023

N.McD. - Shoreditch High Street London
(2008)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe écossais Niall McDiarmid (b.1967), que j’ai découvert avec Crossing Paths: A Portrait of Britain, une compilation publiée en 2013 de portraits réalisés dans plus de 120 villes anglaises, écossaises et galloises. McDiarmid y met en lumière la diversité ethnique et sociale du Royaume-Uni. À la fois œuvre d’art et témoignage social, sa photographie de rue reflète les réalités contemporaines britanniques et célèbre la richesse humaine du quotidien à travers des compositions pleines de couleurs et de sensibilité (voir ICI).

N.McD. - Summerstown (2017)
Il cite parmi ses influences Diane Arbus, Joel Sternfeld (American Prospects) ou encore Daniel Meadows.
I’m interested in changing populations, changing communities, and multiculturalism… I began to see how people’s clothing often matched or clashed with the colours of shopfronts and billboards, and I tried where I could to combine these.

RP3
ICI

samedi 29 juillet 2023

Barthelemy l'Anglais - De proprietatibus rerum
Une image et des mots. 
Il meurt lentement celui qui ne voyage pas, [....] il meurt lentement celui qui ne change pas de cap, écrivait Néruda.
Cette belle enluminure, oeuvre de Barthélémy l'Anglais, frère franciscain de la famille des comtes de Suffolk, est extraite de son encyclopédie en 19 tomes rédigée en latin "De proprietatibus rerum" (Les propriétés des choses) (ca.1230). Traduite en six langues, elle l'a été en français dès le 14ème siècle par l'ermite de Saint Augustin Jean Corbichon.
Les mots que j'ai choisis pour aller avec sont de l'homme aux semelles de vent ...

Comme je descendais des fleuves impassibles
je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.

J'étais insoucieux de tous les équipages,
porteurs de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
les fleuves m'ont laissé descendre où je voulais.
Arthur Rimbaud, Le bateau ivre (1871)
CG2

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dimanche 23 juillet 2023

D. Jordano - Detroit (2016)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Dave Jordano (b.1948).
Originaire de Detroit, la « Motor City », il étudie au College for Creative Studies, dont il sort diplômé en 1974, avant de s’établir à Chicago comme photographe commercial. Il s’y consacre aujourd’hui à la photographie documentaire.

D.J. - Sandy's convenient n°2, Wilson, NC
(2018)
Son travail le plus connu reste Detroit: Unbroken Down, une série poignante consacrée aux habitants de sa ville natale dans les années qui ont suivi la crise économique et le déclin industriel.
Plutôt que de céder aux images convenues d’une ville en ruine, Jordano s’attache à révéler la part humaine de Detroit : des visages, des vies, une dignité - celle d’une communauté qui persiste, entre fragilité et espérance.

WL2
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dimanche 16 juillet 2023

G.Tooker - Girl with basket (1987)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre américain George Tooker (1920-2011), formé à l'Art Students League of New York et déjà présenté dans ce blog en juin 2008.
Souvent rattachée - un peu trop facilement peut-être - au réalisme magique, sa peinture traduit l’isolement, l’angoisse et la désillusion de la vie urbaine moderne, tout en dénonçant l’absurdité bureaucratique et la déshumanisation du monde contemporain.
Formé à la Art Students League of New York par Reginald Marsh et Kenneth Hayes Miller, figures emblématiques du réalisme social, Tooker revendiquait aussi l'influence de Piero della Francesca et Paolo Uccello, dont il admirait la rigueur et la lumière.
G. Tooker - Sleepers I (1951)

Ses toiles, baignées d’une clarté douce et irréelle, dépassent la simple figuration : elles offrent une méditation sur la condition humaine.
Je cherche à peindre la réalité imprimée si fortement dans notre esprit de façon qu'elle revient comme un rêve, mais je ne cherche pas à peindre les rêves en tant que tels, ni l'imaginaire. Et ailleurs : J'ai toujours cherché à créer des oeuvres d'art qui ont une certaine signification sociale, mais qui sont en même temps universelles et intemporelles.

JR1

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dimanche 9 juillet 2023

J.Pirotte - Mineur polonais (1947)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de la photographe Julia Pirotte (1908-2000), née Golda Perla Diament dans une famille modeste de la région de Lublin, en Pologne, où son père travaillait comme mineur. Militante au sein des jeunesses communistes, elle est arrêtée à 17 ans et passe quatre années en prison. En 1934, elle parvient à fuir son pays grâce au Secours rouge et rejoint sa sœur réfugiée en France.
Après la Seconde Guerre mondiale, de 1945 à 1949, entre 60 000 et 70 000 Polonais installés en France choisissent de rentrer au pays pour participer à sa reconstruction - un mouvement que l’on appelle la Reemigracja. Parmi eux, environ 6 000 mineurs du Nord–Pas-de-Calais repartent vers les mines de Silésie, dont le charbon est alors essentiel au relèvement de la Pologne.
J.P. - Varsovie (1947)

Julia Pirotte accompagne ce mouvement en Silésie, où elle photographie le retour des familles, les convois ferroviaires, les nouveaux logements ouvriers et la vie quotidienne de ces rapatriés. Ses images, d’une grande humanité, témoignent à la fois de l’espoir d’un nouveau départ et de la dureté des conditions de travail. On y retrouve son regard empathique, forgé par l’expérience de l’exil et de la résistance.
Pendant la guerre, elle avait en effet rejoint la Résistance à Marseille, où elle réalise ses premiers reportages photographiques pour le journal Dimanche Illustré. Armée d’un Leica, elle documente la vie sous l’Occupation, les maquis, et la Libération de la ville en août 1944. Ces images, à la fois directes et profondément humaines, comptent parmi les plus fortes du photojournalisme de cette période.
De retour en Pologne après la guerre, Julia Pirotte continue à photographier la reconstruction du pays et les premières années du régime socialiste. Son œuvre, à la croisée du témoignage et de l’engagement, illustre la conviction que la photographie peut être un outil de mémoire et de justice.

PG12

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dimanche 2 juillet 2023

D. Eddy - A thousand sleepless nights III (2012)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre hyperréaliste Don Eddy (b.1944), un des pionniers du photoréalisme.
Pour préparer ses compositions, il a recours à ce qu’il appelle la mise au point universelle (Universal Focus) : plusieurs dizaines de photographies prises sous des angles et des distances variés afin qu’aucune zone ne reste dans le flou.
Il recompose ensuite ces images à l’aérographe, par milliers de points, dans une démarche quasi scientifique qui traduit pourtant une forme de méditation - Eddy qualifie volontiers sa peinture de « bouddhiste ».
D. Eddy - 4 VW (1971)

Connu pour la précision vertigineuse de ses représentations d’automobiles, de vitrines ou de paysages urbains, il s’attache à révéler la beauté des surfaces et des reflets, tout en interrogeant notre rapport à la perception et à la réalité.
Faut-il, comme le suggérait le philosophe anglais John Ruskin, que l’art transcende le réel pour atteindre la beauté ? Don Eddy semble répondre qu’il peut aussi la trouver dans la fidélité absolue au visible.

samedi 1 juillet 2023

Carl Warner - Foodscape
Une image et des mots. L'image, c'est une oeuvre comestible du photographe anglais Carl Warner (b.1963), de sa série foodscapes.

Les mots pour l'accompagner sont un extrait d'une fable de La Fontaine, dont les protagonistes sont un rat "de peu de cervelle" et une huître hédoniste.

[.....]
Parmi tant d'huîtres toutes closes,
Une s'était ouverte, et baillant au soleil,
Par un doux zéphir réjouie,
Humait l'air, respirait, était épanouie,
Blanche, grasse, et d'un goût, à la voir, non pareil.
D'aussi loin que le rat voit cette huître qui baille :
"Qu'aperçois-je ? dit-il, c'est quelque victuaille ;
Et, si je ne me trompe à la couleur du mets,
Je dois faire aujourd'hui bonne chère, ou jamais."
Là-dessus maître Rat plein de belle espérance,
Approche de l'écaille, allonge un peu le cou,
Se sent pris comme aux lacs, car l'huître tout d'un coup
Se referme, et voilà ce que fait l'ignorance.

Cette fable contient plus d'un enseignement.
Nous y voyons premièrement :
Que ceux qui n'ont du monde aucune expérience
Sont aux moindres objets frappés d'étonnement ;
Et puis nous y pouvons apprendre
Que tel est pris qui croyait prendre.
Jean de La Fontaine, Le rat et l'huître (1678)

Albert Rieger - Clair de lune Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et photographe autrichien Albert Rieger (1834-1905), form...