| Karl Holtz - Rue de Berlin (1920) |
Le vide-grenier du dimanche. Formé à Berlin par Emil Orlik et Ludwig Sütterlin à l’Institut du Musée des arts appliqués, Holtz s’impose dès les années 1920 comme l’une des voix les plus acérées de la satire politique allemande. Pendant la révolution de Novembre, qui ouvre la voie à la République de Weimar, il publie dans Die Aktion et The Red Flag des dessins qui dénoncent les injustices sociales et les dérives du pouvoir. Ses caricatures, mordantes, reflètent la tension politique de son temps - jusqu’à l’arrivée du nazisme, qui met brutalement fin à sa carrière.
En 1933, il est frappé d’interdiction professionnelle et se tourne vers le graphisme publicitaire.
Quatre ans plus tard, douze de ses lithographies sont confisquées lors de la campagne contre « l’art dégénéré » ; certaines seront détruites.
Après 1945, Holtz s’installe en Allemagne de l’Est, où il collabore au magazine satirique Ulenspiegel et poursuit son travail d’artiste engagé. Mais une caricature de Staline publiée par le Nebelspalter suisse lui vaut d’être arrêté : en 1949, un tribunal militaire soviétique le condamne à 25 ans de prison. Il sera libéré par grâce en 1956, sans réhabilitation.
Moins connu que certains de ses contemporains, Karl Holtz demeure pourtant une figure marquante de l’art politique allemand du XXᵉ siècle - témoin courageux d’une époque où la satire pouvait coûter la liberté.

