Bernard Plossu - Françoise |
Le vide grenier du dimanche. Deux clichés du photographe-voyageur français Bernard Plossu, tous deux consacrés à sa compagne Françoise Nuñez, qui vient de brutalement disparaître la veille de Noël. Assistante de Jean Dieuzaide à la fin des années 70, elle était elle-même photographe et grande voyageuse.
Né en 1945 dans le sud du Vietnam, Bernard Plossu découvre la photographie à l'âge de 13 ans, à l'occasion d'un voyage avec son père dans le Sahara.
Son travail se distingue par une approche intime et poétique de la photographie de voyage et de paysage ; il est très influencé par le cinéma qui le passionne et dont il s'est nourri pendant son adolescence à Paris, où il fréquentait assidument la cinémathèque plutôt que d'aller en cours.
Plossu n'a pas cessé de photographier le monde : l’Inde, le Mexique, les États-Unis, l'Afrique, et bien sûr la France. Son premier reportage il le réalise au Mexique à l'âge de 20 ans en se joignant à une expédition ethnographique dans le Chiapas ; 15 ans plus tard il en fera un livre, "Le voyage mexicain" (1979). Dès lors les voyages vont se succéder, et autant de reportages en couleur, à l'occasion desquels va naître son idée du "surbanalisme" :
En 1970, je me suis rendu compte que les choses les plus banales étaient en fait extraordinairement surréalistes ! D’où la contraction des deux mots. Le «surbanalisme» est un pied de nez au surréalisme souvent pompier ! Selon moi, pas mal de mauvaises œuvres en ont trop fait sous l’étiquette facile de surréel. Des photos nulles de sandwiches, des images faussement délirantes ont été réalisées. Ça m’a permis de dire que rien n’est plus surréel que le banal ! (Culturopoing de novembre 2015).
Rapidement, Bernard Plossu va toutefois privilégier le noir et blanc et l'emploi exclusif de la focale 50mm, l'optique à vision humaine. Sa manière unique de capturer l'essence des lieux lui permet alors de créer des images qui dépassent la simple documentation pour offrir une vision personnelle, plus introspective, emplie de détails subtils et à l'atmosphère douce et parfois mélancolique. C'est vrai que l'usage du noir et blanc accentue le côté intemporel et universel des photographies, tandis que les expérimentations de Plossu avec le flou et les angles inattendus révèlent son approche instinctive et poétique.
Son travail est largement exposé dans les musées et galeries à travers le monde ; sa vision du monde, empreinte de simplicité et de poésie, continue de captiver et de marquer profondément le champ de la photographie contemporaine.