In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 26 août 2018

Ernst Haas - Last D.P. boat (1950)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe austro-américain Ernst Haas (1921-1986), déjà présenté ici en octobre 2011. Né à Vienne et formé d’abord à la peinture, Haas rejoint Magnum après la guerre grâce à Robert Capa, et s’installe à New York en 1950. S’il est célèbre pour ses explorations de la couleur, de la lumière et du mouvement à partir des années 1950, il a également réalisé de nombreux reportages documentaires dans l’immédiat après-guerre, abordant des sujets sociaux et humains avec la même exigence visuelle.

E.H. - White Sands, New Mexico
(1952)
La première photographie, qui donne à voir le dernier D.P. boat (Displaced Persons boat) à son arrivée à Ellis Island en 1950, en est une illustration.
En vertu de la loi sur les personnes déplacées (le Displaced Persons Act de 1948) signée par le Président Truman pour permettre après la guerre leur accueil aux États-Unis, des milliers de réfugiés européens, Polonais, Lituaniens, Tchèques..., pour beaucoup des Ostarbeiter - des travailleurs d'Europe de l'Est qui avaient été employés dans les usines et les fermes allemandes -, ou des survivants des camps de concentration, ont ainsi embarqué pour un Nouveau Monde : the modern composite nation, form’d from all, with room for all, écrivait Walt Whitman. Des mots pour souligner que l’accueil des réfugiés et la construction d’une société ouverte et diverse sont au cœur d'une société fraternelle...
CH1

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dimanche 19 août 2018

A. Volkov - Moonlit road (2005)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre russo-américain Alexander Volkov (b.1960). Après une formation scientifique - il est diplômé en physique de l’université de Leningrad - et un passage par le cinéma d’animation et le théâtre, il s’oriente vers la peinture et participe dès le début des années 1980 aux groupes d’artistes indépendants de Leningrad. Installé aux États-Unis depuis 1989, il vit et travaille dans le New Jersey où il s’est imposé comme un maître du paysage, de la nature morte et de la scène de genre. Volkov se définit à demi-mot comme un autodidacte et revendique une filiation choisie : de Turner, Vermeer, Hals et Rembrandt à Hopper, Parrish et Wyeth, sans oublier la musique de Satie ou les films de Tarkovski.
A.V. - Moontide (2018)

De cette constellation d’influences naît une peinture à la fois réaliste et poétique ; ses toiles, inspirées de la campagne américaine où il vit depuis plus de trente ans, s’attachent aux variations de lumière qui marquent le glissement subtil des saisons, à ces instants où un monde familier se charge de mystère.
Il n'y a pas pour moi de plus grand mystère que le conflit de l'ombre et de la lumière. Dans la manière de se rencontrer et de se pénétrer l'un l'autre, il y a la source de toute chose. Que je peigne un paysage, une nature morte ou un portrait, il y a toujours là une histoire de la lumière qui voyage à travers l'obscurité.
Notez qu'il y a autant d’Alexander Volkov que de John Smith. Si vous vous intéressez à son travail et voulez en découvrir davantage, attention à ne pas le confondre avec Alexandre Nikolaïevitch Volkov, peintre et poète russe d’avant-garde (1886-1957), ni avec le tennisman ou le combattant de MMA…
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samedi 18 août 2018

Frederik de Wit - Planisphaeri coeleste (c.1700)
Une image et des mots. Planisphæri cœleste, une carte céleste du cartographe hollandais Frederik de Wit (1670), et, de la même époque (c.1700), une carte du ciel des indiens Pawnee dessinée sur une peau de cerf; découverte dans le Nebraska,
elle est aujourd'hui conservée au Musée d'Histoire Naturelle de Chicago.
Les mots sont de Jack Kerouac, extraits de Seul au sommet d'une montagne (publié dans le recueil Le vagabond solitaire, 1960)

Carte du ciel des indiens Pawnee
« Thinking of the stars night after night I begin to realize. "The stars are words" and all the innumerable worlds in the Milky Way are words, and so is this world too.
And I realize that no matter where I am, whether in a little room full of thought, or in this endless universe of stars and mountains, it’s all in my mind.
There’s no need for solitude.
So love life for what it is, and form no preconceptions whatever in your mind. »
Jack Kerouac - Alone on a mountaintop (in Lonesome traveler, 1960)

***

" À force de penser aux étoiles toutes les nuits, je commence à comprendre : «Les étoiles sont des mots » et tous ces mondes innombrables de la Voie Lactée sont des mots, et notre monde en est un lui aussi.
Et je m’aperçois d’une chose : quel que soit l’endroit où je me trouve, dans une petite chambre pleine de mes pensées ou dans cet univers infini d’étoiles et de montagnes, tout est en moi.
Il n’y a aucun besoin de solitude. Il faut donc aimer la vie pour ce qu’elle est et ne se faire aucune idée préconçue quoi qu’on ait en tête."
CA1

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dimanche 12 août 2018

R. Dufy - Promenade des Anglais (1928)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres, à l'aquarelle et au pastel, de Raoul Dufy (1877-1953). La première, réalisée à Nice, offre une vue sur la Baie des Anges depuis le tournant de la Promenade des Anglais. La seconde, œuvre de jeunesse, se situe au Havre, sa ville natale et de cœur. C’est là, à partir de 1893, qu’il commence son apprentissage de la peinture aux cours du soir dispensés par Charles Lhuillier à l’École municipale des beaux-arts, où il rencontre Othon Friesz, futur ami fidèle et compagnon d’atelier à Montmartre. Une bourse lui permet d’intégrer en 1900 l’École des beaux-arts de Paris, dans l’atelier de Léon Bonnat, où il retrouve Friesz.

R.D. - L'estacade à Sainte-Adresse
(1902)
D'abord influencé par Eugène Boudin (voir publication de juillet 2017) et l'impressionnisme, Dufy découvre ensuite Signac, Matisse et le fauvisme, puis Cézanne ; progressivement, la couleur prend le pas sur le trait, débordant le dessin en "flaques juxtaposées", comme le montre - ci-dessus- l'oeuvre niçoise.
"Une silhouette est un mouvement, non une forme. [...] Manier des couleurs et des lignes, n'est-ce pas une vraie diplomatie, car la vraie difficulté c'est justement d'accorder tout cela".
La peinture de Raoul Dufy célèbre la joie de vivre et le mouvement ; l’énergie et la gaieté de ses compositions, parcourues de lignes sinueuses et d’éclats de couleur, font de lui un maître de la peinture légère et solaire du XXᵉ siècle.

JS1
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dimanche 5 août 2018

Bruce Gilden - série Lost and found (1979)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Bruce Gilden (b.1946). Natif de New York, où il vit encore aujourd'hui, il fait des études de sociologie à l'Université de Pennsylvanie.
C'est le film Blow-Up, d'Antonioni (1968) qui le pousse à acheter son premier appareil photo et à s'inscrire aux cours du soir de la School of Visual Arts de New York. 

B.G. - série Lost and found (1978)


La photographie incisive de Gilden est réputée sans concessions, avec le recours fréquent au flash pour éclairer ses sujets de manière directe et parfois peu flatteuse. Ses portraits de rue, souvent pris de très près et avec une intensité presque agressive, captent des visages en gros plan, révélant rides, cicatrices, émotions brutes et expressions humaines crues.
If you can smell the street by looking at the photo, then it's a street photograph.
Et en effet Bruce Gilden appartient à cette tradition documentaire de la street photography, mais son approche théâtralise la réalité urbaine, en combinant humour, critique sociale et fascination pour l’excentricité de ses contemporains. Son style audacieux et parfois controversé alimente les débats sur l’éthique de la photographie de rue, mais c’est aussi ce mélange de proximité extrême et de réalisme cru qui fait la force et la singularité de son regard sur la ville et ses habitants.

TI1
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samedi 4 août 2018

Aegidii Albertini Hirnschleiffer
Une image et des mots. Cette illustration, un renard avec un masque, est tirée d'un ouvrage intitulé  Aegidii Albertini Hirnschleiffer et publié pour la première fois en 1618 à Munich.
Aegidius Albertinus (vers 1560-1620) était un écrivain, traducteur et éditeur allemand d'origine flamande qui a joué un rôle clé dans la diffusion des idées catholiques en Allemagne pendant la Contre-Réforme.
Le titre Hirnschleiffer, pourrait être une métaphore ou un terme symbolique en allemand ancien ; Hirn signifiant "cerveau" et Schleiffer (aujourd'hui Schleifer) "aiguisoir" ou "affuteur". Le titre pourrait donc se traduire approximativement par "L’aiguiseur d’esprit", suggérant un texte destiné à affiner ou éveiller l’intellect, potentiellement un ouvrage de nature religieuse, philosophique ou morale. 
Je n'en sais pas plus sur le contenu de cet ouvrage ; mais pour aller avec l'illustration, voici quelques lignes d'Hannah Arendt, extraites de "La crise de la culture" (1954).

Il n'a jamais fait de doute pour personne que la vérité et la politique sont en assez mauvais termes, et nul, autant que je sache, n'a jamais compté la bonne foi au nombre des vertus politiques. Les mensonges ont toujours été considérés comme des outils nécessaires et légitimes du métier de politicien et de démagogue.
NH1

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