In girum imus nocte et consumimur igni

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samedi 18 août 2018

Aegidii Albertini Hirnschleiffer
Une image et des mots. Cette illustration, un renard avec un masque, est tirée d'un ouvrage intitulé  Aegidii Albertini Hirnschleiffer et publié pour la première fois en 1618 à Munich.
Aegidius Albertinus (vers 1560-1620) était un écrivain, traducteur et éditeur allemand d'origine flamande qui a joué un rôle clé dans la diffusion des idées catholiques en Allemagne pendant la Contre-Réforme.
Le titre Hirnschleiffer, pourrait être une métaphore ou un terme symbolique en allemand ancien ; Hirn signifiant "cerveau" et Schleiffer (aujourd'hui Schleifer) "aiguisoir" ou "affuteur". Le titre pourrait donc se traduire approximativement par "L’aiguiseur d’esprit", suggérant un texte destiné à affiner ou éveiller l’intellect, potentiellement un ouvrage de nature religieuse, philosophique ou morale. 
Je n'en sais pas plus sur le contenu de cet ouvrage ; mais pour aller avec l'illustration, voici quelques lignes d'Hannah Arendt, extraites de "La crise de la culture" (1954).

Il n'a jamais fait de doute pour personne que la vérité et la politique sont en assez mauvais termes, et nul, autant que je sache, n'a jamais compté la bonne foi au nombre des vertus politiques. Les mensonges ont toujours été considérés comme des outils nécessaires et légitimes du métier de politicien et de démagogue.

samedi 23 mai 2015

Eugenia Loli - Yerba buena
Une image et des mots. Un collage de l'artiste grecque Eugenia Loli, de sa série Oh l'amour (2014).
Pour aller avec, quelques lignes d'Hannah Arendt, extraites de l'ouvrage Du mensonge à la violence.

Un des traits marquants de l'action humaine est qu'elle entreprend toujours du nouveau, ce qui ne signifie pas qu'elle puisse alors partir de rien, créer à partir du néant. On ne peut faire place à une action nouvelle qu'à partir du déplacement ou de la destruction de ce qui préexistait et de la modification de l'état de choses existant. 
Ces transformations ne sont possibles que du fait que nous possédons la faculté de nous écarter par la pensée de notre environnement et d'imaginer que les choses pourraient être différentes de ce qu'elles sont en réalité. Autrement dit, la négation délibérée de la réalité - la capacité de mentir -, et la possibilité de modifier les faits - celle d'agir - sont intimement liées ; elles procèdent l'une et l'autre de la même source : l'imagination.

samedi 17 janvier 2015

The Hoecker Album - Laughing at Auschwitz (1942)
Une image et des mots.
- Tout homme est disposé à faire des actions variées, et on ne peut exclure que le Mal, dans des conditions spéciales s'y développe. Mais par chance, vous et moi...
- Ah, moi je ne sais pas!
- De toute façon moi non plus je ne sais pas. Personne d'entre nous ne sait...
Gustaw Herling, Variations sur les ténèbres (1999).


À quelques jours de commémorer le 70ème anniversaire de la libération par l'Armée Rouge du camp d'Auschwitz, cette image tirée d'un album-souvenir ayant appartenu à l'officier SS Karl Hoecker (au centre) nous confronte à une réalité glaçante. Ces visages hilares sous l'averse sont ceux d'une partie du personnel du camp d'extermination qui s'amuse pendant une pause ; car cette photo n'a pas été prise avant l'holocauste, ni après..., mais pendant. Et elle porte la légende suivante : Regen aus heiteren Himmel (une pluie dans un ciel clair).
Ce qu'illustre ce cliché c'est le concept, développé par la philosophe Hannah Arendt, de la banalité du mal. Ces gens ne ressemblent pas à des monstres ; ils ressemblent à des individus ordinaires, à des centaines de millions d'insouciants sympathiques qui constituent sous toutes les latitudes le ventre mou de l'humanité. Tous ceux parmi nous qui disent "oh moi la politique.." ou bien encore "je ne fais qu'obéir aux ordres...", et qui sur un air d'accordéon s'amusent sans états d'âme, pendant que fument les cheminées des fours.
Ces gens aux visages rayonnants, et qui goûtent un moment de détente dans une journée monstrueuse, sont-ils nés inhumains ? Sont-ils, par un improbable hasard, l'impossible réunion au même moment et au même endroit des pires psychopathes que la terre ait portés ? Non, sans doute. Ces visages sont ceux de gens ordinaires qui ont basculé dans l’indicible par passivité, par obéissance, par lâcheté, par aveuglement. Et nous ? Si nous détournons nos regards, si nous nous réfugions dans l’indifférence ou l’excuse de la neutralité, ne pourrions-nous pas nous aussi, un jour, porter ces visages de bourreaux ordinaires ?
Des idées de lectures? Eichmann à Jérusalem ; rapport sur la banalité du mal (1963), d'Hannah Arendt, ou encore Un si fragile vernis d'humanité ; banalité du bien, banalité du mal (2005), de Michel Terestchenko.

A.M. - Vieux coeur de frêne Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe français Albert Monier (1915-1998), un de ceux dont l’œ...