In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 26 mai 2013

A. Bogolyubov - Moonlight at Pornic
(1867)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du russe Alexey Bogolyubov (1824-1896). Diplômé de l'école militaire, il sert dans la marine russe à partir de 1841 et navigue à travers le monde.
L'éducation d'un peintre de marines est des plus rudes et des plus pénibles, écrivait Valenciennes dans son Traité de 1799 sur la perspective.
Pour peindre la mer, il faut avoir navigué en toutes saisons, avoir passé des journées et des semaines au large.... Très influencé par Ivan Aïvazovski (voir mars 2011), c'est de fait pour ses marines que Bogolyubov s'est fait un nom.

A. B. - Tide in Pornic (1867)







En 1849 il entre à l'Académie des Beaux Arts de Saint Petersbourg où il suit jusqu'en 1853 l'enseignement de Maxim Vorobiev.  De 1854 à 1860 il parcourt l'Europe, l'Italie, l'Allemagne, et la France où il admire les peintres de l'école de Barbizon. Il s'y lie d'amitié avec Corot et Daubigny et va vivre en Normandie ; c'est à Paris qu'il finira sa vie.
RW2
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dimanche 19 mai 2013

William Eggleston - Untitled (c.1983)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain William Eggleston (b.1939), maître de la couleur; le premier fait partie de la série The Democratic Forest, publiée en 1989.

W. E. - The red ceiling (1973)







D'abord inspiré par le travail de Robert Frank, marqué par "l'instant décisif" de Cartier-Bresson, Eggleston délaisse rapidement le noir et blanc - alors seul considéré comme artistique -, pour photographier le quotidien de l'Amérique des 60s dans toute sa banalité - stations services, snack-bars, automobiles ... À la fin de la décennie il aura fait entrer la photographie couleur dans l'histoire de l'art.
C'est alors qu'il enseigne à Harvard qu'il découvre la technique d'impression du dye-transfer. Ce procédé coûteux permet une restitution des couleurs inégalable, et à propos de l'une de ses photographies les plus célèbres, The red ceiling, Eggleston dira qu'aucune reproduction n'a jamais rendu justice à la beauté du tirage original.

samedi 18 mai 2013

Klimt - L'arbre de vie (1904)
Une image et des mots. L’arbre vu par Gustav Klimt.
« L’arbre de vie » est le détail central de la fresque somptueuse (et somptuaire) réalisée par l'artiste à partir de 1904 dans le palais du banquier Adolphe Stoclet, à Bruxelles.
Ici se mêlent peinture naïve et Art nouveau, tradition médiévale et évocation japonaise…
Mais les teintes employées et la combinaison des motifs me fait aussi penser à certains tissus africains.
Le texte auquel je l’associe – même si le tableau par son titre et sa vigueur le conjure plutôt qu’il ne l’illustre – est donc extrait d’un des chants de griot réunis par le burkinabais Pacere Titinga dans son recueil La poésie des griots (ed. Silex).

Le grand caïlcédrat du village
sous les vents du soir a sombré
dans la terre amère ;
La jeunesse,
la jeunesse est perdue.

À elle s’adressent
les condoléances d’une histoire.
C’était au levant !
Hier !
C’était au couchant !
Hier !
J’étais encore avec mon père ;
seuls les dieux
comprennent la création.

dimanche 12 mai 2013

M. Dakowicz - Hope, Kolkata, India (2007)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photo-journaliste et photographe de rue polonais Maciej Dakowicz (b.1976).

M. D. - Cardiff, Wales (2011)
Dakowicz a vécu à Cardiff de 2004 à 2012 pour y compléter à l'université ses études en informatique commencées en Pologne, et c'est sa série consacrée aux nuits de la capitale galloise, Cardiff after dark, qui l'a fait connaître.
Il est membre de deux collectifs de photographes de rue, In-Public et surtout Un-Posed, un groupe créé pour promouvoir le travail de ses compatriotes.
Il est ensuite passé par Londres, pour s'installer à Bombay où il vit et travaille actuellement. The world is where you stop, disait Tomasz Tomaszewski, l'un des grands précurseurs de la photo de rue polonaise.

BH2

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dimanche 5 mai 2013

Escher - Autoportrait (1935)

Le vide-grenier du dimanche. Deux lithographies du célébrissime graveur hollandais Maurits Cornelis Escher (1898-1972), déjà évoqué ici le 6 février 2010. 

Escher - Reptiles (1943)

"My work is a game, a very serious game."
Comment faire un choix dans son oeuvre étourdissante, parmi ses architectures impossibles (voir Le belvédère), ses passages virtuoses de la deuxième à la troisième dimension (voir Dessiner), ses combinaisons et ses intrications de motifs qui peu à peu se transforment en de nouvelles figures (voir Le ciel et la mer)... Le monde artistico-mathématique d'Escher, dont le travail a été marqué par ses rencontres et son amitié avec les mathématiciens britanniques Penrose et Coxeter,  plonge dans un émerveillement constant.
"The things I want to express are so beautiful and pure."

samedi 4 mai 2013

Une image et des mots. Nous sommes la veille du 5 mai, jour de la mort de Napoléon Bonaparte.
Dans ses mémoires, publiées au Mercure de France, Louise de Prusse rapporte que lors d'une rencontre avec le roi de Prusse, l'Empereur examina le pantalon de son interlocuteur et lui demanda:
"Êtes-vous tous les jours obligé de boutonner tous ces boutons ? Est-ce que vous commencez par le haut ou par le bas ?"
On peut juger la remarque futile, inintéressant de la savoir et donc inutile de la rapporter. Mais tout de même......, que Bonaparte interpelle ainsi un souverain sur l'incommodité de sa braguette en dit long au contraire sur la personnalité de Bonaparte, et sur la domination absolue qu'il exerçait sur ses contemporains, qui qu'ils fussent...

Glissons donc du futile à l'inutile, à quoi, disait Bergson, nous devons savoir attacher du prix.... Les mots qui suivent sont l'incipit du très utile traité d'Abraham Flexner, De l'utilité du savoir inutile (1939).

N'est-il pas curieux que, dans un monde pétri de haines insensées qui menacent la civilisation elle-même, des hommes et des femmes de tout âge, s'arrachant en partie ou totalement au furieux tumulte de la vie quotidienne, choisissent de cultiver la beauté, d'accroître le savoir, de soigner les maladies et d'apaiser les souffrances, comme si, au même moment, des fanatiques ne se vouaient pas au contraire à répandre la douleur, la laideur et la souffrance ? Le monde a toujours été un lieu de misère et de confusion : or les poètes, les artistes et les scientifiques ignorent les facteurs qui auraient sur eux, s'ils n'y prenaient garde, un effet paralysant. D'un point de vue pratique, la vie  intellectuelle et spirituelles est, en surface, une forme d'activité inutile que les hommes apprécient parce qu'ils y trouvent plus de satisfactions qu'ils n'en peuvent obtenir ailleurs. On se demandera ici dans quelle mesure la poursuite de ces satisfactions inutiles s'avère en réalité, contre toute attente, la source dont procède une utilité insoupçonnée.

JP4 ICI