In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 30 mars 2008

Z. S. - Autoportrait au foulard (1911)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'artiste russe Zinaïda Serebriakova (1884-1967) dont la vie fut bouleversée par la Révolution d'Octobre et qui émigra à Paris en 1924.
Étant donné que - très logiquement - je ne publie ici que des artistes que j'aime ou/et qui m'intéressent, j'ai une fois de plus eu bien du mal à choisir les deux oeuvres présentées.

Z. S. - Panier avec des sardines (1930)
Parmi plusieurs autoportraits, dont un à la table de toilette que je trouve extrêmement moderne - j'ai finalement choisi celui-ci qui pourrait d'ailleurs être lui aussi celui d'une jeune femme bohème d'aujourd'hui...
Pour le second tableau, j'ai été très tenté par sa Terrasse à Collioure (sans doute aussi un autoportrait si l'on en juge par la présence du carton à dessins), mais finalement ce sera cette magnifique nature morte.

samedi 29 mars 2008

Willem van de Poll - Place Blanche (1936)
Une image et des mots. Voici une bien belle photo de la Place Blanche avec son Moulin Rouge, par le photographe de presse néerlandais Willem van de Poll. 
Si l'on regarde attentivement sous l'enseigne allumée au bas de l'affiche Cinzano, on peut lire le nom du bar Cyrano. C'était dans les années 20 un des cafés dans lesquels André Breton "faisait la révolution".
Comment résister au plaisir d'associer à ce cliché un extrait traduit d'une lettre adressée - en anglais, ICI - par Frida Kahlo, le 16 février 1939, à son amant le photographe Nickolas Muray, alors qu'elle séjourne à Paris pour y exposer ses oeuvres ?

Bon, quand tout a été plus ou moins réglé, comme je te l'ai expliqué, Breton m'a dit il y a quelques jours que l'associé de Pierre Colle, un vieux bâtard et fils de pute, avait vu mes tableaux et considéré que deux seulement pouvaient être exposés parce que le reste était trop choquant pour le public !! J'aurais pu tuer ce type et le bouffer ensuite, mais je suis tellement dégoûtée par toute cette affaire que j'ai décidé de tout envoyer au diable et de me tirer de ce foutu Paris avant de devenir dingue. Tu n'as pas idée du genre de salauds que sont ces gens. Ils me donnent envie de vomir. Ils sont si "intellos" et pourris que je ne peux plus les supporter. C'est vraiment trop pour moi. Je préfèrerais m'assoir par terre au marché de Toluca pour vendre des 'tortillas' que d'avoir encore affaire à ces putains d'"artistes" parisiens. Ils passent des heures à se réchauffer leur précieux derrière dans les cafés, à parler sans discontinuer de "culture", d'"art", de "révolution", et ainsi de suite, en se prenant pour les dieux du monde, en délirant sur les choses les plus absurdes et en polluant l'atmosphère avec des théories et des théories qui ne deviennent jamais réalité.
Le lendemain matin, ils n'ont rien à manger chez eux vu qu'aucun ne travaille, et ils vivent aux crochets d'un tas de riches vieilles peaux qui admirent le "génie" de ces "artistes". De la merde et rien que de la merde, voilà ce qu'ils sont. Je ne vous ai jamais vus, ni Diego ni toi, perdre votre temps en stupides commérages et en discussions "intellectuelles"; voilà pourquoi vous êtes de vrais hommes et pas des "artistes" bidon. Bon sang ! Ça valait le coup de venir, rien que pour voir pourquoi l'Europe est en train de pourrir, et pourquoi tous ces gens - des bons à rien - sont la cause de tous les Hitlers et Mussolinis. Je te parie ma vie que je vais haïr cet endroit et ses gens jusqu'à la fin de mes jours. Il y a chez eux quelque chose de tellement faux et irréel que ça me rend dingue.

J'aime bien Frida Kahlo.

dimanche 23 mars 2008

J. Brack - First daughter (1955)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre australien John Brack (1920-1999). Il fait partie, aux côtés de Charles Blackman, des frères Arthur et David Boyd, de Robert Dickerson, de John Perceval et de Clifton Pugh, du groupe des Antipodéens, formé pour affirmer l'importance de l'art figuratif en réaction à l'expressionnisme abstrait américain.

J.B. - North Balwyn tram terminus
(1954)
What I'm interested in in painting is people, of course, principally, how they live, how they behave, how they get the faces they deserve, how they can bear to put up with a life which seems so curiosly tragic.

dimanche 16 mars 2008

R. van der Weyden - Descente de croix (c.1435)
Le vide grenier du dimanche.
Cette larme, qui perle à l'oeil de Saint Jean, c'est un détail de la "Descente de croix", une commande de la confrérie des arbalétriers pour leur chapelle de Louvain, en Belgique. 










Peinte vers 1435, elle est l'oeuvre du primitif flamand Rogier van der Weyden (aka Rogier de la Pasture, c.1400-1464), un des trois grands fondateurs de la peinture flamande du 15e siècle avec Jan van Eyck et Robert Campin (dit le Maître de Flémalle) chez qui il entre très jeune en apprentissage.

Cette merveille fait partie des 14 chefs-d'oeuvre du Prado (visibles ici) numérisés en ultra-haute définition par Google Earth, rendant ainsi formidablement visibles le moindre coup de pinceau et la moindre craquelure.
En miniature aussi (cliquer pour agrandir), pour admirer encore la virtuosité du peintre, les larmes du personnage féminin situé derrière Saint Jean. Il s'agit de Marie Cléophas, demi-soeur de la Vierge.

dimanche 9 mars 2008

I. Cunningham - Morning mist (1911)
Le vide-grenier du dimanche. Au lendemain de la Journée internationale des droits des femmes, deux clichés de la photographe américaine Imogen Cunningham (1883-1976).
Beauty in photography is not just about capturing a technically perfect image ; it's about capturing the essence of your subject. It's about telling a story through your pictures.

I.C. - The unmade bed (1958)
Le premier cliché témoigne de l'influence qu'ont eue à ses débuts les tenants de la photo-secession, en particulier les pictorialistes, pour qui la photographie doit avant tout être une oeuvre  d'art.
Il s'agit d'un des deux tirages du même autoportrait. Le tirage clair présenté ici est intitulé "Morning mist and sunshine"; le tirage sombre, "In moonlight".
Pied-de-nez ? Dans son second cliché, Imogen Cunningham, la photographe scandaleuse du corps nu, nous donne à voir son absence.

dimanche 2 mars 2008

G.T. - Femme jouant du théorbe (1658)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre de genre néerlandais Gerard Terburgh (1617-1681), dit le Jeune, parfois orthographié Gerard ter Boch.
Évidemment j'aime beaucoup ces deux tableaux.

Gerard Terburgh
Adriaan Pauw arrivant à Munster (1646)

Le premier nous donne à voir une jeune femme qui joue du luth pour son soupirant ; devant elle, un cahier de chansons, un cadeau courant à cette époque entre deux amoureux.
Le second a valeur documentaire. Il nous montre l'arrivée à Munster, en 1646, de l'envoyé néerlandais Adriaan Pauw en 1646, dans le cadre des négociations commencées en 1641 et qui aboutiront en janvier 1648, avec le Traité de Münster, à la fin de la guerre de Trente Ans et à la guerre de Quatre-Vingts Ans (aussi appelée Révolte des Pays-Bas).

samedi 1 mars 2008

Anonyme - McAuley Cremorne Mission
Times Square NYC
(1985)
Une image et des mots. Conservé à la New York Historical Society, ce cliché fait partie de la collection de Eugene Gordon.
Dieu mort, restent les hommes, écrit Camus dans "L'homme révolté", c'est-à-dire l'histoire qu'il faut comprendre et bâtir.

Pour aller avec cette image, voici quelques lignes de l'écrivain suédois Stig Dagerman.
Je peux reconnaître que la mer et le vent ne manqueront pas de me survivre et que l'éternité se soucie peu de moi. Mais qui me demande de me soucier de l'éternité ?
[....] car à la vérité, il n'existe pour moi qu'une seule consolation qui soit réelle, celle qui me dit que je suis un homme libre, un individu inviolable, un être souverain à l'intérieur de ses limites.
Stig Dagerman, Notre besoin de consolation est impossible à rassasier (1952).

JP4 ICI