In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 30 juin 2013

Josef Koudelka - Irlande (1972)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe français d'origine tchèque Josef Koudelka  (b.1938). Ingénieur de formation, il se consacre à la photographie dans les années 1960 en documentant d’abord la vie des communautés roms en Tchécoslovaquie. Mais c’est en août 1968, avec ses images de l’invasion de Prague par les chars soviétiques, qu’il entre dans l’Histoire. Publiées anonymement à l’époque sous les initiales P.P. (Prague Photographer), ces photos deviennent emblématiques d’une résistance silencieuse. On le connaît aussi pour ses paysages désertés, presque post-apocalyptiques, publiés sous le titre Chaos.
"Je ne photographie pas ce que je vois, je photographie ce que je ressens."
J.K. - France (1980)

Contraint de fuir son pays, Koudelka rejoint Magnum et poursuit un travail profondément personnel, souvent en noir et blanc, en marge des circuits classiques du reportage. Qu’il photographie des ruines industrielles, des paysages dévastés ou des corps en mouvement, il ne cherche pas l’anecdote mais la forme juste.
"J'ai grandi dans un pays où je n'avais pas de liberté. Je connais son prix et veux la garder, j'ai toujours refusé les travaux de promotion ou de publicité, je n'ai jamais travaillé pour la presse. J'ai toujours photographié pour moi-même. Je fais ce que je veux!"

dimanche 23 juin 2013

S. M. - Nature morte fleurs, pêches et ananas
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres dde Zygmunt Menkès (1896-1986), peintre d’origine polonaise formé à Lviv, puis à Munich et Paris, avant de s’établir à New York pour fuir le nazismeIssu d’un milieu juif hassidique, Menkès mêle dans son œuvre les influences de la tradition religieuse et celles de la modernité européenne. Installé à Paris dans les années 1920, il rejoint l'École de Paris, ce cercle informel d’artistes venus de l’Est, cosmopolite et fécond, où il côtoie Soutine, Chagall ou encore Pascin.

S.M. - Femme en intérieur
À travers ses compositions, c’est un monde intérieur que Menkès donne à voir, parfois traversé par une forme de mélancolie contenue : « Il faut peindre non seulement ce que l’on voit, mais ce que l’on sent, ce que l’on sait, et parfois aussi ce que l’on regrette. »
Il constituera, avec trois autres grands expressionnistes, Aberdam, Weingart, et Weissberg, le groupe à qui Gallimard a consacré en 2000 un très beau livre simplement intitulé École de Paris, le Groupe des Quatre.
TW4

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samedi 22 juin 2013

Une image et des mots.
La Rain Room est une installation que l'on doit au trio londonien de Random International, Stuart Wood, Florian Ortkrass, et Hannes Koch. 
Après avoir passé l'hiver au Barbican Centre de Londres, d'octobre 2012 à mars de cette année, elle est actuellement visible au MoMA de New York.
Par groupes de dix, les visiteurs déambulent, dansent même, dans une salle soumise à une averse continuelle mais où des capteurs - qui suivent les mouvements de chacun - interrompent la pluie à leur aplomb, leur permettant ainsi de rester au sec.
Pour aller avec, voici quelques vers de Walt Whitman, The voice of the rain.

Qui es-tu ? demandai-je à la douce averse
Laquelle, curieusement, me donna une réponse que je transcris ici :
Je suis le Poème de la Terre, dit la voix de la pluie, [...]
Je descends pour baigner les sécheresses, les atomes et la poussière du globe
Où tout ce qui est, sans moi ne serait que graines, latentes, non nées
Et à jamais, nuit et jour, je redonne vie à ma propre origine
Je la purifie et l'embellis
Car le chant, venu d'où il est né, après s'être accompli, vagabondant
Qu'il ait été entendu ou non, s'en revient dûment chargé d'amour.

dimanche 16 juin 2013

B. Davidson - Statue of Liberty (1958)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de l'américain Bruce Davidson (b.1933), figure majeure de la photographie documentaire américaine du XXe siècle. Membre de l’agence Magnum depuis 1958, il se fait très tôt remarquer avec The Dwarf (1958), une série consacrée à un clown de cirque dans laquelle il affirme déjà son goût pour les marges sociales et les trajectoires singulières.
Il consacre ensuite plusieurs années à des projets au long cours : d'abord Brooklyn Gang (1959), sur une bande d’adolescents désœuvrés ; j'aime particulièrement un des clichés de cette série et il fera l'objet d'une future publication.

B. Davidson - Time of change (1963)
Viennent ensuite East 100th Street (1966–1968), sur les habitants d’un quartier défavorisé de Harlem ; et surtout Time of Change (1961–1965), un témoignage sobre et puissant sur la lutte pour les droits civiques aux États-Unis, le Civil Rights Movement. "Je n’ai jamais cherché à capturer l’instant décisif. Ce que je cherche, c’est l’instant durable."
JC1

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dimanche 9 juin 2013

Karine Romanelli - Je dérape (2011)
Le vide-grenier du dimanche. Deux œuvres de Karine Romanelli, dont je ne sais pas grand-chose sinon qu’elle est née en 1971 et vit aujourd’hui en région parisienne.
Elle travaille le collage numérique, qu’elle imprime sur toile ou sur papier, mêlant architecture, photographie, design et peinture. Par strates visuelles, elle juxtapose fragments urbains, figures féminines, références à l’art classique ou à la publicité rétro, dans un esprit à la fois pop, graphique et maîtrisé.

K.R. - Après la pluie (2012)
Karine Romanelli revendique une filiation avec le surréalisme et le photomontage du XXe siècle, mais dans une veine plus ludique, décorative, sans volonté subversive. Techniquement ce n’est plus le collage à l’ancienne, tel que je l’ai découvert adolescent avec Jacques Prévert ; ici, les outils ont changé, mais le plaisir du télescopage visuel demeure.
J’aime toujours autant ce jeu de collision douce entre des registres hétérogènes, cette façon d’associer des images pour leur faire dire autre chose, autrement.
Et puis comme le rappelait Max Ernst dans sa grande sagesse : « Si ce sont les plumes qui font le plumage, ce n’est pas la colle qui fait le collage. »
Pour en savoir plus sur le travail de Karine Romanelli, c’est ICI.

RP1 ICI