Alfred Nybom - Maud Allan (1905) |
Une image et des mots. Cette belle jeune femme, depuis longtemps redevenue poussière, était une danseuse étoile, chorégraphe, pianiste et compositrice américano-canadienne.
Maud Allan (1873-1956) se rendit célèbre pour son incarnation de la mythique Salomé.
Pour accompagner ce portrait qu'en fit le photographe pictorialiste finlandais Alfred Nybom, voici quelques lignes de Jules Laforgue, extraites de la facétieuse évocation qu'il nous donne dans "Moralités légendaires" (1887) de la fille d'Hérodiade.
Après un sommaire abatage de théogonies, théodicées et formules de la sagesse des nations (cela du ton bref d’un chef de chœurs qui dit :
« Une mesure pour rien, n’est-ce pas ? ») Salomé reprit son garulement mystique délirant un peu, la face bientôt renversée, la pomme d’Adam sautant à faire peur — comme plus bientôt elle-même qu’un tissu arachnéen avec une âme en goutte de météore transparaissant.
Ô marées, hautbois lunaires, avenues, parterres au crépuscule, vents déclassés des novembres, rentrée des foins, vocations manquées, regards des animaux, vicissitudes ! — Mousselines jonquille à pois funèbres, yeux décomposés, sourires crucifiés, nombrils adorables, auréoles des paons, œillets chus, fugues sans rapport. On se sentait renaître inculte, jeune au delà, l’âme systématique s’expirant en spirales à travers des averses aux clameurs indubitablement définitives, pour le bien de la Terre, et compris de partout, palpé de Varuna, l’Air Omniversel, qui s’assurait si l’on était prêt.