In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
eiπ + 1 = 0

dimanche 16 octobre 2022

A.de C. - Jeune femme à la quenouille
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre baroque flamand Adam de Coster (1586-1643). Surnommé "le peintre de la nuit" pour son goût pour les scènes ténébristes, il est une figure majeure de ceux que l'on appelle les caravagistes d'Anvers, un groupe de peintres baroques parmi lesquels figuraient Theodore Rombouts, à qui je consacrerai sans doute une publication.
A. de C. - Saint François et Frère Léon
(1626)

Bien que sa vie soit peu documentée, on sait que Adam de Coster a été actif surtout à Anvers où il a été en 1607 admis comme maître dans la Guilde de Saint-Luc. Ensuite, c'est à l'occasion de voyages et de séjours en Italie qu'il aurait découvert le travail du Caravage.
De Coster s’est imposé comme l’un des grands maîtres du clair-obscur flamand, jouant des contrastes de lumière pour modeler les visages et les gestes dans des atmosphères feutrées, souvent religieuses ou allégoriques. Paradoxalement, il n’avait ni atelier ni élèves connus, signait rarement ses œuvres, et nombre d’entre elles furent attribuées à d’autres - une discrétion qui explique sans doute pourquoi son nom est longtemps resté dans l’ombre qu’il aimait tant peindre.

dimanche 9 octobre 2022

V.C. Ferry - Girl reading (2014)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain V.C. Ferry, de qui je ne sais pas grand-chose sinon qu'il est basé à New York et semble spécialisé dans la photographie de rue et documentaire. Le peu que je connais de son travail est visible ICI ou sur sa page Facebook.

V.C. Ferry - The immigrant (2015)
Je préfère faire l'expérience du monde d'une façon qui me connecte à la beauté de chaque jour. Lorsque je photographie, j'essaie de ne faire qu'un avec l'image, et le sentiment qu'elle véhicule. J'accorde de l'importance au fait de saisir le familier qu'il nous est permis de voir, mais que l'on ne voit jamais réellement. J'ai l'espoir de créer une oeuvre qui transmette un sentiment de paix et attire le spectateur dans le moment présent.

LC7

ICI

dimanche 2 octobre 2022

A.K. - The renowned orders of the night (1997)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres d'Anselm Kiefer, déjà présenté en décembre 2009.
Anselm Kiefer n'esquive rien, écrit Laurent Wolf dans Le Temps du 15 janvier 2006.
Il fait face à l'incroyable effondrement de l'espérance culturelle allemande qui, de la philosophie des Lumières, de la poésie romantique, de la musique, de la peinture, de Bach ou Beethoven, Kant, Goethe, Novalis et Friedrich au triomphe d'Hitler pose le problème de la raison et de l'héritage.
A.K. - Lot's wife (1989)

Avec ses peintures, sculptures et installations monumentales, Kiefer explore l’histoire, la mémoire et la culture allemandes. Ses paysages d’arbres calcinés, recouverts de cendre – « ce reste sans reste », disait Derrida – traduisent une méditation sur la ruine et la survivance. Son emploi de matériaux bruts ou symboliques – plomb, cendre, paille, verre, terre, végétaux – confère à ses toiles une densité presque sculpturale. Souvent associé au néo-expressionnisme, Kiefer dépasse les étiquettes : son œuvre, traversée par la mythologie, la philosophie, la théologie et la poésie, interroge les zones sombres de l’histoire et les fondements de la création.
Par cette approche à la fois physique, spirituelle et intellectuelle, il a redéfini ce que peut être la peinture : un lieu de mémoire et de questionnement, où le geste artistique se confond avec le travail de deuil et de vérité. Son travail est un point de référence essentiel pour comprendre l’art contemporain et l'histoire humaine dans ses aspects les plus sombres.

DG4
ICI

samedi 1 octobre 2022

Ali Asadi - Iran (2013)
Une image et des mots. Voici un cliché de l'iranien Ali Asadi, où l'on devine sous son voile le visage douloureux d'une femme, à l'occasion sans doute d' Achoura. C'est chez les chiites le jour qui commémore la mort de l'iman Hussein, petit-fils du prophète Mahomet.
Pour aller avec, quelques lignes de la grande Colette extraites des Vrilles de la vigne (1908) :

Je veux faire ce que je veux. Je veux jouer la pantomime, même la comédie. Je veux danser nue, si le maillot me gêne et humilie ma plastique. Je veux me retirer dans une île, s'il me plaît, ou fréquenter des dames qui vivent de leurs charmes, pourvu qu'elles soient gaies, fantasques, voire mélancoliques et sages, comme sont beaucoup de femmes de joie. Je veux écrire des livres tristes et chastes, où il n'y aura que des paysages, des fleurs, du chagrin, de la fierté, et la candeur des animaux charmants qui s'effraient de l'homme... Je veux sourire à tous les visages aimables, et m'écarter des gens laids... Je veux chérir qui m'aime, et lui donner tout ce qui est à moi dans le monde : mon corps rebelle au partage, mon coeur si doux et ma liberté !

dimanche 25 septembre 2022

C.G. Carus - Femme au balcon (1824)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de Carl Gustav Carus (1789-1869), déjà publié ici en juillet 2015. Figure essentielle du romantisme allemand, Carus fut à la fois peintre, médecin, naturaliste et psychologue. Il n’a jamais dissocié ses recherches scientifiques de sa quête artistique : chez lui, l’observation du vivant et la contemplation du monde obéissent à un même élan, celui de saisir l’unité du physique et du spirituel.
Médecin de la cour de Saxe et professeur à l’Université de Leipzig, il s’est illustré par ses travaux en anatomie et en gynécologie, mais aussi comme pionnier de la psychologie de l’inconscient - un domaine où il influencera plus tard Carl Jung.
« La clé de la connaissance de la nature de l’âme est à chercher dans le règne de l’inconscient », écrit-il en 1846 dans Psyché, histoire du développement de l’âme humaine..

C.G.C. - Chênes en bord de mer (1835)
Proche de Caspar David Friedrich, Carus partage avec lui une vision mystique et contemplative de la nature. Ses paysages, parfois baignés d’une lumière crépusculaire, traduisent une fascination pour l’infini et pour l’invisible qui se manifeste dans les formes du monde.
« Quels sentiments s’emparent de toi lorsque, gravissant le sommet des montagnes, tu contemples la longue suite des collines et le cours des fleuves ? » écrivait-il. « Tu te recueilles dans le silence, tu te perds toi-même dans l’infinité de l’espace, tu sens la pureté envahir ton être, tu oublies ton moi. »
Carus voyait dans l’art, tout comme dans la science, un chemin vers les vérités cachées de l’univers ; ses toiles, moins célèbres que celles de Friedrich, n’en sont pas moins essentielles pour comprendre la profondeur spirituelle du paysage romantique.

Bill Anton - So it begins Une image et des mots. L'illustration est de Bill Anton (b.1957), un peintre américain spécialisé dans la repr...