In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 3 mai 2020

LS Lowry - Returning from work (1929)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de Laurence Stephen Lowry (1887-1976), figure majeure de la Northern School of painting, peintre compulsif des usines et des cheminées de l'Angleterre industrielle. Son style naïf, avec ses foules de prolos courbés sous le fardeau de la peine et du temps, "pareils à des insectes" selon les mots d'un journaliste du Times en 1936, est immédiatement reconnaissable.
Dans un entretien accordé en novembre 1966 au magazine The Arts Review, il rapporte qu'à une jeune femme qui lui avait demandé "Why do you do your figures like you do, Mr. Lowry?", il avait simplement répondu "Well, because I can't do them in any another way".
L.S. Lowry - The mill, Pendlebury
(1943)

Lowry a grandi dans le nord de l'Angleterre. Dans cet environnement maussade et insalubre de Pendlebury. une banlieue ouvrière de Manchester soumise à l'industrie du charbon et qu'il va s'attacher à peindre inlassablement, avec ses fumées grises et son flot de matchstick men au dos courbé. "I have a one-track mind, disait-il, I only deal with poverty."
Il quitte l'école à 16 ans, et va travailler la plus grande partie de sa vie comme collecteur de loyers, en restant vieux garçon au domicile de ses parents, et exprimant dans des tableaux grouillant de personnages sa propre solitude.
"I am a simple man, and I use simple materials, [.....].. a Sunday painter who paints every day of the week." 
En 1968, il décline l'anoblissement et le titre de chevalier qui lui est offert, déclarant au premier ministre Harold Wilson : 
"All my life I have felt most strongly against social distinction of any kind ".
Le tableau ci-contre, The mill, a refait surface récemment après avoir été longtemps "oublié" dans le secret d'une collection particulière.

MK5
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samedi 2 mai 2020

Mike Richard - The glowing tree
Une image et des mots. 
Do not go gentle into that good night. Rage, rage against the dying of the light, nous dit le grand poète gallois Dylan Thomas.
La photographie est de l'américain Mike Richard, et les mots pour aller avec sont d'un autre poète, Pierre Jean Jouve.

Un soir avec l'arbre

Seul au milieu des seuls et sur un golfe d'or,
imprévu géant noir c'est à toi que j'adresse,
Voyageur de mélancolie et charme que je dis
les paroles imprévues et noires du soir
dans le tumulte des nuées
les découpages de brumes et les trous bleus,

Ô voyageur de méditation et de fatigue:
écoute mon coeur de mélèze orné de branchages déchus,
de légères touffes d'étoiles, de vent contenu, solitude,
entends mon souffle droit d'éternelles paroles
puisque justement pour moi s'est ouverte la trouée d'or
sur les hauts pays de ce soir.
NG1

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dimanche 26 avril 2020

E.Erwitt - Waves, Brighton (1956)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de l'américain d'origine russe Elliott Erwitt, né à Paris en 1928, grand photographe du chien de rue ou de compagnie, ce miroir de la condition humaine. Pas seulement, bien sûr, comme en témoignent les deux photos ci-jointes, dont la très célèbre Segregated fountain, évoquée dans la publication d'octobre 2011 : deux lavabos reliés entre eux et qui distribuent la même eau, mais l'un est propre et neuf, l'autre sale et vieillot...

E.E. - North Caroline segregated fountain
(1950)

Elliott Erwitt dit concéder à la technique une place très secondaire; ses photos peuvent parfois être un peu floues, et leur cadrage - qu'il ne corrige pas au tirage - imparfait.
To me, photography is an art of observation. It's about finding something interesting in an ordinary place... I've found it has little to do with the things you see and everything to do with the way you see them.
Ce qui l'intéresse c'est l'émotion qu'elles portent, les situations légèrement insolites et souvent teintées d'une pointe d'humour très "tongue-in-cheek".
Pour "se moquer des excès absurdes de la photographie contemporaine", Erwitt a créé un alter ego, un artiste originaire de Grand Citron, en Guyane Française, le prétentieux André S. Solidor, coiffé d'un béret et dont les initiales forment le mot "ASS" ("âne" en anglais). Ses œuvres ont été publiées dans un livre, The Art of André S. Solidor (2009), et exposées en 2011 à la Paul Smith Gallery de Londres.

PG7
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dimanche 19 avril 2020

Alex Venezia - At rest (2019)
 Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre américain Alex Venezia (b.1993). Par le choix et le traitement du sujet, par l'atmosphère intime et subtile qui en émane, la première fait irrésistiblement penser au très académique Bouguereau. Autodidacte et bien que relativement jeune, Venezia est de plus en plus reconnu dans le monde de l'art pour sa maîtrise technique et son engagement à perpétuer l'héritage de la peinture classique tout en l'adaptant à une perspective actuelle.

Alex Venezia - Lost nest (2018)



Alex Venezia a découvert sa vocation au lycée, lors d'une leçon sur le clair-obscur à travers une œuvre du Caravage, qui a été pour lui une véritable révélation. Ses oeuvres figuratives, portraits et natures mortes, sont imprégnées de réalisme et d'émotion, et sa technique fine et méticuleuse se distingue par l'utilisation de la lumière, des ombres et des couleurs pour créer une sensation de profondeur et de texture qui donne à ses sujets une présence presque tangible.