In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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samedi 20 octobre 2018

Isaac Cordal - Cement eclipse (2013)

Une image et des mots. Une oeuvre d'Isaac Cordal, sur qui je reviendrai très bientôt.
Les mots sont de Céline, extraits de Voyage au bout de la nuit (1932).

J'avais pas le culot de leur dire pendant le jour, quand j'étais en face d'eux, mais d'où j'étais je ne risquais rien, je leur ai crié "Au secours ! Au secours !", rien que pour voir si ça leur ferait quelque chose. Rien que ça leur faisait. Ils poussaient la vie et la nuit et le jour devant eux les hommes. Elle leur cache tout la vie aux hommes. Dans le bruit d'eux-mêmes ils n'entendent rien. Ils s'en foutent. Et plus la ville est grande et plus elle est haute et plus ils s'en foutent. Je vous le dis moi. J'ai essayé. C'est pas la peine.

BD4

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dimanche 14 octobre 2018

Raphael Soyer - Café scene (1940)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres, deux huiles sur toile, du peintre américain d'origine russe Raphael Soyer (1899-1987). 
Il fut une des figures majeures de ce courant artistique réaliste américain de l'entre-deux-guerres appelé régionalisme ou encore scène américaine, dont l'une des oeuvres emblématiques restera le célébrissime American Gothic de Grant Wood.

R. Soyer - Annunciation (1980)
"If art is to survive, it must describe and express people."

On peut admirer le premier tableau au Brookklyn Museum, à New York. Le second, au titre biblique, est conservé au Smithsonian American Art Museum de Washington. Quarante ans les séparent.

GF1
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dimanche 7 octobre 2018

Phil Bergerson - NY (2001)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du canadien Phil Bergerson (b.1947), déjà présenté ici en décembre 2013.
Pendant des années il a sillonné les États-Unis en large et en travers, à la recherche du rêve américain, et a enseigné la photographie à l'université Ryerson de Toronto de 1975 jusqu'à sa retraite en 2005.

Phil Bergerson - Untitled (2010)









Panneaux décrépits, enseignes vieillottes, graffitis malhabiles, il faut chercher le reflet lointain de ce rêve dans les vitrines de boutiques misérables, ou bien comme ici dans ce trompe-l'oeil qui couvre d'un ciel céruléen des façades aveugles. Mais après tout, comme le disait Picasso "l'art est un mensonge qui dit la vérité".

CS1
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samedi 6 octobre 2018

Jules Bastien Lepage - Saison d'octobre (1878)
Une image et des mots. Je reviens cette semaine à la peinture de la vie paysanne; c'est un sujet qui me plaît beaucoup.. Je ne crois pas avoir déjà publié ici de tableau de Jules Bastien Lepage, et donc voici Saison d'octobre (1878).
Pour l'accompagner, les mots sont de Jacinta Ortiz Mesa, "la Tilli", une paysanne andalouse qui a publié à plus de 70 ans deux petits recueils de poésie (non traduits en français).
Comme elle ne sait ni lire ni écrire, elle a dicté ses poèmes à une enseignante de son village.
Ce n'est pas du Saint-John Perse, "nada del otro mundo" comme disent les Espagnols, mais juste des mots très simples et très sincères qui auraient peut-être ému un autre andalou amoureux de la terre, Garcia Lorca, ou inspiré une chanson à Victor Jara....

Yo no me quiero acordar ni la memoria me alcanza, para tanta calamidad, como yo pasé en mi infancia. Cuando tenía seis años me ponen a trabajar, guardando cerdos y cabras y pavos para empatar.
Si conocen lo que digo, los cerdos se despistaban, las cabras comían los olivos y los pavos que no andaban.
¡Ni con la ayuda de Dios, señores, yo los juntaba!
Con muchísimo trabajo y muy poca libertad yo llegué a los quince años ¡no lo quiero ni pensar!
Cuando a los quince llegué ya los niños me gustaban, pero era yo tan fea que nadie me decía nada.
¡Por fin! ya llegó ese día, que uno me dijo te quiero yo le dije: y yo a ti contesté pronto y ligero.
Era el hombre de mi vida, el que se sentó a mi lado, que yo, viva como viva, a ese nunca lo he olvidado.
Pero poquito duró eso bueno de mi vida, el diablo se atravesó y volví a pasar fatiga.
Se perdió un ángel en el cielo que por eso Dios bajó y cuando lo vio tan bueno al cielo se lo llevó.
Menores de once años me quedaron cinco niños, un montón de trabajo y ni una pizca de cariño.
Era un cuadro gigante lo que en mi casa quedó, había que seguir pa alante y tenía que hacerlo yo,
De día yo trabajaba y por la noche cosía, pues lo que a mí me pasaba era que poco dormía.
Yo muy poquito dormía, muy poquito descansaba, pero con todo ese esfuerzo y con la ayuda de Dios nunca nos faltó de nada.
Lo malo que les he hecho es hacerles trabajar , pa que fuesen de provecho y apretaran a estudiar.
Ya se me hicieron mayores y ahí está el resultado, todos son trabajadores y todos se han colocado:
uno se hizo tractorista, y el otro fue camionero, la chica rompió por contable, y otro se me hizo banquero, y la más grande de todos plancha para el mundo entero. Me ha llegado la vejez y ahora tengo esa alegría, los veo a todos trabajar que era lo que yo quería. ¡Qué bonito es vivir! cuando la vida es buena. ¡Qué bonito es vivir! si la vives sin pena, ¡Qué bonito es vivir! la salud es lo primero
¡Qué bonito es vivir! Se lo digo al mundo entero.