In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 8 juillet 2018

H.M. - Nuit de clair de lune (1883)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre finlandais Hjalmar Munsterhjelm (1840-1905), associé au romantisme tardif. Formé par Oswald Achenbach puis par Hans Gude (voir mai 2015), on retrouve dans ses toiles l'influence de l'école de Düsseldorf, qui ne voyait pas tant le paysage comme un simple sujet documentaire que comme un moyen d'exprimer des sentiments. Ce qu’il peint, ce sont surtout des scènes de nature finlandaise : vastes forêts, lacs gelés, couchers de soleil, brumes d’automne... 

H.M. - Route en Finlande (1965)
La peinture de paysage, en tant que genre autonome, ne s’est pas imposée d’emblée dans l’histoire de l’art occidental.
Longtemps reléguée au rang de décor secondaire dans les scènes religieuses ou mythologiques, elle ne devient un sujet en soi qu’au fil d’un long processus, à la fois culturel et esthétique. C’est dans l’Europe du Nord, au XVIIe siècle, que cette transformation s’amorce véritablement : des artistes flamands et hollandais commencent alors à explorer les paysages pour eux-mêmes, sans autre justification narrative. Le regard porté sur la nature change ; ce n’est plus seulement un décor, mais un motif en soi digne d’attention, voire de contemplation.
Dans ce contexte, les écoles du Nord de l’Europe – des Pays-Bas à la Scandinavie – jouent un rôle majeur dans l’émergence d’une sensibilité nouvelle, attachée aux effets de lumière, aux atmosphères, à la solitude des ciels ou à la simplicité d’une plaine. La tradition nordique du paysage se distingue par cette capacité à traduire l’émotion suscitée par la nature, souvent dans une tonalité sobre, silencieuse, voire mélancolique comme ici avec ce lac au clair de lune.
C’est dans cette filiation que s’inscrivent de nombreux peintres nordiques du XIXe siècle comme Hjalmar Munsterhjelm, pour qui le paysage devient non seulement un sujet esthétique, mais aussi une manière de suggérer des états d’âme, des silences, des méditations.

samedi 7 juillet 2018

(A/U)
Une image et des mots. Pour accompagner cette image - dont j'ignore l'auteur - du temps qui passe sur l'objet qui le mesure, j'ai choisi un extrait des dialogues de The third man, de Carol Reed (1949), avec Orson Welles.

"[.....] In Italy, for years under the Borgias, they had warfare, terror, murder and bloodshed, but they produced Michelangelo, Leonardo da Vinci and the Renaissance.
In Switzerland, they had brotherly love, they had five hundred years of democracy and peace - and what did that produce? The cuckoo clock! "

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"[.....] L'Italie sous les Borgia a connu 30 ans de terreur, de meurtres, de carnage... Mais ça a donné Michel-Ange, Léonard de Vinci et la Renaissance.
La Suisse a connu la fraternité, 500 ans de démocratie et de paix. Et ça a donné quoi ? Le coucou ! "

dimanche 1 juillet 2018

A. Arissa - El perseguido (1930s)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe catalan Antoni Arissa (1900-1980), déjà présenté ici en février 2008, et dont l'oeuvre est communément associée au courant pictorialiste.
Si l’on connaît son évolution du pictorialisme vers une photographie d’avant-garde, il faut rappeler combien son métier de typographe et d’imprimeur irrigue sa démarche. Dans ses clichés des années 1930, tout semble pensé comme une mise en page : les ombres deviennent des aplats, les lignes des compositions graphiques... Arissa transpose dans l’image photographique la discipline de l’atelier d’imprimerie.

A. A. - Puerto de Barcelona (1930)
Ses expérimentations l’inscrivent dans une modernité partagée avec Moholy-Nagy ou Rodtchenko : jeux de cadrages audacieux, contre-plongées, lumière sculptée. Pourtant, à la différence de ses contemporains plus célèbres, son œuvre est restée longtemps confidentielle, éclipsée par la guerre civile et par son retrait progressif de la pratique photographique.
Redécouvert tardivement - notamment grâce à la rétrospective du Museo Reina Sofía en 2013 - Arissa apparaît aujourd’hui comme l’un des grands artisans de la photographie moderne en Espagne. Tout corps traîne son ombre et tout esprit son doute, écrivait Victor Hugo je ne sais plus où...
VC1

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dimanche 24 juin 2018

R.W. - Vue sur le port de Doëlan (1927)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et graveur français Raymond Wintz (1884-1956). Élève de Jules Adler, "le peintre des humbles", et de Fernand Cormon à l’École des beaux-arts de Paris, il s’impose dans l’entre-deux-guerres comme un peintre de scènes de genre et de paysages, dont le succès repose sur une veine à la fois réaliste et intimiste. Ses toiles les plus connues - intérieurs bretons baignés de lumière, fenêtres ouvertes sur la mer, jeunes femmes songeuses au seuil d’une pièce - déclinent inlassablement le thème du dedans et du dehors, de la maison et du paysage.

R.W. - Le géranium (1928)
S’il n’a pas cherché la modernité radicale, il est connu pour ses marines et ses lumineux paysages côtiers de Bretagne. Comme les peintres de l'école de Newlyn en Cornouailles, c'est la qualité de la lumière qui sans doute a attiré Raymond Wintz dans cette région...  Une peinture du quotidien, modeste et familière, mais qui a marqué des générations de collectionneurs et garde aujourd’hui encore ce charme lumineux qui a fait le succès des scènes bretonnes.

PS4
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samedi 23 juin 2018

Lajos Kozák - Budapest (1930)

Une image et des mots. Le cliché, dont le titre complet est "Street cleaners on the banks of Danube", est du photographe hongrois Lajos Kozák.
Les mots sont deux extraits du dernier ouvrage de l'anthropologue anarchiste américain Daniel Graeber (b.1961), Bullshit jobs, qui vient d'être publié en français chez l'éditeur LLL, Les Liens qui Libèrent.

Chaque matin, en nous levant, nous fabriquons un monde ; pourtant, lequel d'entre nous, s'il ne tenait qu'à lui, choisirait de fabriquer le monde que nous avons ?

Et ailleurs :

Un job à la con est une forme d'emploi rémunéré qui est si totalement inutile, superflue ou néfaste que même le salarié ne parvient pas à justifier son existence, bien qu'il se sente obligé, pour honorer les termes de son contrat, de faire croire qu'il n'en est rien.

Phil Greenwood - Leaf fall (1979) Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du graveur et aquafortiste gallois Philip Greenwood (b.1943). I...