In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 1 avril 2018

H.M. - Les poissons rouges (1911)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres d'Henri Matisse (1869-1954), figure majeure de la peinture du XXème siècle et chef de file du fauvisme.
Né au Cateau-Cambrésis dans le Nord de la France, il ne se destine pas d’abord à la peinture : ce n’est qu’en 1890, durant une longue convalescence, qu’il découvre sa vocation. Élève de Gustave Moreau à Paris, il expose dès 1905 au Salon d’Automne avec André Derain et Maurice de Vlaminck : leurs toiles aux couleurs pures, appliquées en larges aplats, déclenchent un scandale et valent à ces jeunes peintres le surnom de « fauves ».
Tout au long de sa carrière, Matisse restera fidèle à cette conviction que la couleur est un langage autonome, capable d’exprimer à elle seule une émotion.
H. M. - Femme assise (1922)

Mais son œuvre dépasse le fauvisme : des natures mortes et portraits de ses débuts aux intérieurs lumineux de Nice, des sculptures aux célèbres gouaches découpées de la fin de sa vie, il a sans cesse exploré la simplification des formes, la clarté des lignes et l’harmonie des aplats colorés.
Henri Matisse a façonné le visage de l’art moderne et son influence est immense, y compris sur la peinture américaine (1'École de New York, Rothko, Warhol, Lichtenstein..).  Le présenter en quelques lignes, comme le permet le format de ce blog, relève de la gageure. Si Picasso est souvent vu comme l’artiste de la rupture, Matisse serait celui de la continuité : cherchant avant tout, disait-il, « un art d’équilibre, de pureté, de tranquillité ».
Ses tableaux, lumineux et sereins, témoignent de cette quête d’un bonheur possible par la peinture.

dimanche 25 mars 2018

W. Bouguereau - Vierge aux lys (1899)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du prolifique français William Adolphe Bouguereau (1825-1905), déjà présenté en juin 2009 et en septembre 2012.
Après un apprentissage à l’école des Beaux-Arts de Bordeaux, il fréquente à Paris l’atelier du portraitiste François-Édouard Picot, lui-même élève de Jacques-Louis David.
Pour moi, une oeuvre d'art doit être une interprétation élevée de la nature. La recherche de l'idéal a été le but de ma vie.
W.B. - Le lever (1865)

Son académisme, hérité du classicisme français normé par l’Académie royale de peinture sous Louis XIV, fut parfois moqué et qualifié de « pompier » ; son nom longtemps relégué aux oubliettes a été méprisé jusqu'à n'être même pas retenu dans le Dictionnaire des grands peintres (Larousse, 1991) de Michel Laclotte. 
Célébré au XIXᵉ siècle et recherché jusqu’aux États-Unis, William Adolphe Bouguereau reste aujourd’hui presque méconnu. Sa rigueur, son sens de la composition, la douceur de sa lumière et la finesse de son trait font pourtant de son œuvre un témoignage précieux d’un art où le savoir-faire et l’élégance sont pleinement au service de la beauté.

VV1

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dimanche 18 mars 2018

Val Byrne - O'Heagrain Pub (2014)
Le vide-grenier du dimanche. Deux aquarelles du dubliner Val Byrne (b.1936), formé en Art et Architecture au University College de la capitale irlandaise. En ce lendemain de Saint Patrick, elles sont de circonstance, comme peintes par quelqu'un qui aurait eu "a whale of a time".
If there is a wobbly leaning lamppost with straggling wires in the scene, I leave it in.

V.B. - Wobbly Ardgroom
S'il a commencé à peindre très jeune, dès l'âge de 16 ans, et n'a jamais cessé de le faire en amateur pendant toute sa carrière d'architecte, c'est à partir des années 90 qu'il se consacre entièrement à son art ; il ouvre alors un atelier et une galerie dans la ville côtière de Bray où il réside encore aujourd'hui. Byrne pratique une aquarelle vivante, attentive aux nuances du climat irlandais : ciel changeant, façades colorées, reflets de pluie sur la pierre ou les pavés. …Ses œuvres témoignent d’un double attachement : au charme du patrimoine architectural et à l’âme populaire des lieux. Voilà sans doute pourquoi elles respirent à la fois l'oeil de l’architecte et la tendresse du flâneur.
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dimanche 11 mars 2018

P. Strand - Femme d'Alvaredo, Veracruz
(1933)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Paul Strand (1890-1976), qui a déjà fait l'objet d'une publication en juin 2008.Issu d’une famille modeste de quincaillers de New York, il est inscrit en 1904 par ses parents à l’Ethical Culture School, où il suit les cours de Lewis Hine. Celui-ci l’initie non seulement aux techniques photographiques mais aussi à une conception morale de l’image, envisagée comme outil d’éducation et de témoignage.
C’est lui qui l’emmène à la galerie 291 de Stieglitz, où Strand découvre les grands photographes (Hill, Cameron, Käsebier, White) et l’art moderne européen. À 17 ans, il sait déjà qu’il sera photographe. Après quelques années de pratique et de tâtonnements, Strand franchit en 1915 un cap décisif : ses photographies impressionnent Stieglitz, qui l’expose dès l’année suivante dans Camera Work.

P.S. - Filets, Michoacan (1933)
Fasciné par Picasso, Braque et Brancusi, Strand explore alors l’abstraction visuelle à travers des jeux d’ombres ou de clôtures. Mais très vite, il transpose ces principes de construction formelle dans une photographie débarrassée des artifices pictorialistes, une straight photography où la netteté, l’équilibre des formes et la clarté de la composition suffisent. Des images comme White Fence ou Wall Street - qui feront peut-être l'objet d'une future publication - en sont devenues emblématiques. Toute sa vie, Strand cherchera à capter ce qu’il appelait « le caractère essentiel d’un lieu et de sa population ».
Les deux photographies présentées ici ont été réalisées lors de son séjour au Mexique, entre 1932 et 1934, en même temps qu’Henri Cartier-Bresson. Comme le Français, Strand veut s’écarter du pictorialisme : il ne s’agit plus de concevoir la photo comme une œuvre d’art mais comme un objet documentaire, capable de révéler une vérité humaine. « It is easy to make a picture of someone and call it a portrait. The difficulty lies in making a picture that makes the viewer care about a stranger. »
Chez lui, l’esthétique va de pair avec l’éthique : « J’ai toujours voulu utiliser la photographie comme un instrument de recherche et de témoignage de la vie de mon époque. » De cette exigence découle une œuvre d’une grande justesse, qui allie rigueur formelle et conscience politique.

samedi 10 mars 2018

Czeslawa Kwoka
Une image et des mots. L'image c'est ces clichés de Czeslawa Kwoka, une enfant polonaise de 14 ans déportée et assassinée à Auschwitz, le 12 mars 1943, d'une injection de phénol dans le coeur. 
C'est une artiste brésilienne, Marina Amaral, qui les a colorisés et ils ont été publiés il y a de ça quelques jours sur le compte Twitter du Mémorial d'Auschwitz.

Les mots sont de l'évêque Patrick, futur saint patron de l'Irlande. Dans sa Lettre à Coroticus, suite aux massacres perpétrés par ses soldats parmi les chrétiens irlandais, il s'adresse aux apostats complices des bourreaux.

"Aussi je vous en supplie, saints et humbles de coeur, il n'est pas permis de flatter de tels hommes, ni de prendre avec eux nourriture ou boisson, et vous ne devez pas recevoir d'eux des aumônes jusqu'à ce qu'ils fassent pénitence suffisante à Dieu. [.....] Ce ne sont pas seulement ceux qui font le mal, mais même ceux qui consentent qui doivent être condamnés.".

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