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P. Strand - Femme d'Alvaredo, Veracruz (1933) |
C’est lui qui l’emmène à la galerie 291 de Stieglitz, où Strand découvre les grands photographes (Hill, Cameron, Käsebier, White) et l’art moderne européen. À 17 ans, il sait déjà qu’il sera photographe. Après quelques années de pratique et de tâtonnements, Strand franchit en 1915 un cap décisif : ses photographies impressionnent Stieglitz, qui l’expose dès l’année suivante dans Camera Work.
Fasciné par Picasso, Braque et Brancusi, Strand explore alors l’abstraction visuelle à travers des jeux d’ombres ou de clôtures. Mais très vite, il transpose ces principes de construction formelle dans une photographie débarrassée des artifices pictorialistes, une straight photography où la netteté, l’équilibre des formes et la clarté de la composition suffisent. Des images comme White Fence ou Wall Street - qui feront peut-être l'objet d'une future publication - en sont devenues emblématiques. Toute sa vie, Strand cherchera à capter ce qu’il appelait « le caractère essentiel d’un lieu et de sa population ».
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P.S. - Filets, Michoacan (1933) |
Les deux photographies présentées ici ont été réalisées lors de son séjour au Mexique, entre 1932 et 1934, en même temps qu’Henri Cartier-Bresson. Comme le Français, Strand veut s’écarter du pictorialisme : il ne s’agit plus de concevoir la photo comme une œuvre d’art mais comme un objet documentaire, capable de révéler une vérité humaine. « It is easy to make a picture of someone and call it a portrait. The difficulty lies in making a picture that makes the viewer care about a stranger. »
Chez lui, l’esthétique va de pair avec l’éthique : « J’ai toujours voulu utiliser la photographie comme un instrument de recherche et de témoignage de la vie de mon époque. » De cette exigence découle une œuvre d’une grande justesse, qui allie rigueur formelle et conscience politique.