Édouard Manet - L'asperge (1880) |
Pour l'accompagner, voici quelques lignes d’un article de Michel Jeanneret, prof de littérature française à l’université de Genève et spécialiste de la Renaissance.
Cet article figure dans l’ouvrage collectif La gourmandise publié aux éditions Autrement sous la direction de la philosophe Catherine N’Diaye.
" La réprobation de la gourmandise – l’un des sept péchés capitaux – traverse les siècles de ses litanies édifiantes. […..]
Dans sa campagne contre les impostures, Montaigne dénonce le terrorisme des bien-pensants.
La prohibition des voluptés corporelles, dit-il, n’est pas moins suspecte que l’abus des plaisirs.
L’abstinence que prêchent les moralistes, les théologiens et leurs complices brime la nature. […..]
Dans le mot « gastronomie » voisinent le nom de l’estomac et l’idée de coutume et de règle (nomos), suggérant que le plaisir du ventre ne perd rien à être maîtrisé, relayé et reconnu par la raison.
Le bon mangeur se met à table sans perdre la tête. Tel est le moyen de sauvegarder la gourmandise et de célébrer en elle l’une des rares activités qui réconcilie l’homme avec lui-même.
On conçoit, dans cette perspective, l’intérêt que lui témoignent les humanistes, eux qui cherchent justement à actualiser, sans restriction, toutes les puissances de l’humain. ˮ
Et Michel Jeanneret de rappeler, un peu plus loin, que Platon, dans Le Banquet,
nous enseigne que la sagesse n’est pas de se dérober devant les réjouissances…
Cet article figure dans l’ouvrage collectif La gourmandise publié aux éditions Autrement sous la direction de la philosophe Catherine N’Diaye.
" La réprobation de la gourmandise – l’un des sept péchés capitaux – traverse les siècles de ses litanies édifiantes. […..]
Dans sa campagne contre les impostures, Montaigne dénonce le terrorisme des bien-pensants.
La prohibition des voluptés corporelles, dit-il, n’est pas moins suspecte que l’abus des plaisirs.
L’abstinence que prêchent les moralistes, les théologiens et leurs complices brime la nature. […..]
Dans le mot « gastronomie » voisinent le nom de l’estomac et l’idée de coutume et de règle (nomos), suggérant que le plaisir du ventre ne perd rien à être maîtrisé, relayé et reconnu par la raison.
Le bon mangeur se met à table sans perdre la tête. Tel est le moyen de sauvegarder la gourmandise et de célébrer en elle l’une des rares activités qui réconcilie l’homme avec lui-même.
On conçoit, dans cette perspective, l’intérêt que lui témoignent les humanistes, eux qui cherchent justement à actualiser, sans restriction, toutes les puissances de l’humain. ˮ
Et Michel Jeanneret de rappeler, un peu plus loin, que Platon, dans Le Banquet,
nous enseigne que la sagesse n’est pas de se dérober devant les réjouissances…