In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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samedi 23 décembre 2017

Anonyme - Los Angeles (2016)

Une image et des mots. Un cliché anonyme pris à Los Angeles en 2016. Et pour aller avec, quelques vers d'Alfred de Vigny extraits des Destinées.

"Ne sens-tu pas le monde et tout le genre humain
Qui souffre avec ma chair et frémit dans ta main ?"
[.....]
S'il est vrai qu'au jardin sacré des Écritures,
Le Fils de l'homme ait dit ce qu'on voit rapporté ;
Muet, aveugle et sourd aux cris des créatures,
Si le Ciel nous laissa comme un monde avorté,
Le juste opposera le dédain à l'absence,
Et ne répondra plus que par un froid silence
Au silence éternel de la Divinité.

dimanche 17 décembre 2017

Mark Power - Cracovie (2006)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe britannique Mark Power (b.1959), membre de l’agence Magnum.
À la frontière du documentaire et de l’interprétation artistique, Power s’attache à révéler la poésie cachée des espaces ordinaires, en particulier dans les zones en mutation sociale ou urbaine.
Son projet "26 Different Endings", publié dans un livre remarqué, explorait par exemple les périphéries de Londres..
M.P. - Cracovie (2009)

Les clichés présentés aujourd’hui appartiennent à The Sound of Two Songs, série réalisée en Pologne à partir de 2004, année de l’entrée du pays dans l’Union européenne. Commande de Magnum confiée à dix de ses photographes pour couvrir les dix nouveaux États membres, ce travail s’est prolongé jusqu’en 2010.« En tant que travail subjectif, disait Power, il ne s’agit pas d’un compte-rendu factuel de la Pologne contemporaine… mais je crois que cette série deviendra, avec le temps, un document important sur cette période fascinante de l’histoire de ce pays. » 
Aujourd’hui professeur à l’Université de Brighton, Mark Power est reconnu comme l’une des figures majeures de la photographie contemporaine britannique.

dimanche 10 décembre 2017

R. Casas - Portrait de femme

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et affichiste Ramón Casas I Carbó (1866-1932), acteur majeur avec Santiago Rusiñol du modernisme catalan, ce courant de l'Art Nouveau soutenu par une bourgeoisie catalane cultivée soucieuse d'exprimer son identité, sa richesse et sa distinction. Issu d'une famille fortunée de Barcelone, il quitte l'école à l'âge de onze ans pour se former auprès du portraitiste Joan Vicenç à l'École de la Llotja. Très tôt, il publie déjà des dessins dans la revue L’Avenç qu’il contribue à fonder en 1881.

R.C. - La paresse (1898)
L’année suivante, il rejoint Paris pour étudier à l’académie de Carolus-Duran puis chez Henri Gervex, tout en exposant déjà à la Sala Parés de Barcelone. Rapidement admis à la Société des artistes français, il partage alors son temps entre Paris, Madrid et Barcelone, peignant aussi bien des portraits intimes que de vastes scènes de foule. Sa santé fragile le ramène quelques temps en Catalogne, où il se rapproche de Rusiñol avec qui il collabore étroitement.
De retour à Montmartre en 1890, au Moulin de la Galette, il fréquente Miquel Utrillo et d’autres artistes catalans, tout en développant un style à mi-chemin entre l’académisme et l’impressionnisme, qui deviendra bientôt sa signature moderniste. Exposé à Berlin, Madrid ou Chicago, il acquiert une notoriété européenne. En 1897, il finance avec Rusiñol, Utrillo et Pere Romeu le célèbre cabaret Els Quatre Gats, lieu de rencontre incontournable de l’avant-garde barcelonaise où Picasso exposera pour la première fois. Reconnu comme peintre de la haute société, Casas fut aussi un pionnier du graphisme moderniste : ses affiches et illustrations pour Codorníu ou Anís del Mono comptent parmi les images les plus iconiques du modernisme catalan. Son œuvre, entre élégance mondaine et modernité audacieuse, incarne l’esprit d’une époque où Barcelone cherchait à se hisser au rang des grandes capitales culturelles européennes.

MF1
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dimanche 3 décembre 2017

K.T. - Parc Maruyama, Kyoto
(1936)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre japonais Koitsu Tsuchiya (1870-1949), représentant de l'école Shin-hanga.
Né dans une famille d’agriculteurs, il entre à quinze ans en apprentissage chez un graveur travaillant pour Kobayashi Kiyochika, maître de l'Ukiyo-e, , dont il sera l’élève près de vingt ans.

K.T. - Parc Hibiya, Tokyo (1933)
Après des débuts consacrés à des thèmes militaires - la première guerre sino-japonaise -, son œuvre s’oriente vers une vision plus personnelle : paysages et temples inspirés des racines traditionnelles de la culture japonaise. Reflets de lune, scintillement de la neige, lueurs de lampes ou brumes matinales confèrent à ses estampes une atmosphère à la fois réaliste et poétique. Aux côtés de Kawase Hasui (voir août 2012 et avril 2017), il est aujourd’hui reconnu comme l’un des grands maîtres de la “nouvelle gravure”.

samedi 2 décembre 2017

A. Star Reese - Jamaica & Zoe (2007)
Une image et des mots. Une photo tirée de The Urban Cave, une série documentaire entreprise en 2007 par la photographe américaine Andrea Star Reese, sur qui je reviendrai.

Pour accompagner ce cliché, quelques lignes de Julien Gracq, extraites de Liberté grande, publié chez Corti en 1946.
" ... c'est quand elle descend dans mes rêves par les cheminées calmes de décembre, s'assied près de mon lit et prend timidement ma main entre ses petits doigts pour le difficile passage à travers les paysages solennels de la nuit, et ses yeux transparents à toutes les comètes ouverts au-dessus de mes yeux jusqu'au matin."

dimanche 26 novembre 2017

Gustave Courbet - Mer calme (1869)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre Gustave Courbet (1819-1877), chef de file du réalisme, qu'il a érigé en manifeste contre les valeurs d'une bourgeoisie et d'une aristocratie coupées du peuple. Né à Ornans dans une famille aisée, il rejette vite l’académisme pour peindre la vie ordinaire - paysans, ouvriers, paysages de Franche-Comté - avec une franchise radicale qui scandalise une époque où les Beaux-Arts privilégient les sujets historiques et mythologiques.

G.C. - La plage, coucher de soleil
(1867)
Autodidacte, indocile et attaché à son terroir, il il traite l’humble quotidien avec la même ampleur que les sujets d’histoire.
Avec Un enterrement à Ornans (1850), vaste fresque provinciale traitée à l’échelle d’un tableau d’histoire, Courbet affirme sa volonté de donner aux « humbles » la même dignité picturale que celle des rois et des héros. Sa provocation culmine avec L’Origine du monde (1866), œuvre longtemps cachée mais devenue emblématique de sa quête de vérité sans fard. Politiquement engagé, acteur de la Commune de Paris en 1871, il est emprisonné, accablé de dettes et s’exile en Suisse, où il peint jusqu’à sa mort en 1877. « Je n’ai jamais appartenu à aucune école, à aucune église, à aucune institution, à aucune académie, surtout à aucun régime, si ce n'est le régime de la liberté », écrivait-il. En refusant d’embellir ses sujets, Courbet a redéfini la mission de l’art et ouvert la voie à l’impressionnisme et au symbolisme.

F. Bacon - Study of a figure in a landscape (1952) Une image et des mots. L'image, c'est une étude de Francis Bacon, déjà présenté ...