In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
eiπ + 1 = 0

samedi 13 août 2016

Anonyme - Automate
Une image et des mots. L'image, anonyme, d'un automate incollable.
Et pour aller avec, quelques lignes de Ludwig Wittgenstein (1889-1951), extraites de sa Conférence sur l'éthique, dont la traduction a été publiée par Gallimard en 1978 :

Supposez que l'un d'entre vous soit omniscient, et que par conséquent il ait connaissance de tous les mouvements de tous les corps, morts ou vivants, de ce monde, qu'il connaisse également toutes les dispositions d'esprit de tous les êtres humains à quelque époque qu'ils aient vécu, et qu'il ait écrit tout ce qu'il connaît dans un gros livre ; ce livre contiendrait la description complète du monde.

dimanche 7 août 2016

Sam Granowsly - Plage de la Ponche (1926)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre russe Samuel Granowsky (1882-1942).
Né en Ukraine, il étudie la peinture à l'École des Beaux-Arts d'Odessa.
Après son service militaire effectué en 1904 dans le contexte de la guerre russo-japonaise, il va poursuivre ses études artistiques à Munich puis à Paris où il s'installe en 1909.

S.G. - Le port à Concarneau (1926)





C'est là que débute sa carrière artistique, mais il y gagne d'abord sa vie en faisant le ménage au célèbre café de Montparnasse La Rotonde et en posant comme modèle à l'Académie de la Grande Chaumière. Sam Granowsky devient une figure de la bohème parisienne.
Après le déclenchement de la Première Guerre mondiale il retourne vivre à Odessa et ne revient à Paris qu'en 1920 ; il est membre de l'Union des Artistes Russes à Paris et, à partir de 1921, membre du groupe "Chérez" qui s'est donné pour mission de rapprocher les émigrés russes des représentants de la culture française.
Arrêté le 17 juillet 1942 au cours de la rafle du Vel d'Hiv, il est interné à Drancy puis aussitôt déporté à Auschwitz où il meurt le 22 juillet.

samedi 6 août 2016

Hubbles - The pillars of creation (1995)

Une image et des mots. Ceci est la version HD des Piliers de la création, la photo prise par Hubble le 1er avril 1995 d'une petite partie de la Nébuleuse de l'Aigle.
Il s'agit d'un amas de molécules d'hydrogène et de poussière interstellaire dont la dimension se mesure en années-lumière. Si l'on revenait quelques milliards d'années en arrière et que l'on assiste à la naissance de notre soleil et de notre système solaire, c'est sans doute quelque chose comme ça que l'on verrait.

Pour aller avec, voici quelques lignes de Les nuits blanches, de Dostoïevski.

La nuit était merveilleuse - une de ces nuits comme seule notre jeunesse en connut, cher lecteur. Un firmament si étoilé, si calme, qu'en le regardant on se demandait involontairement : peut-il vraiment exister des hommes méchants et capricieux sous un si beau ciel ?

dimanche 31 juillet 2016

S. Salgado - Serra Pelada, Brésil (1986)

Le vide-grenier du dimanche. C'était hier le dixième anniversaire de la disparition de Murray Bookchin, qui écrivait dans Our synthetic environment, publié en 1962 sous le nom de plume de Lewis Herber : 
L'homme exploite la terre qui le nourrit à la manière d'un parasite qui se multiplie jusqu'à ce qu'il tue son hôte.
C'était aussi, il y a quelques jours, l'élection du photographe brésilien Sebastiao Salgado, économiste de formation, à l'Académie des Beaux-Arts où il succède à Lucien Clergue (voir novembre 2014).

S.S. - Xingu, Mato Grosso (2005)
Les deux clichés que voici sont extraits de sa série Genesis, publiée en 2013 chez Taschen. Le premier nous donne à voir une mine d'or à ciel ouvert dans l'État de Pará, non loin de l'embouchure de l'Amazone au Brésil. Sur le second cliché, ceux dont le territoire est violé, contaminé, et détruit par les chercheurs d'or.
Sur le travail de Salgado, voir le film Le sel de la terre, co-réalisé en 2013 par Wim Wenders et son fils Juliano.

dimanche 24 juillet 2016

Albert Marquet - Le jardin à Pyla (1935)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres d'Albert Marquet (1875-1947), associé au mouvement fauviste et au postimpressionnisme.
Formé à l'École des Arts décoratifs grâce au soutien de sa mère qui croit en son talent et vient s'installer avec lui à Paris, il y rencontre Matisse qui deviendra son indéfectible ami. Tous deux intégreront ensuite l'École des Beaux-Arts où ils suivront l'enseignement du peintre symboliste Gustave Moreau.

A. M. - Les toits de Paris (1906)


L'oeuvre d'Albert Marquet, avec cette simplification des formes et sa manière unique de capturer la beauté et la poésie de la lumière, reste une contribution importante à l'art du début du 20ème siècle.
Je ne sais ni écrire ni parler, mais seulement peindre et dessiner. Regardez ce que je fais. Ou je suis arrivé à m'exprimer ou j'ai échoué. En ce cas, que vous me compreniez ou pas, par votre faute ou par la mienne, je ne peux pas faire plus.
PH3

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samedi 23 juillet 2016

E. Tudor-Hart - Hungry child, White Chapel
(1935)
Une image et des mots. L'image est de la photographe britannique Edith Tudor-Hart, les mots sont de l'égyptien Albert Cossery, extraits de son recueil de nouvelles Les hommes oubliés de Dieu (1927)

Cependant, la ville regorgeait d'une multitude d'êtres, qui n'avaient rien de commun avec ce désordre et ces lumières. Ils passaient près de toutes ces lumières comme des ombres peureuses. Ils regardaient toutes ces belles choses de la ville avec des yeux de bêtes qui ne comprennent pas. Ils transportaient avec eux leur quartier boueux et leur sale misère. Ils étaient visibles comme des plaies. On leur faisait la chasse, mais ils s'obstinaient à rester. Une raison suffisante et implacable les attirait dans cette enceinte magique : la faim. C'était une chose qu'ils comprenaient très bien. Ils étaient innombrables, autour des restaurants, de tous les endroits où l'on mange. Pour eux, manger était tout. Ils ne désiraient rien d'autre. Depuis des générations ils n'avaient pas eu d'autres désirs. C'était des corps ignobles et sans âme. La ville souffrait de les contenir ; la civilisation souffrirait de les voir. Ils ressemblaient à des remords ; des remords très anciens enracinés dans le sol. Mais, malgré tout, ils ne voulaient pas mourir. Mendier un morceau de pain à ceux qui leur avaient tout pris était encore pour eux une chance de vivre. Et on les appelait mendiants ou bien voleurs suivant leur insistance à vivre.

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