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Colin Jones - Blackpool (1966) |
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe et photojournaliste anglais Colin Jones (b.1936).
D'abord danseur de ballet - il épouse la danseuse étoile canadienne Lynn Seymour -, Colin Jones met les tournées à profit pour documenter la vie des coulisses mais aussi celle des villes et des régions traversées.
C'est ainsi qu'il découvre, en 1961, des chercheurs de charbon dans les dépotoirs de Birmingham ; abandonnant alors son métier pour devenir photographe il y retourne l'année suivante et réalise pour The Observer une série documentaire sur les mineurs et les travailleurs pauvres du nord-est de l'Angleterre.
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C. Jones - Wallsend, Newcastle (1962) |
Aux côtés d'autres photographes comme Don McCullin, qui fera l'objet d'une prochaine publication, il collabore désormais à
The Observer pour qui il couvrira aussi bien l'activité des docks de Liverpool que les émeutes raciales aux États-Unis ou l'effervescence du
Swinging London.
Ces deux clichés, inutile de dire que je les aime puisque mon choix en témoigne ; j'y retrouve ce que j'aime en photographie, cet équilibre ténu entre la valeur esthétique, la trace documentaire, la part de récit, et l'humanité qui affleure, avec ou sans présence humaine. À Blackpool, en 1966, une jeune femme ajuste ses bigoudis devant un miroir, ou peut-être une fenêtre. Rien d’extraordinaire, mais j'y sens une tension douce, où se mêlent le désir d’être belle et la lassitude du quotidien. À Newcastle, en 1962, un homme marche sans hâte dans une rue ouvrière aux murs de briques sombres. Le sol luit sous la pluie, et au loin les grues des chantiers navals - sans doute ceux de Swan Hunter -, dressent leur ossature dans la brume. Scène d'apparence déserte et pourtant pleine d’un passé ouvrier, d’un quotidien rude, de silence, et de force contenue.