In girum imus nocte et consumimur igni

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samedi 6 septembre 2014

Jungjin Lee - Everglades 17 (2014)
Une image et des mots. La photo est de l'artiste coréenne Jungjin Lee; les mots sont du neuro-psychiatre Boris Cyrulnik, extraits de L'ensorcellement du monde (1997).

"L'utopie, c'est le plus joli moment pathologique d'une société normale qui aspire au bonheur. Le malheur, c'est que, n'éprouvant pas les mêmes désirs, nous n'inventons pas les mêmes utopies. Celles des autres nous agressent. Heureusement, la guerre peut nous en préserver et faire triompher notre utopie, la bonne. Ainsi sont justifiés les casse-gueules, au début.
L'homme, par son cerveau qui décontextualise les informations et la parole qui lui permet d'habiter dans le monde de l'imperçu, devint le champion interespèces du leurre qui s'éloigne et se dématérialise pour notre plus grand plaisir et notre plus grande souffrance, car bonheur et malheur s'accouplent pour engendrer l'histoire."

PH1
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dimanche 31 août 2014

Will Barnet - Woman by the sea (1973)
Le vide-grenier du dimanche. Deux toiles de l'américain Will Barnet (1911-2012). Formé à la School of the Museum of Fine Arts de Boston, puis à l'Art Students League de New York, il a exploré divers courants artistiques, du réalisme social à l'abstraction, avant de trouver sa propre voie, à contre-courant des tendances abstraites dominantes à son époque : un style figuratif, épuré, tendu entre rigueur géométrique et silence intérieur. Ses compositions, minutieusement structurées, mettent en scène des figures humaines stylisées, souvent féminines, posées dans des espaces calmes et ordonnés, presque méditatifs et empreints, il me semble, d'une certaine tendresse.

W.B. - Reclining woman (1982)
Ci-contre, la silhouette élégante d’une femme devant la mer offre les seules courbes d’une composition bâtie sur des bandes horizontales et des lignes verticales. Et c’est cette harmonie épurée, cette paix contenue, qui, aux côtés de celle qui contemple la mer, nous invite à notre tour à la même rêverie : celle qui nous saisit, comme l’écrivait Bachelard dans sa Poétique de la rêverie (1960), devant la grande beauté du monde.
"Ainsi nous nous trouvons bientôt sur la pente des souvenirs; insensiblement nous sommes ramenés à des rêveries anciennes, si anciennes soudain que nous ne pensons plus à les dater. Une lueur d'éternité descend sur la beauté du monde."
LC1

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dimanche 24 août 2014

Pierre Jahan - FFI, Paris (1944)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe et illustrateur Pierre Jahan (1909-2003), reconnu pour son travail poétique et souvent empreint d’un univers proche du surréalisme. Bien qu’il n’ait pas été un membre officiel de ce mouvement, ses images évoquent fréquemment le rêve, le mystère et le symbolisme, en mêlant techniques classiques et expérimentations visuelles.
Autodidacte, Jahan s’installe à Paris en 1933, où deux rencontres décisives - avec l’illustrateur Raymond Gid et le photographe Emmanuel Sougez -, l’orientent vers une carrière professionnelle.

Pierre Jahan (1947)
Dès lors, il collabore avec diverses revues et participe à des expositions aux côtés d'artistes comme Man Ray ou Henri Cartier-Bresson.
Le premier cliché a été pris il y a 70 ans jour pour jour, le 24 août 1944, et ce jour anniversaire aura au moins facilité mon choix pour l'une des deux images que je présente aujourd'hui. Car il y en a beaucoup qui me plaisent dans l'oeuvre protéiforme et fantasque de celui qui disait avoir toujours été fasciné par les jeux de la lumière et du hasard.

MP1
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dimanche 17 août 2014

Sir W. Russell - The flower girl (c.1938)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre portraitiste et paysagiste anglais Sir Walter Westley Russell (1867-1949), formé à la Westminster School of Art sous la houlette de Frederick Brown. Membre de la Royal Academy of Arts à partir de 1926, il en devint le conservateur des écoles de 1927 à 1942, tout en enseignant à la Slade School of Fine Art.

Sir W. Russell - The farmyard (1934)

Ancrée dans les paysages du Yorkshire, du Norfolk et du Sussex, son œuvre privilégie des sujets intimistes : scènes de nature, moments de vie simple, portraits et paysages, toujours traités avec une grande délicatesse. Son style, nourri par la tradition académique, se caractérise par une maîtrise classique du dessin et de la couleur, enrichie d’une sensibilité impressionniste, notamment dans le traitement de la lumière et des atmosphères, comme on peut le constater dans The Farmyard, présenté ici. J'aime tout particulièrement ces deux tableaux :  une jeune femme assise, mains posées aux hanches, chemisier entrouvert sur son corsage fleuri, regard franc sous un nœud bleu ; et une basse-cour traversée de lumière. La peinture permet de regarder les choses en tant qu'elles ont été une fois contemplées avec amour, disait Paul Valéry.

F. Porter - Interior with roses (1955) Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre américain Fairfield Porter (190è-1975), figure ...