In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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samedi 6 juillet 2013

Une image et des mots. L'image, c'est ICI. Et les mots auxquels je pense, les voici: 
"Rien n'égale le survol de Los Angeles la nuit. Une sorte d'immensité lumineuse, géométrique, incandescente, à perte de vue, qui éclate dans l'interstice des nuages. Seul l'enfer de Jérôme Bosch donne cette impression de brasier. Fluorescence voilée de toutes les diagonales, Wilshire, Lincoln, Sunset, Santa Monica. En survolant San Fernando Valley, c'est déjà l'infini horizontal, dans toutes les directions. Mais, passé la montagne, c'est une ville dix fois plus immense qui saute aux yeux. Jamais le regard n'aura été livré à une telle extension, la mer elle-même ne donne pas cette impression, car elle n'est pas géométriquement divisée. Le scintillement irrégulier, dispersé, des villes européennes ne livre pas non plus de parallèles, de points de fuite, de perspectives aériennes. Ce sont des villes du Moyen Âge. Celle-ci condense la nuit toute la géométrie future des réseaux de relations humaines, flamboyantes dans leur abstraction, lumineuses dans leur étendue, sidérales dans leur reproduction à l'infini. [...]

Moby & Mark Lanegan
[...] Car il n'est pas supportable de passer vivant au-delà de la seule difficulté d'être, dans la seule fluidité du ciel, des falaises, du surf, des déserts, dans la seule hypothèse du bonheur. [...]

[...] Pour nous les fanatiques de l'esthétique et du sens, de la culture, de la saveur et de la séduction, pour nous pour qui cela seul est beau qui est profondément moral, et seule passionnante la distinction héroïque de la nature et de la culture, pour nous qui sommes indéfectiblement liés aux prestiges du sens critique et de la transcendance, pour nous c'est un choc mental et un dégagement inouï de découvrir la fascination du non-sens, de cette déconnexion vertigineuse également souveraine dans les déserts et dans les villes.  Découvrir qu'on peut jouir de la liquidation de toute culture et du sacre de l'indifférence
."

Baudrillard, Amérique, 1986.

dimanche 30 juin 2013

Josef Koudelka - Irlande (1972)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe français, d'origine tchèque, Josef Koudelka  (b.1938).

J. Koudelka - France (1980)

"J'ai grandi dans un pays où je n'avais pas de liberté. Je connais son prix et veux la garder, j'ai toujours refusé les travaux de promotion ou de publicité, je n'ai jamais travaillé pour la presse. J'ai toujours photographié pour moi-même. Je fais ce que je veux!"

dimanche 23 juin 2013

S. M. - Nature morte fleurs, pêches et ananas
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre polonais (pour faire court) Zygmunt Menkès (1896-1986), un des nombreux étrangers membres de ce que faute de mieux on a appelé l'École de Paris, avant qu'il n'émigre à New York pour fuir le nazisme.

S. Menkès - Femme en intérieur

Il constituera, avec trois autres grands expressionnistes, Aberdam, Weissberg, et Weingart, le Groupe des 4, à qui Gallimard a consacré en 2000 un très beau livre simplement intitulé École de Paris, le Groupe des Quatre.
TW4

ICI

samedi 22 juin 2013

Une image et des mots.
La Rain Room est une installation que l'on doit au trio londonien de Random International, Stuart Wood, Florian Ortkrass, et Hannes Koch. 
Après avoir passé l'hiver au Barbican Centre de Londres, d'octobre 2012 à mars de cette année, elle est actuellement visible au MoMA de New York.
Par groupes de dix, les visiteurs déambulent, dansent même, dans une salle soumise à une averse continuelle mais où des capteurs - qui suivent les mouvements de chacun - interrompent la pluie à leur aplomb, leur permettant ainsi de rester au sec.
Pour aller avec, voici quelques vers de Walt Whitman, The voice of the rain.

Qui es-tu ? demandai-je à la douce averse
Laquelle, curieusement, me donna une réponse que je transcris ici :
Je suis le Poème de la Terre, dit la voix de la pluie, [...]
Je descends pour baigner les sécheresses, les atomes et la poussière du globe
Où tout ce qui est, sans moi ne serait que graines, latentes, non nées
Et à jamais, nuit et jour, je redonne vie à ma propre origine
Je la purifie et l'embellis
Car le chant, venu d'où il est né, après s'être accompli, vagabondant
Qu'il ait été entendu ou non, s'en revient dûment chargé d'amour.

dimanche 16 juin 2013

B. Davidson - Statue of Liberty (1958)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de l'américain Bruce Davidson (b.1933), membre de l'agence Magnum depuis 1958. C'est à cette époque qu'il réalise dans le monde du cirque sa fameuse série "The dwarf", puis, l'année suivante, une autre très belle série documentaire intitulée Brooklyn Gang (1959-60). J'aime particulièrement un des clichés de cette dernière et il fera l'objet d'une future publication.

B. Davidson - Time of change (1963)

Pour cette fois, j'ai choisi de privilégier la valeur documentaire, avec notamment ce cliché intitulé "Time of change" et qui est issu du travail qu'a consacré Bruce Davidson au combat des noirs américains pour les droits civiques, le Civil Rights Movement.

JP4 ICI