In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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samedi 2 juin 2012

a/u (n.d)

Une image et des mots. Une curiara, une pirogue, en Amazonie.
Les mots sont du grand argentin Jorge Luis Borges ; ils sont l'incipit et la conclusion de sa nouvelle Les ruines circulaires (in Fictions, 1944).

Nul ne le vit débarquer dans la nuit unanime, nul ne vit le canot de bambou s'enfoncer dans la fange sacrée...
[.....] Dans une aube sans oiseaux le magicien vit fondre sur les murs l'incendie concentrique. Un instant il pensa se réfugier dans les eaux, mais il comprit aussitôt que la mort venait couronner sa vieillesse et l'absoudre de ses travaux. Il marcha sur les lambeaux de feu. Ceux-ci ne mordirent pas sa chair, ils le caressèrent et l'inondèrent sans chaleur et sans combustion. Avec soulagement, avec humiliation, avec terreur, il comprit que lui aussi n'était qu'une apparence, qu'un autre était en train de le rêver.

dimanche 27 mai 2012

J. D. - Union Station, Chicago, Illinois (1943)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Jack Delano (1914-1997). Né Jacob Ovcharov à Kiev, en Ukraine, il arrive aux États-Unis en 1923 avec ses parents qui fuient la révolution et devient en 1940 membre de la FSA (Farm Security Administration), un organisme créé en 1937 à l'initiative du Président Roosevelt pour aider les fermiers les plus durement touchés par la Grande Dépression (voir publication du 18/12 2011)

J.D. - Locomotives roundhouse (1942)







Mais c'est surtout son travail sur les mineurs de Pennsylvanie et sur l'activité ferroviaire aux États-Unis qui va lui apporter la notoriété. En photographiant les gares et les trains il documente aussi la vie ouvrière qui y est attachée, et porte témoignage de la vie urbaine et rurale de l'époque.
To do justice to the subject has always been my main concern, écrit-il dans son autobiographie  Photographic memories, parue en 1997 (ed. Smithsonian Institution Press).

MR1

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dimanche 20 mai 2012

Andrew Wyeth - Christina's world (1948)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'américain Andrew Wyeth (1917-2009), déjà présenté en janvier 2009 à l'occasion de sa disparition.
Christina'world, une tempera à l'atmosphère étrange,  est son tableau le plus célèbre. Wyeth y représente une jeune femme handicapée, Christina Olson, qu'il avait déjà peinte l'année précédente. On sent les efforts de la jeune femme sur ses bras malades, la tension du corps vers sa maison, dans le lointain.

A.W. - Wind from the sea
(1947)
Christina Olson n'a jamais voulu de chaise roulante; elle se déplaçait toujours ainsi, à la maison ou dans les champs, par reptation.
Cette fenêtre est au 2ème étage de la maison des Olson, et ce champ qui s'étend dans le lointain, c'est celui où Christina sera peinte un an plus tard, cueillant des fleurs. Mais ce jour-là elle n'y était pas ; Wyeth peignait le vent.
FZ1

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samedi 19 mai 2012

Porta Furba, Via Tuscolana (n.d)

Une image et des mots. J'ignore à quelle date et par qui a été prise cette belle photographie de la via Tuscolana, une route médiévale qui joint Rome à la ville pré-romaine de Tusculum
C'est sur cette route que se trouvent les studios de Cinecitta..., et de fil en aiguille je pense à ce poème du réalisateur italien Pasolini. Il est extrait de Poèmes en forme de rose, publié en 1964.

Je suis une force du passé, 
Tout mon amour va à la tradition
Je viens de ruines, des églises
des retables d'autels, des villages
oubliés des Appenins et des Préalpes
où mes frères ont vécu.
J'erre sur la Tuscolana comme un fou,
sur l'Appia comme un chien sans maître.
Ou je regarde les crépuscules, les matins
sur Rome, sur la Ciociara, sur le monde,
comme les premiers actes de la Posthistoire,
auxquels j'assiste par privilège d'état civil,
du bord extrême de quelque époque ensevelie.
Il est monstrueux, celui qui est né
des entrailles d'une femme morte.
Et moi je rôde, foetus adulte,
plus moderne que n'importe quel moderne
pour chercher des frères qui ne sont plus.

C.Ebbets - Lunch atop a skyscraper (1932) Une image et des mots. Pour aller avec ce cliché célébrissime, attribué à Charles Ebbets, voici q...