In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 4 mars 2012

Wallace Berman - 7 (1965)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'artiste plasticien américain Wallace Berman (1926-1976), icone du mouvement Beat californien.
Né à Staten Island, New York, il effectue la majeure partie de sa carrière en Californie, où il développe un style unique combinant objets trouvés, collage, et éléments photographiques.
L'art de Berman explorait souvent des thèmes de spiritualité, de contre-culture, et de dissidence politique, et son travail était fortement influencé par le mysticisme et son engagement auprès des poètes et musiciens de la Beat Generation des années 50 et 60.

W.B. - See you soon (1965)
Il était d'ailleurs l'éditeur et le directeur de Semina, un magazine influent qui publiait le travail d'écrivains et d'artistes de la Beat Generation.
The creative act is a way of reclaiming our humanity, of asserting our freedom, of expressing our deeper truths.
Son oeuvre la plus célèbre est sa série de collages Verifax, qu'il a créée en superposant des images photographiques et des objets trouvés, puis en photocopiant l'assemblage. Il a également produit une série de peintures "Sans titre" qui combinaient des coups de pinceau expressionnistes abstraits avec des éléments de collage.

samedi 3 mars 2012

Hans Holbein le Jeune - Les Ambassadeurs (1533)

Une image et des mots. Vanitas vanitatum... Où l'on apprend que Patrick Poivre d'Arvor brigue un fauteuil à l'Académie Française.

Cet homme de télévision, qui pendant près de 30 ans nous a présenté l'actualité du monde avec des minauderies de mirliflore érotomane, accusé de truquages dans son métier de journaliste (la fausse interview de Castro, le faux garde-du-corps de Saddam Hussein, ICI), accusé de plagiat dans son métier d'écrivain (sa biographie d'Hemingway, ICI), condamné en appel à une peine de prison avec sursis pour recel d'abus de bien sociaux (affaire Botton, ICI) a tout de même été fait chevalier de la Légion d'Honneur, élevé au grade de commandeur dans l'ordre des Arts et des Lettres, et est également officier de l'ordre national du Mérite.
Cet homme donc, qui mieux que quiconque sait ses faiblesses et sa vanité - cet hommage d'un imbécile aux qualités d'un âne très intime, disait Ambrose Bierce -, n'estime visiblement pas être indigne de tous ces honneurs puisqu'il en brigue un surcroît, en venant aujourd'hui, sans aucune honte, prétendre mériter l'immortalité.... Formidable !

Lire, au sujet de ce tableau de Hans Holbein que j'ai choisi pour illustrer ce billet - et à propos de sa fameuse anamorphose -, ce qu'en dit Roger Caillois dans son ouvrage Au coeur du fantastique (1965). Lacan aussi l'avait commenté, mais bon...., Lacan.

dimanche 26 février 2012

Isaak Brodsky - Dnieprostroi (1932)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du russe Isaak Brodsky (1883-1939), éminent représentant de ce courant vertueux que l'on appelle le réalisme socialiste soviétique.
Je ne vois pas, au contraire de Lénine, l'art comme une simple petite vis dans la belle mécanique de la révolution, et donc je ne suis pas particulièrement friand des peintures héroïco-martiales de l'art de propagande...
Mais ici, point d allégorie à la mâchoire carrée, point de contre-plongée sur de sculpturaux prolétaires qui brandissent des clés à molette. Au contraire c'est une vue en plongée que nous propose Brodsky, sur le chantier du Dieprostroi qui était alors le plus grand barrage du monde, ... Et l'on n'y voit pas la métaphore attendue d'une multitude de bâtisseurs industrieux au pied de colossales murailles, juste une poignée d'ouvriers raisonnablement affairés; l'un même est assis, et un autre à ses côtés - jambes nonchalamment écartées - a les mains sur les hanches..
Le parti-pris du peintre, donc, me plaît assez, et sa réalisation, sur le plan strictement esthétique, davantage encore... : l'emploi des couleurs, l'équilibre de leurs belles nuances sur la toile, avec cette géométrie d'ombre et de lumière, et ces belles diagonales, le câble d'une grue dont on ne voit que l'ombre... J'aime beaucoup ce tableau.

I. B - Parole IV, Lénine à Putilov (1929)
Le second, tout aussi conventionnel dans son sujet et moins original dans sa composition, me plaît aussi ...
Le titre complet de ce tableau est "Parole IV. Lénine lors d'un rassemblement des travailleurs de l'usine de Putilov en mai 1917." Lénine, donc, de retour d'exil, qui exhorte le peuple à renverser le gouvernement provisoire mis en place après l'abdication du tsar Nicolas II.
J'admire ici la virtuosité du peintre dans le rendu des vestes fatiguées, les avant-bras maculés, ces dizaines et dizaines de postures et d'attitudes formidablement vivantes, cette façon particulière qu'a chacun des trois fumeurs de tenir sa cigarette... Il n'y a qu'une femme dans cette foule, et - de profil - un sosie de Lénine. Où est Charlie ?

dimanche 19 février 2012

John Topham - Mary Anne Smith (c.1930)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du photographe documentaire anglais John Topham (1908-1992), photographe "de la vie ordinaire de gens ordinaires, et des petites choses de la vie telles qu'elles sont réellement".

J.T. - Un ouvrier sur une cheminée
Dartford
(1938)
Mary Anne Smith exerçait dans l'est de Londres le métier de "knocker up", un office né avec l'Angleterre industrielle et qui consistait le matin à taper au carreau de l'ouvrier pour le sortir du lit.
La plupart des "knocker-uppers" employaient un longue perche qui leur permettait d'atteindre les fenêtres de l'étage (voir la publication du 4 dernier).
Mary Anne, elle, se servait d'une sarbacane à petits pois ; ils sont dans sa poche.

samedi 18 février 2012

Pieter Brueghel - Jeux d'enfants (1560)
Une image et des mots. L'image est une peinture sur bois de Pieter Brueghel l'Ancien (c.1530-1569), conservée au Musée d'histoire de l'art de Vienne.
Chaque homme cache en lui un enfant qui veut jouer, disait Nietzsche.
J'ai pensé à cet extrait de Belle du Seigneur (1968), d'Albert Cohen.

Dans la salle des pas perdus, les ministres et les diplomates circulaient, gravement discutant, l'oeil compétent, convaincus de l'importance de leurs fugaces affaires de fourmilières tôt disparues, convaincus aussi de leur propre importance, avec profondeur échangeant d'inutiles vues, comiquement solennels et imposants, suivis de leurs hémorroïdes, soudain souriants et aimables. Gracieusetés commandées par des rapports de force, sourires postiches, cordialités et plis cruels aux commissures, ambitions enrobées de noblesse, calculs et manoeuvres, flatteries et méfiances, complicités et trames de ces agonisants de demain.

dimanche 12 février 2012

Steve McCurry - Afghan girl (1984)
Le vide-grenier du dimanche. Après la publication de juin 2011, voici deux nouveaux clichés du photo-journaliste américain Steve McCurry (b.1950) ; et pourquoi écarter, au motif qu'il est célébrissime, son portrait de Sharbat Gula ?
Connu sous le titre de l'Afghane aux yeux verts, c'est celui d'une fillette de 13 ans au regard intense, rencontrée dans un camp de réfugiés au début de l'invasion soviétique. Ses parents ont été tués, et ce que McCurry nous montre ici de la guerre, ce ne sont pas des géographies dévastées; juste sa marque sur les visages.

Steve McCurry - Bombay (1993)
Photography is a way of understanding the world.

Les photos de Steve McCurry révèlent la vraie couleur du monde. Elles sont tellement justes et belles qu'il est bien difficile de n'en choisir que deux pour donner à voir tout son talent et son humanité : une enfant dans une école de la vallée de l'Omo, en Éthiopie, une autre en Inde, blottie contre un mur pour se protéger, mais en vain, de la pluie, ou bien une autre encore qui porte sur elle le poids d'un monde qui n'est pas fait pour un enfant.
C'est finalement ce cliché d'une mère avec son enfant, sous le déluge de la mousson. Le dehors et le dedans, l'intempérie et le refuge, la misère et la boucle d'une ceinture de sécurité inemployée...
BS3
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JP4 ICI