In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 13 avril 2008

E-R. - Cellule de Van Gogh, Arles (1984)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de la photographe américaine d'origine polonaise Eva Rubinstein (b.1933), fille du grand pianiste Arthur Rubinstein.
Née à Buenos Aires, alors que sa mère accompagnait son père en tournée en Amérique du Sud, elle grandit à Paris jusqu'au départ de sa famille pour les États-Unis en 1939, lorsqu'éclate la Seconde Guerre mondiale ; elle obtient la nationalité américaine en 1946.

E.R. - Nu aux coussins, NYC (1972)
Ce n'est qu'à partir de 1967, après s'être d'abord consacrée à la danse et au théâtre, qu'elle s'intéresse à la photographie ; elle y sera initiée entre autres par Lisette Model et Diane Arbus.
Elle va alors s'adonner au portrait et à la photo documentaire, collaborant avec des publications en Europe et aux Amériques tout en travaillant à son oeuvre personnelle.
Dans la préface d'un catalogue publié en 1985, Jean Dieuzaide écrit ceci : De ce presque rien naissent des images équilibrées et pleines d'un infini qui résume toutes les pulsions de l'être humain, sans toutefois les enfermer dans un cadre : l'espace est une notion sacrée. Les effets de notre subconscient s'y promènent et s'effacent dans ces décors intemporels d'une grande et nostalgique beauté.

HP1
ICI

dimanche 6 avril 2008

Carl Gustav Nelson - Central Park (1934)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre américain d'origine suédoise Carl Gustav Nelson (1898-1988). Natif de Hörby, en Suède, il arrive aux États-Unis à l'âge de cinq ans. Il se forme à la Chicago Academy of Fine Arts (1920–1921), puis à la Art Students League de New York (1923–1927) sous l’égide de Kimon Nicolaides et Kenneth Hayes Miller.
C.G. Nelson - Still life

C'est à peu près tout ce que je sais de lui qui vaille que j'en fasse mention dans cette publication, malgré des demandes de renseignements à son sujet auprès du SAAM, restées à ce jour sans réponse. Ayons l'habitude de nous taire sur ce que l'on ignore, disait sagement Sophocle. Je m'abstiens donc d'en dire davantage.

samedi 5 avril 2008

Gravure de Abraham Ortelius (1527-1598)
Une image et des mots. Il ne reste plus qu'un seul exemplaire de cette gravure sur cuivre qui représente, d’après l’œuvre de Thomas More, l’île d’Utopie et ses cités vertueuses, et il fait partie d’une collection privée.
La gravure est l’oeuvre du cartographe et géographe belge Abraham Ortelius (1527-1598), communément considéré l’inventeur du premier atlas moderne : le Theatrum Orbis Terrarum imprimé à Anvers en 1570.

« En quête d’épreuves nouvelles, et au moment même où je désespérais d’en rencontrer, l’idée me vint de me jeter sur la littérature utopique, d’en consulter les « chefs d’œuvre », de m’en imprégner, de m’y vautrer.
À ma grande satisfaction, j’y trouvai de quoi rassasier mon désir de pénitence, mon appétit de mortification. Passer quelques mois à recenser les rêves d’un avenir meilleur, d’une société « idéale », à consommer de l’illisible, quelle aubaine !
Je me hâte d’ajouter que cette littérature rebutante est riche d’enseignements, et, qu’à la fréquenter, on ne perd pas tout à fait son temps. On y distingue dès l’abord le rôle que joue, dans la genèse des événements, non pas le bonheur, mais l’idée de bonheur, idée qui explique pourquoi, l’âge de fer étant coextensif à l’histoire, chaque époque s’emploie à divaguer sur l’âge d’or. Qu’on mette un terme à ces divagations : une stagnation totale s’ensuivrait.
Nous n’agissons que sous la fascination de l’impossible : autant dire qu’une société incapable d’enfanter une utopie et de s’y vouer est menacée de sclérose et de ruine
. »
Cioran, Histoire et utopie, 1960.

dimanche 30 mars 2008

Z. S. - Autoportrait au foulard (1911)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'artiste russe Zinaïda Serebriakova (1884-1967), formée à l’école privée Maria Tenicheva à Saint-Pétersbourg, puis à Paris. La Révolution d’Octobre bouleverse sa vie : son mari meurt, elle est séparée de ses enfants, et contrainte à l’exil.
En 1924, elle rejoint Paris, où elle vivra jusqu’à sa mort, peignant souvent de mémoire, parfois au fil de rares voyages.
Serebriakova revient toujours à ce qui lui est proche : sa famille, la vie domestique, les gestes simples, la campagne russe. Il y a chez elle des affinités avec la Renaissance italienne et avec certains impressionnistes français, mais elle reste en marge des écoles, fidèle à un regard tranquille, attentif, presque toujours tourné vers des figures familières.
Z.S. - Panier avec des sardines (1930)

Comme j’aime beaucoup son travail, j’ai eu du mal à choisir les deux tableaux de cette chronique. Parmi plusieurs autoportraits, dont celui à la table de toilette que je trouve étonnamment moderne, j’ai finalement retenu celui-ci : il pourrait être le portrait d’une jeune femme bohème d’aujourd’hui, tant il semble proche dans son attitude.
Pour le second tableau, j’ai longtemps hésité avec sa Terrasse à Collioure – peut-être aussi un autoportrait, si l’on en croit le carton à dessins posé tout près – mais ce sera finalement ce panier de sardines, que j’aime pour sa simplicité directe et la fraîcheur presque domestique du motif.

samedi 29 mars 2008

Willem van de Poll - Place Blanche (1936)
Une image et des mots. Voici une bien belle photo de la Place Blanche avec son Moulin Rouge, par le photographe de presse néerlandais Willem van de Poll. 
Si l'on regarde attentivement sous l'enseigne allumée au bas de l'affiche Cinzano, on peut lire le nom du bar Cyrano. C'était dans les années 20 un des cafés dans lesquels André Breton "faisait la révolution".
Comment résister au plaisir d'associer à ce cliché un extrait traduit d'une lettre adressée - en anglais, ICI - par Frida Kahlo, le 16 février 1939, à son amant le photographe Nickolas Muray, alors qu'elle séjourne à Paris pour y exposer ses oeuvres ?

Bon, quand tout a été plus ou moins réglé, comme je te l'ai expliqué, Breton m'a dit il y a quelques jours que l'associé de Pierre Colle, un vieux bâtard et fils de pute, avait vu mes tableaux et considéré que deux seulement pouvaient être exposés parce que le reste était trop choquant pour le public !! J'aurais pu tuer ce type et le bouffer ensuite, mais je suis tellement dégoûtée par toute cette affaire que j'ai décidé de tout envoyer au diable et de me tirer de ce foutu Paris avant de devenir dingue. Tu n'as pas idée du genre de salauds que sont ces gens. Ils me donnent envie de vomir. Ils sont si "intellos" et pourris que je ne peux plus les supporter. C'est vraiment trop pour moi. Je préfèrerais m'assoir par terre au marché de Toluca pour vendre des 'tortillas' que d'avoir encore affaire à ces putains d'"artistes" parisiens. Ils passent des heures à se réchauffer leur précieux derrière dans les cafés, à parler sans discontinuer de "culture", d'"art", de "révolution", et ainsi de suite, en se prenant pour les dieux du monde, en délirant sur les choses les plus absurdes et en polluant l'atmosphère avec des théories et des théories qui ne deviennent jamais réalité.
Le lendemain matin, ils n'ont rien à manger chez eux vu qu'aucun ne travaille, et ils vivent aux crochets d'un tas de riches vieilles peaux qui admirent le "génie" de ces "artistes". De la merde et rien que de la merde, voilà ce qu'ils sont. Je ne vous ai jamais vus, ni Diego ni toi, perdre votre temps en stupides commérages et en discussions "intellectuelles"; voilà pourquoi vous êtes de vrais hommes et pas des "artistes" bidon. Bon sang ! Ça valait le coup de venir, rien que pour voir pourquoi l'Europe est en train de pourrir, et pourquoi tous ces gens - des bons à rien - sont la cause de tous les Hitlers et Mussolinis. Je te parie ma vie que je vais haïr cet endroit et ses gens jusqu'à la fin de mes jours. Il y a chez eux quelque chose de tellement faux et irréel que ça me rend dingue.

Je dois avouer que je n’ai jamais vraiment accroché à ce qu’elle peint, mais j’aime assez ce qu’elle écrit.

dimanche 23 mars 2008

J. Brack - First daughter (1955)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre australien John Brack (1920-1999), natif de Melbourne et formé dans les années 1940 à la National Gallery School après avoir servi dans l’armée pendant la Seconde Guerre mondiale. Il s’inscrit très vite dans le courant du réalisme moderniste australien, avec une manière sobre, très urbaine et contemporaine.
Il fait partie, aux côtés de Charles Blackman, des frères Arthur et David Boyd, de Robert Dickerson, de John Perceval et de Clifton Pugh, du groupe des Antipodéens, formé pour affirmer l'importance de l'art figuratif en réaction à l'expressionnisme abstrait américain.

J.B. - North Balwyn tram terminus
(1954)
Brack regarde la ville, ses gestes mécaniques, ses décors neutres ; sa palette est souvent éteinte - bruns, beiges, gris, ocres -, et ses compositions rigoureusement construites. Il peint les bureaux, les cafés, les mariages, les files d’attente, avec une précision presque chirurgicale et un humour discret mais mordant, comme l'illustre par exemple son Collins St., 5 p.m.
What I'm interested in in painting is people, of course, principally, how they live, how they behave, how they get the faces they deserve, how they can bear to put up with a life which seems so curiously tragic.

Albert Rieger - Clair de lune Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et photographe autrichien Albert Rieger (1834-1905), form...