In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 26 février 2023

L.M. - Pêcheurs en hiver

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre allemand Ludwig Munthe (1841-1896). Né en Norvège, Munthe étudie d’abord à Bergen sous la direction de Franz Schiertz, avant de s’installer à Düsseldorf, où il devient l’élève du paysagiste Albert Flamm à la Kunstakademie ; c'est à cette École de Düsseldorf, haut lieu du paysage romantique européen du XIXᵉ siècle, qu’il est généralement rattaché.
L.M. - Paysage d'hiver (1863)

Peintre avant tout de paysages animés de petites figures (le staffage), Munthe accordait souvent aux personnages un rôle secondaire, simples présences humaines dans l’immensité de la nature. C’est peut-être pour cela que j’aime particulièrement cette toile représentant des pêcheurs au rivage, où l’équilibre entre l’homme et le paysage paraît, pour une fois, plus intime et plus touchant.

GH1
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dimanche 19 février 2023

A.S. Reese - Chuck in the tunnel

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de la photographe américaine Andrea Star Reese (b.1952), déjà présentée ici en décembre 2017. Le premier est tiré de sa série documentaire The Urban Cave, réalisée entre 2007 et 2014, consacrée aux sans-abri vivant dans les souterrains ferroviaires sous Harlem - un travail au long cours publié en livre en 2015. Le second appartiernt à sa série "Disorder"; c'est l'un des plus "supportables". Pour en connaître le contexte, c'est ICI

A.R. - Ngawi, Indonesia (2022)
Cette série - souvent difficile - documente les conditions de vie de personnes atteintes de troubles mentaux en Indonésie, en mettant en lumière des pratiques abusives comme le "pasung" (confinement forcé). Ce projet a contribué à une enquête de Human Rights Watch et à des réformes significatives en Indonésie.
De New York à Seattle et Jakarta, Andrea Star Reese s’intéresse à des réalités sociales souvent marginalisées ou invisibles. À travers sa photographie, elle cherche moins à dénoncer qu’à rendre visible - à rappeler ce que la société parfois préfère ne pas voir. "Ce qui dérange la société, écrivait Lydia Perréal dans J'ai 20 ans et je couche dehors, c'est que nous sommes ses victimes. En nous elle voit ses mauvaises notes, ses erreurs accumulées, son égoïsme, ses poubelles qu'elle ne sait pas où vider : les preuves vivantes de son échec."

TN3
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samedi 18 février 2023

Anonyme Souabe
Portrait de femme de la famille Hofer (c.1470)
Une image et des mots. Que fait cette mouche, née de la décomposition et créature de Belzébuth, prince des démons, sur la coiffe de cette belle dame ?
On la retrouve sur le Portrait d'un Chartreux, de Petrus Christus.

Maybe there is a beast, maybe it's only us...
Je pense au terrible roman de William Golding, Lord of the Flies (1954), traduit en français sous le titre Sa Majesté des Mouches.

- Oui, c'était comme ça au début, répliqua Ralph, avant que les choses... Il s'interrompit.
- Au début, on s'entendait.
L'officier l'encouragea du menton.
- Oui, je comprends. La belle aventure. Des Robinsons...
Ralph fixa sur lui des yeux vides. Il se remémora dans un éclair le charme étrange qui avait autrefois baigné cette plage. Mais l'île n'était plus qu'un amas de bois mort, calciné. [...] Les larmes lui jaillirent des yeux et des sanglots le secouèrent. [.....] Ralph pleurait sur la fin de l'innocence, la noirceur du coeur humain...

dimanche 12 février 2023

J-P. B. - Jesus and Mary, Dublin (2019)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Joseph-Philippe Bevillard (b.1964). Né à Boston, il vit en Irlande depuis 2000.
Il se met à la photographie en 1984, à l’âge de vingt ans, puis étudie l’art pendant deux ans au Rochester Institute of Technology de New York, avant de poursuivre sa formation à l’Art Institute de Boston à partir de 1990.

J-P.B. - Biddy, Tipperary (2020)
Parmi ses influences, Bevillard cite Diane Arbus, Richard Avedon, Brassaï, August Sander ou encore Paul Strand. Comme eux, il s’intéresse aux gens 
« pas comme les autres » : les fêtards, les exclus, les marginaux, les gens de la rue. Au début des années 2000, il s’installe en Irlande, où il entreprend de documenter la vie des gens du voyage - les Tinkers, ou Mincéirs - avec la volonté de produire ce qu’il appelle des « images honnêtes ».
Les photographies de Bevillard frappent par leur authenticité et leur humanité : il parvient à capturer la dignité, les émotions et la réalité quotidienne de ses sujets sans aucun artifice, tout en révélant leur singularité et leur résilience. Il a passé des années à gagner la confiance de cette communauté souvent stigmatisée, réalisant ainsi des portraits d’une rare intimité.
"Je crois qu'un bon portrait doit être en mesure de montrer ce qu'une personne a été, ce qu'elle est, et ce qu'elle sera".

AS1

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dimanche 5 février 2023

A.S. - The common thread (2020)
Le vide-grenier du dimanche. Deux aquarelles de Alisa Shea (b.1974), peintre américaine installée dans l’État de New York. Autodidacte, elle travaille à l’aquarelle et s'intéresse aux objets du quotidien, souvent des objets usés ou anciens, marqués par le temps, qu'elle photographie avant de les peindre. Elle s'attache aux surfaces, aux textures, à des reflets précis : une boîte cabossée, un morceau de verre, un livre posé sur une table. Les couleurs sont exactes, les contours nets, les détails minutieux.
A.S. - Marked (2022)

Je remarque la patience de l’observation : les plis, les rayures, les bords effacés sont restitués avec soin, et les petites variations de lumière apparaissent clairement, pour un rendu sec et précis, sans effet dramatique. Et tout, dans la peinture de ces choses banales que quelqu'un a vues, touchées, utilisées, tout témoigne d'un geste, d'un moment simple du quotidien, et de la mémoire silencieuse qui s'y est déposée. "Chaque chose porte en soi son infini", nous dit Le Clézio dans L'Extase matérielle (1967).

samedi 4 février 2023

Ken Schles - Untitled

Une image et des mots. La photo est de Ken Schles, dont j'ai déjà présenté deux clichés en octobre 2010.
Les mots sont de la poétesse argentine Alejandra Pizarnik (1936-1972).

Sólo la sed
el silencio
ningún encuentro.
Cuídate de mí amor mío
cuídate de la silenciosa en el desierto
de la viajera con el vaso vacío
y de la sombra de su sombra.

***
Rien que la soif
le silence
aucune rencontre.
Méfie-toi de moi mon amour
méfie-toi de la silencieuse dans le désert
de la voyageuse au verre vide
et de l'ombre de son ombre.

Albert Rieger - Clair de lune Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et photographe autrichien Albert Rieger (1834-1905), form...