In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
eiπ + 1 = 0

dimanche 31 mai 2015

Victor Hugo - Ma destinée (1867)
Le vide-grenier du dimanche. "En art point de frontière", disait Victor Hugo. Voici deux dessins parmi les plus de 4000 qu'il a réalisés, le plus souvent sur papier au stylo et à l'encre noire délavée.
"L'encre, cette noirceur d'où sort une lumière" (Océan, Oeuvres posthumes)

V.Hugo - Paysage avec 3 arbres (1850)





Ces dessins, où l'imagination pour s'exprimer est délivrée des contraintes de l'écriture, Victor Hugo les faisait disait-il "à des heures de rêverie presque inconsciente, avec ce qui restait d'encre dans ma plume".
Restés de son vivant dans le cercle des intimes, ils n'ont été portées à la connaissance du public qu'après sa disparition.

dimanche 24 mai 2015

Raymond Depardon - La Gallia (2007)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de Raymond Depardon (b.1942), maître du film documentaire et immense photographe, créateur de Gamma en 1966 et membre de Magnum depuis 1979.
Le photographe de guerre réalise qu'il connait mieux le Vietnam, le Tchad, le Liban, l'Afghanistan, que les territoires ruraux de son propre pays. 
Alors pendant quatre ans, inspiré dans son projet par deux figures majeures de la photographie documentaire - les américains Paul Strand et Walker Evans -, il va sillonner la France en camping-car, à la recherche du génie du lieu.

R. D. - Le Portel, Pas-de-Calais (2007)
Rien de pittoresque au sens touristique du terme, rien de spectaculaire ni de délibérément séduisant... 
Ce qu'il photographie, c'est la France des sous-préfectures, les façades modestes des petits commerces, les trottoirs déserts... 
"J'ai eu envie de revenir au silence de la photographie". 
Des lieux vides, où la présence humaine le plus souvent invisible est perçue en creux...  
"Les gens ont peur du vide. Alors que ce n'est pas du tout ennuyeux de voir une photo vide. Je trouve que c'est une façon très forte de voir l'être humain."

Cette présence invisible, ces espaces du quotidien vécu, il les photographie avec minutie ... 
Pas à la sauvette, pas au Leica si facile à dégainer, mais en s'imposant la contrainte d'une prise de vue unique avec une chambre 20x25 et un trépied, en travaillant soigneusement les cadrages et les couleurs.
La France de Raymond Depardon a fait l'objet d'une publication au Seuil en 2010 dans la collection Beaux-livres. C'en est un.
AV1

ICI

samedi 23 mai 2015

Eugenia Loli - Yerba buena
Une image et des mots. Un collage de l'artiste grecque Eugenia Loli, de sa série Oh l'amour (2014).
Pour aller avec, quelques lignes d'Hannah Arendt, extraites de l'ouvrage Du mensonge à la violence.

Un des traits marquants de l'action humaine est qu'elle entreprend toujours du nouveau, ce qui ne signifie pas qu'elle puisse alors partir de rien, créer à partir du néant. On ne peut faire place à une action nouvelle qu'à partir du déplacement ou de la destruction de ce qui préexistait et de la modification de l'état de choses existant. 
Ces transformations ne sont possibles que du fait que nous possédons la faculté de nous écarter par la pensée de notre environnement et d'imaginer que les choses pourraient être différentes de ce qu'elles sont en réalité. Autrement dit, la négation délibérée de la réalité - la capacité de mentir -, et la possibilité de modifier les faits - celle d'agir - sont intimement liées ; elles procèdent l'une et l'autre de la même source : l'imagination.

DG3
ICI

dimanche 17 mai 2015

Jan Saudek - Hungry for your touch (1971)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés (argentiques) de l'artiste tchèque Jan Saudek (b.1935). Persécutés par les Nazis, de nombreux membres de sa famille, dont sa mère, ont péri dans le camp de concentration de Theresienstadt ; seul son père, son frère jumeau Karel et lui-même en sont revenus.

Jan Saudek - The letter (1975)





"Mon père s'écrit à lui-même une lettre, au pays de la jeunesse..."

J'aime particulièrement ses premiers travaux : en noir et blanc comme ici, ou colorisés comme sa photo d'un enfant assis sur une barrière et qui regarde passer un train (un de ses rares clichés en extérieur et qui fera l'objet d'une future publication).

SZ2
ICI

dimanche 10 mai 2015

H. Gude - Pêcheurs à la côte (1887)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre paysagiste norvégien Hans Fredrik Gude (1825-1903), que j'ai cité à plusieurs reprises dans ce blog, à l'occasion des publications consacrées à ses élèves Alfred Wahlberg (février 2015), Sophus Jacobsen (décembre 2014), et Amaldus Nielsen (juin 2010).
Hans Gude entre en 1838 à l'École Royale de dessin de Christiania, où il va étudier jusqu'en 1841 pour aller ensuite à l'Académie des Beaux-Arts de Düsseldorf suivre l'enseignement de Johann Schirmer dont il deviendra l'assistant jusqu'en 1846 ; en 1854 il lui succède au poste de professeur qu'il conservera jusqu'en 1861.

H.G. - Au bord du Chiemsee (1871)
Il prendra ensuite la direction de l'Académie des Beaux-Arts de Carlsruhe et enseignera ainsi jusqu'en 1901, deux ans avant sa disparition.
Hans Gude est considéré avec Johan Dahl comme l'un des plus éminents peintres paysagistes norvégiens, figure majeure du Romantisme national norvégien.
Ce mouvement, qui s'inscrit dans le courant romantique qui a traversé toute l'Europe, a trouvé un écho particulier en Norvège en raison de l'histoire de ce pays qui venait d'acquérir une indépendance partielle à l'égard de la Suède et qui était donc en quête d'éléments identitaires forts.

dimanche 3 mai 2015

Zoe Leonard - série Analogue
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de l'artiste multidisciplinaire américaine Zoe Leonard (b.1961).
Ces deux photographies font partie de la série Analogue dans laquelle, de 1997 à 2007, Zoe Leonard nous donne à voir les petits commerces misérables qui, à des milliers de kilomètres les uns des autres, s'incorporent au méga-système de la mondialisation...

Zoe Leonard - série Analogue









À New York, à Jérusalem ou à Kampala, dans les buvettes miteuses à l'enseigne de multinationales, dans les ateliers de réparation et dans les friperies où s'entassent ferraille et ballots de vêtements devenus anonymes, ce sont les mêmes objets et les mêmes produits qui circulent, des pays pauvres qui les fabriquent vers les pays riches qui les consomment, puis des pays riches qui les jettent vers les pays pauvres qui les convoitent...
AO2
ICI

samedi 2 mai 2015

Maître de Bedford - La tour de Babel
Une image et des mots. Cette enluminure représentant la tour de Babel est l'oeuvre du Maître de Bedford, maître enlumineur anonyme français de la première moitié du 15e. siècle.
Les mots sont extraits de l'essai de Merritt Ruhlen, "L’origine des langues", publié en 1994 et sous-titré "Sur les traces de la langue mère". Merritt Ruhlen enseigne la linguistique à l’université Stanford, en Californie.

« [.....] Pour de nombreux savants de l’époque (le 19e.), la famille indo-européenne constituait la forme la plus évoluée du langage humain, et ils se représentaient les langues du reste du monde comme des stades plus primitifs du développement du langage. […..] Au cours du 20e. se développa une perspective totalement différente. L’étude approfondie des langues parlées sur toute la Terre convainquit les linguistes qu’il n’existait en fait nulle part de langues primitives.
Ils considèrent pratiquement tous l’ensemble des langues humaines existantes comme étant de complexité équivalente, bien qu’il n’existe à vrai dire pas de moyen de mesurer la complexité d’une langue.
Pendant la même période les biologistes parvinrent à la conclusion qu’il n’existait pas non plus
sur Terre de peuples primitifs. Tous les êtres humains font montre de capacités cognitives et langagières très semblables, cela dans l’espèce entière ; les différences entre langues ne sont pas liées à des différences de structure du cerveau, et il est bien connu que tout enfant humain est capable d’apprendre n’importe quelle langue
. »

JP4 ICI