In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 28 juin 2009

Quentin Metsys - Le prêteur et sa femme (1514)
Le vide grenier du dimanche. Deux oeuvres du primitif flamand Quentin Metsys (1466-1530). Le prêteur et sa femme (1514), exposé au Louvre, où l'artiste met sa virtuosité au service de la morale autant qu'à celui du souci documentaire; les pièces d'or qui détournent l'épouse de son missel sont à cet égard un élément suffisamment explicite. À moins que son regard ne soit désapprobateur, ce qui revient au même quant aux intentions moralisatrices de l'oeuvre.

Le prêteur et sa femme (détail)





Un détail m'a toujours intrigué dans ce tableau. Il fait jour, comme on le voit à la fenêtre qui se situe hors champ, à la droite du prêteur, et dont on peut admirer les petits vitraux dans le miroir posé devant lui. Cette fenêtre, près de laquelle l'homme au bonnet rouge s'est installé pour lire, on en voit d'ailleurs aussi le reflet dans la carafe posée sur l'étagère.
Il fait jour, donc.
Alors, qu'est-ce que ce carré noir que l'on aperçoit par la porte entre-baillée, derrière les deux personnages qui discutent dans la pièce voisine, et qui ressemble à une fenêtre ouverte sur la nuit ? Une allégorie de plus dans un tableau qui en regorge ? À moins que cette porte n'ouvre pas sur une arrière-boutique mais sur la rue, où les deux personnages se seraient arrêtés pour discuter ; dans ce cas la fenêtre obscure serait celle d'une autre maison...
Ma langue au chat...

Q.M. - L'affreuse duchesse
(1513)

Sur la deuxième de ces oeuvres je ne vais pas m'attarder ; plusieurs hypothèses circulent sur l'identité incertaine de cette dame.
Ce qui est sûr en tous cas, c'est que c'est d'elle que s'est inspiré le grand illustrateur anglais John Tenniel (1820-1914) pour créer son personnage de la duchesse dans Alice au Pays des Merveilles (et non celui de la Reine de Coeur comme il est dit erronément dans le beau livre de la National Gallery de Londres où est conservé ce tableau).
BD1
ICI

dimanche 21 juin 2009

Werner Bishof - Varsovie 1948
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photojournaliste suisse Werner Bishof (1916-1954), un des premiers membres historiques de l'agence Magnum qu'il rejoint en 1949, et récipiendaire à titre posthume du prix Nadar.

W. Bishof - Southern States
(1954)

Après la guerre il voyage à travers l'Europe pour en documenter les ravages, puis, au début des années 50 il part en Inde pour y couvrir la famine, et en Indochine comme reporter de guerre.
Je me sentais obligé de m'aventurer et d'explorer le vrai visage du monde. Mener une vie d'abondance avait rendu bon nombre d'entre nous aveugles aux immenses souffrances au-delà de nos frontières.

samedi 20 juin 2009

Soichiro Tomioka - Arbres (1961)
Un image et des mots. L'image est une oeuvre du peintre japonais Soichiro Tomioka (1922-1994).
Pour aller avec, voici un extrait de l'essai de Robert Harrison, Forêts, essai sur l'imaginaire occidental, publié dans la collection Champs, chez Flammarion, en 1992. Il est le préambule de son chapitre intitulé Les ombres de la loi.

Pendant le haut Moyen Âge les vastes forêts de l'Europe du Nord couvraient le continent de leurs dômes de ténèbres, dans l'indifférence du temps. Des colonies grandes ou petites s'y nichaient ça et là, perdues dans les ombres du déclin de l'Antiquité. Pour le nouvel ordre social médiéval qui se réorganisait sur la base de nouvelles institutions féodales et religieuses, les forêts étaient foris, à l'extérieur. C'est là que vivaient les proscrits, les fous, les amants, les brigands, les ermites, les saints, les lépreux, les maquisards, les fugitifs, les inadaptés, les persécutés, les hommes sauvages. [....] Échapper à la loi et à la société des hommes, c'était se retrouver dans la forêt.
[....] L'Église chrétienne qui visait à unifier l'Europe sous le signe de la croix était fondamentalement hostile à cette barrière impassible de nature inculte. La bestialité, la chute, l'errance, la perdition - telles sont les images que la mythologie chrétienne associera de plus en plus aux forêts. D'un point de vue théologique, les forêts représentaient l'anarchie de la matière, avec toutes les images de sombre incomplétude associées à ce concept néoplatonicien rapidement adopté par les Pères de l'Église. Étant l'envers du monde pieux, les forêts étaient considérées par l'Église comme les derniers bastions du culte païen.

dimanche 14 juin 2009

Horacio Coppola - Londres (1934)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du cinéaste et photographe argentin Horacio Coppola (b.1906). 
C'est une de ses séries sur la capitale argentine, réalisée alors qu'il n'a que 21 ans, qui va illustrer la première édition de l'ouvrage consacré par son célèbre compatriote Borgès au poète oublié Evaristo Carriego.

H.C. - Buenos Aires, Corrientes (1936)

À la fin des années 20, Coppola gagne l'Allemagne où il va étudier au célèbre Bauhaus, l'école d'art fondée à Weimar en 1919 par Walter Gropius et devenue par la suite un courant artistique majeur du 20ème siècle.. Il y suit l'enseignement de Walter Peterhans, et c'est là qu'il rencontre la photographe Grete Stern qui deviendra sa femme. 
Il tourne en 1933 le film Traum ("Rêve") avant de quitter l'Allemagne nazie - qui accuse le Bauhaus de promouvoir un "art dégénéré" -, et séjourne à Londres puis Paris.
De retour en Argentine, il y réalise la série Buenos Aires 1936 qui va assoir définitivement sa notoriété.

dimanche 7 juin 2009

W. Bouguereau - Le livre d'histoires
(1877)
Le vide-grenier du dimanche. Pour le cuir du recueil, la page repoussée par le pouce invisible, la manche de la chemise, et la lumière dans les cheveux...
William Bouguereau (1825-1905), parangon de l'académisme adulé en son temps, s'est vu ensuite copieusement raillé par la pensée moderniste, jusqu'à tomber presque dans l'oubli. 

W. Bouguereau - La soif (1886)
Et - s'il y a beaucoup de choses chez Dali que je n'apprécie guère - il y en a une dont je lui suis reconnaissant : c'est d'avoir aidé, en l'opposant à Picasso qu'il n'aimait pas, à la redécouverte de ce grand artiste.
Pour voir l'ensemble de son oeuvre, c'est ICI.

samedi 6 juin 2009

Sebastiao Salgado - Amazonas (2009)
Une image et des mots. L'image, c'est une photo de la forêt amazonienne par Salgado, la Sierra Maraui au coeur du territoire Yanomami.
Les mots sont de Fénelon, extraits du Livre VII des Aventures de Télémaque, (1699).

 "Quand on leur parle des peuples qui ont l'art de faire des bâtiments superbes, des meubles d'or et d'argent, des étoffes ornées de broderies et de pierres précieuses, des parfums exquis, des mets délicieux, des instruments dont l'harmonie charme, ils répondent en ces termes :
"Ces peuples sont bien malheureux d'avoir employé tant de travail et d'industrie à se corrompre eux-mêmes ! Ce superflu amollit, enivre, tourmente ceux qui le possèdent : il tente ceux qui en sont privés de vouloir l'acquérir par l'injustice et par la violence. Peut-on nommer bien un superflu qui ne sert qu'à rendre les hommes mauvais ?"
DS1

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