In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 31 août 2008

M.N. - Soir au bord du lac
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre allemand Max Nonnenbruch (1857-1922), réputé pour ses paysages et ses scènes de genre. Né en Thuringe, il a étudié à l'Académie des Beaux-Arts de Munich, et ses premières oeuvres révèlent l'influence qu'ont eu sur son travail l'école de Munich et celle de Barbizon.

M.N. - Dunes sur la plage (1914)
Max Nonnenbruch a aussi été marqué par les maîtres hollandais du 17ème, en particulier pour leur travail sur la lumière et la couleur, et par ses voyages en Italie et en Espagne qui l'ont confronté à des styles et traditions artistiques différents. L'influence des peintres de la Renaissance, par exemple, se retrouve dans son sens aigu du classicisme et son souci de la composition formelle.

samedi 30 août 2008

F.W. - Self portrait, Providence, Rhode Island (1976)
Une image et des mots. L'image, c'est un des plus de cinq cents autoportraits de la photographe américaine Francesca Woodman, sur qui je reviendrai probablement.
Pour aller avec, j'ai pensé à ce célébrissime poème en prose de Baudelaire, Enivrez-vous. Après tout, c'est aussi ce à quoi voudrait modestement inviter ce blog.

Il faut être toujours ivre, tout est là ; c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.

Mais de quoi ? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise. Mais enivrez-vous !

Et si quelque fois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, vous vous réveillez, 'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge ; à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est. Et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront, il est l'heure de s'enivrer ; pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin, de poésie, ou de vertu, à votre guise.

dimanche 24 août 2008

H. Lebasque - La lectrice (1912)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre post-impressionniste Henri Lebasque (1867-1935), souvent associé au mouvement fauviste.
"La couleur est un langage en soi, capable d'exprimer des émotions et des sensations que les mots ne peuvent pas toujours transmettre."
Formé à l'École des Beaux-Arts de Paris, fasciné par les effets de la lumière méditerranéenne, il est réputé pour ses peintures lumineuses et colorées, ainsi que pour ses portraits, paysages, et scènes de la vie quotidienne. 

H.L. - Femme en robe blanche
Mais H. Lebasque a aussi été marqué par les courants artistiques japonais, notamment l'estampe, qui ont eu une grande influence sur l'art européen à la fin du XIXe siècle. Ses compositions et ses motifs, ainsi que son recours à des couleurs vives et à des formes simples, reflètent cette influence.
"Un tableau doit avant tout toucher l'âme du spectateur, susciter en lui une émotion, une réflexion, voire même une transformation intérieure".
EB1

ICI

dimanche 17 août 2008

L.F. - New York, bridge at night (1947)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Louis Faurer (1916-2001). Natif de Philadelphie, il commence sa carrière comme illustrateur de mode avant de se tourner vers la photographie dans les années 40. Son travail nous donne souvent à voir des clichés spontanés de citadins ordinaires, capturant la beauté et la tragédie de la vie urbaine. 
"I'm looking for something else in a photograph than just somebody walking across the street. I'm looking for a photograph that has emotional content".

L. Faurer - New York (1940s)
Au nombre de ses influences, on peut citer Eugène Atget, photographe des rues parisiennes au début du 20e siècle et à qui je pourrais consacrer tout un blog ; Walker Evans, dont il admirait le style documentaire et la capacité à saisir l'essence de la vie américaine pendant la Grande Dépression ; Henri Cartier-Bresson bien sûr et Saul Leiter dont il était l'ami ; mais aussi le peintre expressionniste abstrait Willem de Kooning pour son exploration des états émotionnels.
Bien qu'ayant été publié par divers magazines, comme Harper's Bazaar et Life, et inclus dans plusieurs expositions collectives au MoMA, sa notoriété est demeurée discrète sa vie durant et ce n'est que depuis peu que ses photographies commencent à être exposées dans des manifestations majeures autour du monde. Pour son compatriote Joel Meyerowitz, qui bien sûr sera présenté ici, les photos de Louis Faurer sont comme des tableaux de Hopper amenés à la vie. Son travail a une qualité cinématographique à la fois intime et universelle.

dimanche 10 août 2008

H.P. Wirth - Un jardin en fleurs (1904)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre post-impressionniste Henri Prosper Wirth (1869-1947). Il nait et passe toute sa vie à Paris, qui restera au coeur de son univers artistique, exception faite de quelques voyages en France et en Europe pour exposer son travail ou étudier celui d'autres artistes.
C'est là qu'il se forme, à l'École des Beaux-Arts, puis qu'à son tour il enseigne : à l'Académie Julian, à l'Académie de la Grande Chaumière, et à l'École des Beaux-Arts où il eut entre autres Suzanne Valadon comme élève.

H.P.W. - Entrée du port de Sauzon
(1935)
Si ses premiers travaux montrent clairement l'influence de l'Impressionnisme, en particulier dans son emploi de la couleur et de la lumière pour capturer l'essence d'une scène, Henri Wirth a aussi été inspiré par la fauvisme d'Henri Matisse et d'André Derain, comme on peut le voir sur cette Entrée du port de Sauzon, et admirait Cézanne pour le soin apporté à la structure et à la forme.
Henri Wirth, qui défendait l'idée que l'important était de saisir l'essence d'un sujet ou d'une scène plutôt que de s'efforcer à en donner une représentation fidèle, était réputé pour encourager ses étudiants à éprouver différents styles et techniques ; il était convaincu que l'expérimentation et l'innovation étaient essentiels pour produire des oeuvres d'art significatives.

dimanche 3 août 2008

H. Cartier-Bresson - À l'Immortelle (1959)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés d'Henri Cartier-Bresson (1908-2004), surnommé "l'oeil du siècle", fondateur en 1947 de l'agence autogérée Magnum avec Robert Capa, George Rodger, David Seymour, et William Vandivert.
Quand un sujet mériterait un blog entier à lui seul, il vaut mieux opter pour la concision...

H. Cartier-Bresson - Rue de Vaugirard
(1968)
Militant acharné de la lutte anti-fasciste, écologiste de la première heure aux côtés de René Dumont, humaniste convaincu, théoricien de "l'instant décisif"..., autant de formules auxquelles est bien loin de se réduire l'immense photographe qui disait "Tes 10.000 premières photos seront les pires".
"Il n'y a rien dans le monde qui n'ait son moment décisif, et le chef-d'oeuvre de la bonne conduite est de connaître et de prendre ce moment", disait le Cardinal de Retz (1613-1679).

samedi 2 août 2008

Rembrandt - Ronde de nuit (1642)
Une image et des mots.  Jankélévitch, dans sa Philosophie morale, parle de cette oeuvre de Rembrandt, dont le nom exact est La Compagnie de Frans Banning Cocq et Willem van Ruytenburch.
Ce tableau, oeuvre majeure de l'art baroque hollandais, est une commande du Kloveniersdoelen, siège des compagnies militaires formées par les citoyens d'Amsterdam. Elle est célèbre pour sa composition dynamique et complexe, ainsi que pour son utilisation magistrale de l'ombre et de la lumière ; Rembrandt crée ainsi un effet de profondeur et de clair-obscur qui attire l'oeil sur les personnages centraux.
J'associerai cette image avec un extrait d'un ouvrage d'un autre philosophe, Nietzsche, qui dans Naissance de la tragédie explore l'opposition entre les forces apolliniennes, qui représentent la clarté, la raison et la mesure, et les forces dionysiaques, qui sont celles de l'ombre, de la déraison et du chaos. Il y affirme que la tragédie grecque, née de l'interaction entre ces deux forces, est un reflet de la vie humaine elle-même, marquée par la confrontation de l'ombre et de la lumière.

"La tragédie grecque ne représente pas une lutte entre les vices et les vertus, mais entre les forces divines qui habitent la nature humaine elle-même. Elle révèle la vérité cachée de notre existence, qui est marquée par la dualité entre l'ordre et le chaos, la raison et l'instinct, l'ombre et la lumière. Cette vérité est insupportable pour l'esprit humain, qui cherche à tout prix à éviter le chaos et à maintenir l'ordre, mais elle est révélée de manière éclatante par la tragédie, qui montre que la vie ne peut être comprise qu'à travers la confrontation entre ces forces contradictoires."