In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
eiπ + 1 = 0

dimanche 24 novembre 2013

E. von Steinle - St Luc peignant la Vierge et l'enfant (1851)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'austro-allemand Eduard von Steinle (1810-1886), représentant du Mouvement nazaréen, qui souhaitait revitaliser l'art par les valeurs spirituelles et morales de la religion chrétienne.
E. von Steinle
La sibylle tiburtine

Les artistes appartenant à ce mouvement souhaitaient donner un nouvel élan à l'art chrétien en le ramenant à la simplicité, à la sincérité, et à la pureté religieuse de la fin du Moyen-Âge et de la Renaissance
À l'opposé de la théâtralité et de l'ornementation excessive des styles baroque et rococo, ils prônaient une esthétique plus humble et plus modeste qui privilégiait l'expression spirituelle plutôt que la virtuosité technique.
La première des deux oeuvres présentées ici a été achetée par le Prince Albert pour 323£, très précisément le 16 juin 1851, pour être offerte à la Reine Victoria pour son anniversaire le 24 mai de la même année.
La deuxième toile, intitulée La sibylle Tiburtine, représente la nymphe Albunéa, une des plus fameuses sibylles de la Rome antique pour ses dons de prophétie.

EE1
ICI

dimanche 17 novembre 2013

Antonio Palmerini - Bruckner on the radio (2012)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de l'italien Antonio Palmerini (b.1958), qui nous invite aux frontières rendues floues de la photographie, de la peinture et du dessin.
Ses images en noir et blanc, ou rehaussées de nuances sourdes, mettent souvent en scène des figures féminines floues, comme mouvantes, et presque spectrales. Grâce à des procédés comme la double exposition, la pose longue ou encore le développement à fort contraste, Palmerini brouille les repères.
Les silhouettes apparaissent comme saisies dans un miroir ancien ou derrière une vitre embuée, incomplètes et troublantes.
A.P. - Vivre sa vie (2012)

À mi-chemin entre photographie et peinture, son travail assume pleinement cette tension. Il le dit lui-même : « J’utilise la photographie pour montrer ce que je ne veux pas peindre, et la peinture pour évoquer ce que je ne peux pas photographier ». Et encore : « Pour moi, la photographie est le miroir de l’imagination. Je suis intéressé par les images qui représentent une situation. Je ne m’intéresse pas aux gens parce que je peux faire leur portrait ; je m’intéresse aux gens parce qu’ils existent. »
Cette approche donne à son œuvre une texture unique, presque tactile, comme une pellicule usée ou une surface griffée par le temps. Palmerini - qui signe parfois sous le nom d’Antonio Merini - poursuit aujourd’hui cette exploration des zones floues entre réel et imaginaire.
Son univers, à la fois délicat, inquiet et onirique, inspire autant les amateurs d’art que les créateurs de mode, séduits par cette esthétique patinée et hors du temps.
WL1

ICI

samedi 16 novembre 2013

W. O. - La Somme : par une belle journée (1917)
Une image et des mots. 
De l'anglais William Orpen (1878-1931), sur qui je reviendrai très prochainement, voici en ces jours de commémoration de l'Armistice de 1918, un tableau intitulé The Somme : on a clear day.  C'est, depuis les tranchées britanniques, une vue de La Boisselle, avec le front allemand et les cratères des mines.
Le site de La Boisselle est aujourd'hui un des lieux majeurs de mémoire et de recueillement de la Grande Guerre : c'est là qu'a débuté l'offensive de la bataille de la Somme, le 1er juillet 1916, avec l'explosion d'une mine britannique constituée de plus de 30 tonnes d'explosif. Un cratère d'environ 100 mètres pour 25 mètres de profondeur est toujours visible.
J'aime beaucoup ce tableau qui, quelques mois après la ténèbre absolue d'une guerre qui a fait des millions de blessés et de morts, donne à voir un paysage lumineux et apaisé, un monde pacifié où le bleu du ciel n'est plus assombri ou déchiré par la fumée et les éclairs des explosions, où le vert tendre des prairies n'est plus ravagé par la boue, la mutilation et la mort.
Cette vision, je la retrouve dans ces quelques lignes du philosophe et homme d'état anglais Francis Bacon (1561-1626), extraites de son singulier De la sagesse des Anciens (1609).

Dans les royaumes et les États, il arrive en effet qu'au bout d'un certain temps de prospérité, surviennent troubles, séditions et guerres ; dans leur vacarme, les lois se taisent les premières, les hommes retournent aux dépravations de leur nature, et la désolation s'étend alors sur les campagnes et les cités. [.....] Viennent alors des temps de barbarie, les eaux de l'Hélicon disparaissent sous terre, jusqu'à ce que, comme le veut la commune vicissitude des choses, lettres et philosophie, peut-être en d'autres lieux et auprès d'autres nations, jaillissent et se répandent à nouveau.

dimanche 10 novembre 2013

Ata Kandó - Venezuela (1965)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de la photographe néerlandaise d'origine hongroise Ata Kandó (b.1913), au parcours aussi romanesque que ses images. Formée au graphisme à Budapest, elle s’initie à la photographie auprès de Klára Wachter, Mariann Reismann et József Pécsi. Dans les années 1930, elle s’installe à Paris avec son mari, le peintre Gyula Kandó, mais la guerre les contraint à retourner en Hongrie. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle et son mari participent à la Résistance, cachant des Juifs et fournissant de faux papiers, ce qui leur vaudra plus tard, en 1998, la distinction de Juste parmi les Nations

A.K. - Self portrait (c.1935)

Après la guerre, elle retourne à Paris et travaille pour l’agence Magnum, où elle rencontre Robert Capa et Ed van der Elsken (voir septembre 2012) dont elle sera brièvement l'épouse après que le rideau de fer se soit abattu entre elle et son mari revenu en Hongrie.
Elle se spécialise alors dans la photographie de mode, tout en réalisant des séries plus personnelles, notamment avec ses enfants comme modèles. Son livre Droom in het woud (1957) mêle rêve et réalité dans une mise en scène poétique de l’enfance.
C'est à l'occasion d'un voyage à Caracas qu'elle découvre en 1961 l'Amazonie vénézuélienne où elle reviendra quatre ans plus tard pour y réaliser une série de portraits comme celui de cette jeune fille Yekuana, une ethnie du Haut-Orénoque géographiquement voisine des Yanomamis. « Peu importe où j’ai été dans le monde, j’ai toujours eu le sentiment que lorsque je ne prenais pas de photos, je perdais mon temps »
DY1
ICI

Anna Voitenko - Untitled Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de la photographe ukrainienne Anna Voitenko (b.1979)  Formée à la Kiev ...