In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 24 août 2025

Sasha Hartslief (2019)
Le vide-grenier du dimanche. Deux œuvres de la peintre sud-africaine Sasha Hartslief (b.1974). Autodidacte passionnée de dessin depuis l'enfance, elle s’est inspirée pour se former de maîtres classiques et impressionnistes comme John Singer Sargent ou Jean-Auguste-Dominique Ingres. Son travail, principalement figuratif, tourne autour de la lumière et de la vie domestique.

S.H. - The journey (2022)
Ses compositions, des scènes d’intérieur, sont tout imprégnées de sensibilité discrète : les personnages, souvent seuls ou plongés dans la contemplation, sont rendus avec une palette de couleurs douces et une maîtrise du clair-obscur héritée des grands maîtres du XVIIe siècle, qui confère à ses œuvres une belle atmosphère, subtile et intimiste.
À travers ses toiles, Hartslief propose sans emphase une exploration délicate de l'intimité humaine : la lumière met en relief les gestes, les postures, les objets... ; chaque détail devient un indice de vie et de présence. Sans chercher l’effet poétique, elle nous révèle la profondeur du quotidien et la singularité de l’expérience humaine.
CC1

ICI

samedi 23 août 2025

Tamas Andok - Untitled (2016)
Une image et des mots. « On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait. », écrit Nicolas Bouviers dans L'usage du monde (1963).
Pour accompagner ce cliché à l'iPhone du hongrois Tamas Andok (b.1988), quelques lignes de Joseph Conrad, extraites de Au coeur des ténèbres (1899).

« Je me trouvais au cœur de cette prodigieuse obscurité. J’avais pénétré jusque-là pour découvrir le secret du voyage, le sens de cette aventure qui m’avait appelé. Et ce que j’avais vu n’était point une énigme de la nature, ni un mystère de la terre, mais quelque chose d’enfoui dans les âmes humaines.
J’avais vu le masque de la civilisation tomber, et derrière lui, la folie nue, la vérité d’un cœur sans retenue, livré à lui-même. Le voyage ne m’avait pas mené au bout du monde : il m’avait ramené au centre des ténèbres — là où elles commençaient, en nous
. »

dimanche 17 août 2025

K. P-Vodkine - Nature morte (1928)
Le vide-grenier du dimanche. Deux œuvres du peintre russe Kouzma Petrov-Vodkine (1878–1939), figure singulière de l’art du début du XXᵉ siècle, à la croisée du symbolisme, du réalisme et des avant-gardes.
Formé à Saint-Pétersbourg puis à Paris, il développe très tôt un style immédiatement reconnaissable : compositions d’une grande clarté, couleurs franches, et cette fameuse perspective sphérique qui donne à l’espace une profondeur inhabituelle, presque cosmique.
Ses sujets restent simples - scènes domestiques, maternités, chevaux, portraits, natures mortes - mais tout y est traversé par une lumière calme, presque méditative. On y sent à la fois l’influence des icônes et celle d’une modernité naissante.

K.P-V. - La Vierge de compassion
Petrov-Vodkine, qui avait aussi étudié la théologie et la philosophie, cherchait à unir la peinture à une réflexion spirituelle : derrière ses couleurs pures et ses formes simples, il y a toujours une quête d’harmonie, une tentative d’ordre dans un monde en mutation.
J'aime surtout ses natures mortes, mais d'une façon générale ce qui me plaît dans sa peinture c’est cette alliance rare entre ferveur et retenue, entre spiritualité et quotidien - un art où tout semble à la fois ancré dans le réel et ouvert sur un espace plus vaste, presque intérieur.

dimanche 10 août 2025

R. Maltête - Au Pêcheur acharné
Le vide-grenier du dimanche. Deux nouveaux clichés du photographe français René Maltête (1930–2000), déjà présenté ici en novembre 2021. Deux images irrévérencieuses qui illustrent tout l’humour du photographe et montrent à quel point Maltête savait capter l’incongru, drôle ou poétique, dans le quotidien.
R.M. - Les 7 péchés capitaux

« Rien n’est plus nécessaire que l’humour, car il nous évite de souffrir des choses, face à notre impuissance individuelle à les modifier. »
Ces mots révèlent toute sa philosophie : l'humour comme outil de résistance, de prise de recul et de réflexion sur le monde. Ses images, tout en étant légères et souvent drôles, invitent le spectateur à poser un regard neuf sur le quotidien, à y déceler l’étrange et le poétique, tout en le poussant à questionner les conventions et les codes de notre société.

dimanche 3 août 2025

L.K. - Life in the suburbs (2019)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre américain Leonard Kocianski (b.1952). Né à Cleveland, dans l'Ohio, il a étudié au Cleveland Institute of Art pour son Bachelor et à l’Université de Californie à Davis pour son Master, où il a été influencé par Wayne Thiebaud et la pensée structurelle de R. Buckminster Fuller.
Son travail se caractérise par une vision à la fois étrange et familière : des maisons de banlieue, des scènes nocturnes ou suburbaines, des personnages isolés ou en retrait, où les contrastes entre l'ombre et la lumière révèlent la solitude et la tension latente dans des environnements apparemment banals. 
L.K. - Night lights

Ce qui frappe, c’est cette tension presque surréaliste que l'on ressent, qui transforme le familier en un espace de réflexion et d’étrangeté.
Comme une dissonance qui s’installe sans qu’on sache vraiment à quoi l’attribuer. Elle tient sans doute aux oppositions lumineuses - ces intérieurs trop éclairés face aux zones de pénombre - mais pas seulement. Il y a aussi la manière dont les personnages semblent séparés, même lorsqu’ils partagent le même espace. Chacun paraît absorbé dans son propre silence, comme si la proximité rendait plus visible encore la distance. Dans ses toiles, Koscianski transforme ainsi la banalité du quotidien en une scène de trouble discret : le familier devient énigmatique, et la lumière, au lieu de rassurer, révèle ce qui sépare.

Phil Greenwood - Leaf fall (1979) Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du graveur et aquafortiste gallois Philip Greenwood (b.1943). I...