In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 8 juin 2025

Joel Sternfeld - McLean, Virginia (1978)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe Joel Sternfeld, évoqué en juillet 2023 dans la publication consacrée à Niall McDiarmid.

J.S. - Potato harvest
Aroostook County
(1982)

samedi 7 juin 2025

Ménologe de Basile II
Une image et des mots. On connaît la formule de Simonide : « La peinture est une poésie muette ». Mais ce n’est pas pour autant que toutes les oeuvres peintes exsudent le silence au point de le rendre presque tangible, comme chez Hopper ou chez Vermeer.
Ce n’est pas le cas par exemple (ni sans doute l'intention) de cette image issue du Ménologe de Basile II - un célébrissime synaxaire byzantin du Xe siècle conservé au Vatican - qui représente Saint Jean le Silenciaire, et où il nous semble entendre autour de celui qui a fait vœu de se taire tous les bruits de la nature et la clameur des éléments.
Les mots qui suivent et que j'ai choisis pour accompagner cette image sont de Maurice Maeterlinck, extraits du "Trésor des humbles" (1896). « Il est des individus qui n’ont pas de silence, et qui tuent le silence autour d’eux, et ce sont les seuls êtres qui passent vraiment inaperçus » car « nous ne pouvons nous faire une idée exacte de celui qui ne s’est jamais tu.
On dirait que son âme n’a pas eu de visage ». Et Thoreau quant à lui écrivait dans son journal, en janvier 1841 : "Je suppose que nous n'avons pas besoin d'inspiration pour parler, mais juste pour rester silencieux".

dimanche 1 juin 2025

Sebastião Salgado - Amazonas

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de Sebastião Salgado (1944–2025), qui vient de nous quitter.
Trois publications lui avaient déjà été consacrées sur ce blog (en juin 2009, août 2013 et juillet 2016), mais je ne pouvais pas ne pas lui en consacrer une nouvelle ; d’autant que les deux premières étaient des IM, et que la dernière ne le présentait pas vraiment.

S.S. - Amazonas, palo de agua




Salgado, qui aimait à dire que « chaque image est le fruit d’une rencontre, d’un respect », est un photographe important pour moi. Pour la beauté de ses images, bien sûr. Pour ses qualités humaines, aussi. Mais surtout parce qu’il a consacré une part essentielle de son travail à une région qui m’est chère : celle que je montre ici.
D’abord formé à l’économie, à l’université de São Paulo puis à la Sorbonne, il se tourne vers la photographie au début des années 1970. Il commence comme photojournaliste chez Sygma, Gamma, puis Magnum, avant de développer de grands projets documentaires qui imposent une écriture immédiatement identifiable : noir et blanc profond, composition rigoureuse, lumière sculpturale ; au point que certains ont pu lui reprocher une esthétique trop « belle » pour les réalités qu’elle montre. Lui revendiquait une photographie engagée, tournée vers la dignité. Workers (1993), Exodes (2000), puis Genesis (2013) sont devenus des repères majeurs du documentaire contemporain. C’est par ce dernier que je me suis, tardivement, vraiment intéressé à son travail, à travers le magnifique ouvrage qui m’a été offert lors de sa publication.

dimanche 25 mai 2025

Kiyoshi Saitō - Party (1963)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres, des estampes, de Kiyoshi Saitō (1907–1997), figure majeure du mouvement sōsaku hanga, un courant japonais du XXe siècle qui prônait une approche intégrale où l'artiste conçoit, grave et imprime lui-même ses œuvres. Autodidacte, Saitō développe un style sobre, épuré. Ses premières gravures semblent presque sculptées dans le bois : un réalisme en relief, discret, où l’on sent encore le froid des ruelles d’Aizu, sa région natale. C’est avec la série Hiver à Aizu, commencée en 1938, qu’il connaît ses premiers succès : maisons enneigées, silhouettes emmitouflées, lumière mate, sans effets ni fioritures.  

K.S. - Sato Horyu-Ji Nara (1962)

Puis, son style s’épure encore, se géométrise, et entre peu à peu dans une fusion très personnelle entre tradition japonaise et modernité occidentale.
Il disait que ses maîtres s’appelaient Gauguin, Matisse, Picasso, et ça se voit : les formes se simplifient, les volumes se perdent dans l’aplat, et les architectures comme les feuillages deviennent des motifs plus que des objets. Saitō intègre aussi les veinures du bois comme partie prenante de la composition : on appelle mokume-zuri ces impressions où la matière même du support entre dans l’image. « Je travaille à créer une peinture sans pinceau, en utilisant uniquement la surface plane de la plaque », disait-il.

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C.Ebbets - Lunch atop a skyscraper (1932) Une image et des mots. Pour aller avec ce cliché célébrissime, attribué à Charles Ebbets, voici q...