In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 23 mars 2025

Roger Shall - Le Normandie (1935)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe français Roger Schall (1904-1995), déjà présenté le 11 mai 2008 avec Le balayeur de la rue Visconti et Le marché au timbres de l'avenue Matignon.
Voici donc deux nouvelles images, prises la même année et que je n’ai pu m’empêcher de rapprocher : d’un côté, le Normandie, paquebot emblématique de l’entre-deux-guerres, dont Schall photographia le voyage inaugural aux côtés de Blaise Cendrars (voir ma première publication) ; de l’autre, une vue du Normandy, restaurant parisien désormais disparu.

R.S. - Le Normandy (1935)
Deux lieux de passage, deux mises en scène du luxe à la française - flottant pour l’un, bien ancré rive droite pour l’autre -, mais aussi deux façons de raconter une époque par ses façades, ses volumes, ses reflets. Deux lieux très différents, mais une même manière de faire apparaître ce qui se joue derrière les apparences. Ce que j’apprécie chez Roger Schall, c’est cette capacité à capter l’élégance sans la figer, à suggérer une présence humaine même là où elle semble absente. Son œil de photographe de mode laisse parfois entrevoir, à la marge, un témoin discret, attentif aux traces et aux indices que les lieux laissent derrière eux.
AC1

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dimanche 16 mars 2025

R. Rowland - Night shift (1984)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'artiste britannique Rob Rowland (b.1939), dont le travail plonge ses racines dans le patrimoine industriel et paysager du Royaume-Uni.
Né et élevé dans les Midlands, il grandit dans un décor de rues pavées, de réverbères à gaz, de canaux et de viaducs ferroviaires — un univers qui nourrira durablement son imaginaire.
Très tôt attiré par les arts visuels, il explore divers métiers : effets spéciaux, affiches de cinéma, art commercial. Après un passage dans un atelier de restauration, il étudie au Gloucestershire College of Arts & Technology, puis devient graphiste indépendant avant de rejoindre le département artistique d’une brasserie nationale, où il conçoit des enseignes traditionnelles de pubs.

R.R. - Stanier and Issigonis
C’est en 1985, à l’occasion du 150ᵉ anniversaire du Great Western Railway, que naît sa fascination pour la représentation du monde ferroviaire et, plus largement, pour le patrimoine industriel britannique. À partir de 1991, il se consacre entièrement à sa carrière d’artiste. Son œuvre s’élargit alors aux paysages marins et aux scènes de la vie quotidienne, sous l’influence d’artistes victoriens et post-impressionnistes tels que John Singer Sargent, Lamorna Birch ou Stanhope Forbes, figures majeures de l’école de Newlyn.

dimanche 9 mars 2025

A.M. - Vieux coeur de frêne
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe français Albert Monier (1915-1998), l’un de ces artistes dont l’œuvre a profondément marqué son époque sans obtenir la reconnaissance qu’elle méritait.
Né dans une famille modeste, il grandit entre l’Auvergne et la Normandie, où ses parents s’installent après la Grande Guerre. Rien ne le prédestinait à la photographie, qu’il découvre enfant au contact de ses cousins agriculteurs.
À dix ans, il observe déjà le monde avec curiosité ; il s’essaie à l’aquarelle, puis, à dix-huit ans, acquiert ses premiers appareils et commence à photographier son Auvergne natale – la rudesse des terres, la dignité des visages.
Il n'y avait pas besoin de moi pour montrer les gens importants. J'ai fait le contraire, je me suis fait grandir avec des gens humbles.
A.M. - Prolongement

Après la guerre, Monier part au Maroc, où il perfectionne son art entre 1948 et 1950 : il y capte la vie quotidienne et les traditions locales avec une sensibilité à la fois documentaire et poétique. De retour en France, il s’installe à Paris et photographie les quais de Seine, les ruelles, les figures anonymes, en cherchant toujours à révéler l’âme cachée des lieux et des gens, dans une capitale à la fois vivante et mélancolique.
Mais Albert Monier comprend que la photographie peut être un art à la fois intime et universel. Pour la partager, il choisit un médium inattendu : la carte postale. Ce geste, révolutionnaire à sa manière, rend son œuvre accessible à tous. Ses images, aux compositions soignées et aux titres poétiques, tranchent avec les clichés touristiques de l’époque. Plus de 80 millions de cartes postales seront diffusées à travers le monde – un succès populaire immense.
Et pourtant, malgré ce succès planétaire, Albert Monier ne connaîtra jamais la reconnaissance du monde de la photographie ; lorsqu'il s’éteint en 1998, c'est dans une relative indifférence.
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samedi 8 mars 2025

Suffragette-defaced penny (1913-14)
Une image et des mots. À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, voici un symbole méconnu de la lutte suffragiste : le Suffragette-defaced penny (ou penny altéré par les suffragettes). Il s'agit d'une pièce de monnaie britannique du début du XXe siècle, modifiée par des militantes de ce mouvement d'émancipation pour promouvoir leur cause.
Elles gravaient ou estampillaient des slogans comme celui-ci sur des pennies en cuivre, transformant ainsi un objet du quotidien en un outil de propagande politique.
Cette pratique visait à contourner la censure et à diffuser leur message de manière discrète mais efficace, puisque ces pièces continuaient à circuler dans la population. C’était un acte de protestation symbolique, qui exprimait la détermination des suffragettes à obtenir le droit de vote malgré la répression gouvernementale.
Et pour aller avec, j'ai choisi quelques vers du chant de ralliement de Winifred Banks, dans le merveilleux film de Robert Stevenson pour les studios Disney : le chef-d'oeuvre Mary Poppins.

"Well done, Sister Suffragette!"
From Kensington to Billingsgate
One hears the restless cries!
From ev'ry corner of the land:
"Womankind, arise!"
Political equality and equal rights with men!
Take heart! For Missus Pankhurst has been clapped in irons again!
No more the meek and mild subservients we!
We're fighting for our rights, militantly!
Never you fear!
So, cast off the shackles of yesterday!
Shoulder to shoulder into the fray!
Our daughters' daughters will adore us
And they'll sing in grateful chorus
"Well done! Well done!
Well done Sister Suffragette!"

Albert Rieger - Clair de lune Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et photographe autrichien Albert Rieger (1834-1905), form...