In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 10 juillet 2022

Adam Ciemniewski - Moisson (nd)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre polonais Adam Ciemniewski (1866-1915). Il étudie la peinture et le dessin auprès de Wojciech Gerson - qui fera l’objet d’une prochaine publication - avant de s’installer à Munich en 1890. Cinq ans plus tard, il revient en Pologne, où il passera le reste de sa vie.
A.C. - Retour des champs (1895)

Salué pour sa maîtrise de la lumière latérale, Ciemniewski s’est surtout attaché à représenter des scènes religieuses et de la vie rurale, avec un regard empreint de calme et d’intériorité. Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là, simple et tranquille, écrit Verlaine.

EC4

ICI

dimanche 3 juillet 2022

Skander Khlif - Flatiron

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe d'origine tunisienne Skander Khlif (b.1983). Né à Tunis, il découvre la photographie à l’occasion d’un projet scolaire, et prend conscience dès l’enfance de la capacité du médium à révéler la beauté dans le quotidien. Pourtant, il met cette passion entre parenthèses pour suivre des études d’ingénieur en haute technologie à Nuremberg, avant de revenir pleinement à la photographie. Aujourd’hui basé à Munich, il considère les espaces publics comme des scènes de théâtre où chaque passant joue son rôle, parfois drôle, parfois émouvant, toujours unique. Amoureux des clichés volés, il guette la lumière, les formes, les couleurs, et capture des moments qui racontent de petites histoires tout en conservant un mystère.
S. Khlif - Arts et Métiers

C'est tout à fait par hasard qu'il y a quelques mois j'ai découvert sa page Facebook, ICI. Skander Khlif est fasciné par les relations entre les gens et leur environnement, par la manière dont la vie urbaine s’organise autour de ces interactions et par la résilience humaine, qu’il associe à l’idée de Gaïa : tout est relié, et même lorsqu’un élément disparaît, il y a continuité. Ses photographies, discrètes mais sensibles, qui donnent à voir New York, Paris ou Munich comme autant de terrains de rencontres, d’intimité et de mouvement, témoignent de cette vision.
Et voici - à la confluence de la photo de rue, de la photo d'art, et de la photo documentaire -, mon choix pour aujourd'hui : une passante devant l'emblématique immeuble newyorkais, au carrefour de Broadway et de la 5ème avenue, et une jeune fille sur le quai du métro à la station parisienne Arts et Métiers. La femme, disait Baudrillard, s'est toujours réservé la part captivante de la séduction...

samedi 2 juillet 2022

Yue Minjun - Untitled

Une image et des mots. Un tableau du chinois Yue Minjun, déjà présenté ici le 18 février 2017.
Pour l'accompagner, voici quelques lignes de l'essayiste et activiste indienne Arundhati Roy, auteur également de romans comme Le Ministère du bonheur suprême et Le Dieu des petits riens.

Notre stratégie devrait être non seulement de combattre l'empire, mais aussi de l'assiéger. De le priver d'oxygène. De lui faire honte. De le moquer. Avec notre art, notre musique, notre littérature, notre entêtement, notre joie, notre intelligence, notre totale détermination - et notre capacité à raconter nos propres histoires. Des histoires qui sont différentes de celles que l'on veut nous faire croire.

dimanche 26 juin 2022

D. Weiner - Boy with flag (1948)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Dan Wiener (1919-1959), époux de Sandra Weiner présentée ici en août 2011.
Après ses études secondaires, Wiener suit de 1937 à 1940 des cours de peinture à la Art Students League puis au Pratt Institute. C’est au cours de cette période qu’il commence, pour son plaisir, à photographier New York. Pendant deux ans, il est l’assistant de Valentino Sarra, photographe commercial reconnu, avant de décider de consacrer sa vie à la photographie. Il rejoint alors la Photo League, association de photographes new-yorkais active de 1936 à 1951, dont l’ambition était de faire de la photographie un vecteur de changement social. Là, aux côtés de figures comme Dorothea Lange, Aaron Siskind, W. Eugene Smith ou Paul Strand, il découvre l’histoire de la photographie documentaire à travers le travail de Lewis Hine et Jacob Riis.

D.W. - Decatur, Illinois (1953)
Pour Wiener, l’appareil photographique n’est pas un simple outil : Il a la capacité d'extraire des éléments significatifs des complexités de la vie quotidienne. 
La capacité à rendre cohérent, à simplifier à partir de la masse de détails. Je recherche l'intelligibilité car la photographie comme communication est pour moi sa vocation la plus noble. L'art de photographier les relations humaines n'est pas nouveau mais plutôt un héritage de Lewis Hine et de la Farm Security Administration. Le thème de l'humanisme a plus de vitalité que jamais, même s'il est aujourd'hui malmené. La photographie combine ces éléments de spontanéité et d'immédiateté qui disent "ceci est en train de se produire, ceci est réel", elle crée par une curieuse alchimie une image qui va vivre et grandir et prendre plus de sens dans une perspective historique.
Ses photographies témoignent de cette approche : elles saisissent avec une grande sensibilité les moments de vie et les relations humaines, avec la spontanéité et la profondeur qui font le sel de la photographie documentaire américaine de l’époque.

samedi 25 juin 2022

Agnolo Bronzino
Une image et des mots. Une heure de lecture est le souverain remède contre les dégoûts de la vie disait Montesquieu.
Peut-on transformer un lieu en y lisant ?
Pour aller avec ce détail du Jeune homme au livre, du peintre maniériste italien Agnolo Bronzino (1503-1572), voici quelques lignes d'Alberto Manguel, extraites de son Histoire de la lecture (1996)

Moi aussi je lis au lit. Dans la longue succession des lits où j'ai passé les nuits de mon enfance, dans des chambres d'hôtel inconnues où les phares des voitures balayaient en passant le plafond de lumières étranges, dans des maisons dont les odeurs et les bruits ne m'étaient pas familiers [...], ce qui se passait se passait dans le livre, et c'était moi qui racontais l'histoire. La vie se déroulait parce que je tournais les pages. Je ne crois pas pouvoir me rappeler joie plus grande, plus complète, que celle d'arriver aux dernières pages et de poser le livre, afin que la fin ne se produise pas avant le lendemain, et de me renfoncer sur l'oreiller avec le sentiment d'avoir bel et bien arrêté le temps.
HE2

ICI

Bill Anton - So it begins Une image et des mots. L'illustration est de Bill Anton (b.1957), un peintre américain spécialisé dans la repr...